dimanche 17 février 2008

C'est sympa... mais ça suffit pas

Après une interruption plus ou moins volontaire des programmes (beaucoup de boulot, pas trop de temps pour le reste. Enfin... surtout pour ce blog, il faut l'avouer), voici une nouvelle chronique. Cette fois, il ne sera pas question d'une, ni de deux et encore moins de trois mais bien de quatre séries évoquées dans ce post.

Une volonté de combler le temps perdu ? Pas tout à fait, disons plutôt que les quatre séries choisies aujourd'hui, bien qu'évoluant dans des univers plus ou moins différents se ressemblent dans leurs travers.

Au programme cette semaine donc (oui, je fais mon Dahan, c'est vrai) : Dr Vegas de Jack Orman, Conviction de Rick Eid, Walon Green et Dick Wolf, Saved de David Mansion et The Black Donnellys de Paul Haggis et Bobby Moresco.

Sur le gril

Quatre séries qui n'ont duré qu'une poignée d'épisodes, diffusées entre 2004 et 2007 outre-Atlantique et qui agrémentent (ou agrémentait) la grille de soirées de quatre chaînes du câble français : Série Club (Si, si : des fois, on peut encore la regarder), TV Breizh, Jimmy et Virgin 17.

La première bénéficie sans doute du casting le plus bankable (Rob Lowe, Joe Pantoliano, Sarah Lancaster et Tom Sizemore, avec des apparitions de Chazz Palmintieri, Nina Garbiras et Amy Adams). Elle raconte l'histoire d'un médecin dans un casino de Vegas, accro au jeu, et de son meilleur ami, patron de l'établissement où l'on croise toutes sortes de clients originaux ou marginaux.

La deuxième est labellisée Dick Wolf mais pour une fois, le producteur de L&O sort de son terrain de prédilection. A peine remis de l'échec de Law & Order : trial by jury, Wolf propose cette fois le quotidien du bureau du procureur de New York dans une ambiance beaucoup plus proche de La loi de Los Angeles que de New York District.

La troisième suit les pérégrinations d'un ambulancier (interprêté par le toujours solide Tom Everett Scott) qui a des problèmes relationnels avec son père et est... accro au jeu. Il partage son ambulance avec un homme qui essaie de récupérer le temps perdu avec son jeune fils, un enfant naturel qu'il n'a pas reconnu dans un premier temps.

La dernière évoque la vie de quatre frères de Hell's Kitchen, quatre irlandais de New York dont on découvre l'ascension dans le milieu du crime organisé.

Urgent : télespectateur cherche originalité

En cherchant bien, chacune d'elle possède des atouts : casting pour la première, on l'a dit, mais aussi pour la deuxième, bande originale soignée pour la troisième (surtout le pilote) et petites trouvailles originales pour la quatrième (un narrateur un peu fourbe, puisqu'il s'agit d'un con man qui raconte retrospectivement l'ascension des Donnelly).

Et pourtant... pourtant, la sauce ne prend pas. Dans aucun des cas. Un comble quand on sait que Dr Vegas est la première série de Jack Orman après son fructueux passage chez Urgences, et que Paul Haggis dit avoir commencé à travailler sur The Black Donnellys au moment même où il lançait son chef d'oeuvre, EZ Streets. Une vraie deception quand on se dit que Walon Green, qui aura travaillé sur toutes les productions majeurs des années 80 et 90 (Hill Street Blues, Law & Order, Urgences, NYPD Blue) est incapable de proposer une série surprenante, alors qu'il est pourtant aidé par Rick Eid qui a bossé sur la méconnue mais très bonne série The Guardian.

Le vrai problème ? Dans les quatre cas, il vient de l'incapacité des show runners de ces créations à proposer un univers original, audacieux. A jouer sur les attentes des spectateurs en transcendant ces genres très prisés que sont les séries médicales et judiciaires. Conviction se contente de reprendre des recettes vues et revues, non sans commettre de belles bourdes (Franchement, demander à Stephanie March de rejouer le personnage d'Alexandra Cabot de L& O : SVU pour se faire prendre sur un coin de table par Anson Mount, quand on connaît le parcours du personnage, ça fait tache...). Dr Vegas, de son côté, n'apporte rien non plus, si on excepte des plans sur les jambes sublimes de Sarah Lancaster.

Très urgent : télespectateur cherche personnages enthousiasmants

Surtout, et c'est principalement là que le bat blesse, la psychologie des personnages est très insuffisamment fouillée, ou en tout cas développée. La seule façon aujourd'hui de revisiter un genre bien connu du public, c'est de proposer des personnages dont la complexité, l'humanité s'exprime de façon différente. Il s'agit alors de présenter des hommes et des femmes en proie à des dilemmes crédibles et abordés sous un angle neuf.

Après tout, pourquoi House fonctionne 15 ans après Urgences ? Parce que David Shore a proposé un nouveau type de personnage en blouse blanche.

Je ne suis pas en train de dire qu'il faut des House dans toutes les séries, mais il est clair que si les networks veulent limiter l'érosion de leur audience (les séries en questions étaient diffusées sur NBC, CBS et TNT, chaîne du câble très proche du network classique), c'est par là qu'ils doivent commencer. On peut appeler ça un retour aux fondamentaux du récit. C'est ce qui aurait pu permettre à une série comme The Black Donnellys, pas trop mal faite, de vraiment emporter l'adhésion du public.

Le voeu de la vérité

Alors que la grève des scénaristes s'achève, il est à souhaiter qu'auteurs et décideurs de chaînes travaillent dans cette logique. Que les personnages que l'on nous présente soient plus vrais, plus complexes. Qu'on les trouve attachants ou agaçants, il faut surtout qu'ils nous fassent réagir. C'est un peu un voeu pieux, difficilement réalisable mais sait-on jamais...

Bon, et sinon, qu'est-ce qui doit débarquer bientôt sur les networks ? Un remake de K2000... mmm...

Je vous laisse : je dois aller chercher un sac en papier pour hyperventiler un peu.

Bien à vous,
Benny