vendredi 23 septembre 2011

"The Pacific", la tête à l'enfer (en moins bien que "Band of Brothers"?)

1942/1945: la Deuxième Guerre mondiale vue sur le front du Pacifique. Là où troupes américaines et japonaises se livrent une série de batailles sanglantes. De Guadalcanal à Okinawa, en passant par Pavuvu ou Iwo Jima, le corps des Marines des Etats-Unis est sur tous les fronts. Sous le casque du combattant, plusieurs visages regardent la guerre droit dans  les yeux. Parmi eux, il y a John Basilone, Robert Leckie et Eugene Sledge, qui vont voir ce qu'il y a de meilleur et surtout ce qu'il y a de pire chez l'homme pendant cette campagne...

Hanks et Spielberg repartent en guerre
Authentique événement de l'année 2010, The Pacific était attendu avec impatience par un très large public. Il faut dire que Band of Brothers, la précédente production TV du tandem Steven Spielberg/Tom Hanks sur un thème analogue, a marqué beaucoup de monde au début de la décennie. Explorant le volet européen de la Deuxième Guerre mondiale, l'adaptation du livre de Stephen Ambrose avait su emporter l'adhésion avec un récit porté par tout un lot de figures iconiques et dont l'intensité narrative allait croissant. Dans cette épopée en dix parties, des plages de Normandie à Carentan, de Bastogne à Foix, les images fortes se succédaient à mesure que l'on apprenait à mieux connaître les frères d'armes de la Easy Company. Et ça fonctionnait vraiment très bien.

It's (not) so Easy...
The Pacific très attendue, donc... mais The Pacific plusieurs fois critiquée au final. En cause (pour certains): une narration un peu trop didactique, surtout dans les premiers épisodes. La raison numéro 1: les parcours des trois principaux protagonistes, s'ils sont liés par la force des choses historiques, ne se croisent presque jamais. Si Leckie et Basilone participent à la bataille de Guadalcanal, ils le font dans deux compagnies distinctes. Et quand Sledge rejoint le front, Basilone est revenu au pays. C'est peut être ce côté "collage de destins" pas toujours très adroit (la série s'inspire de deux livres distincts) qui peut expliquer les réserves d'une partie de l'audience. C'est en tout cas principalement à cause de cela que  l'on ne retrouve pas la montée en puissance du récit de Band of Brothers.

La tête dans les tranchées
Mais il faut savoir aller plus loin. Si les deux séries ont deux identités bien différentes, The Pacific aborde aussi la Deuxième Guerre mondiale avec ses propres armes. La plus grosse? Une approche sans doute plus fine de l'aspect psychologique du conflit. Plus dure aussi. Si la série compte elle aussi ses personnages faisant office de figures de proue (expression décidément très utilisée sur ce blog...), au premier rang desquels on retrouve le sergent John Basilone, la dimension mentale des affrontements, son poids sur les âmes, n'est jamais escamotée.

La bataille pour l'Après
La guerre broie. Elle marque et souvent, elle brise les hommes. Et c'est ce que raconte d'abord The Pacific. Cette question, si elle n'était pas vraiment éludée par Band of Brothers, n'etait cependant pas au cœur du récit. Ici, c'est le cas. Sombre, souvent âpre, celle que France 2 a (assez justement) rebaptisé Band of Brothers: L'enfer du Pacifique n'est cependant complètement désespérée. Il y a une vie après les tranchées. C'est ce qui vous fait tenir quand vous êtes embourbés là-dedans et c'est (aussi) ce pour quoi il faut encore et toujours se battre quand les armes sont déposées. Un combat lui aussi long et difficile mais pas une mission impossible. Et c'est ça que le show raconte avec le plus d'acuité, avec le plus de force.

 Deux séries complémentaires
Alors, et pour répondre à la question initiale, peut-on dire que The Pacific est une déception en comparaison à sa devancière? Pour moi, la réponse est non. Clairement. Elle est surtout vraiment différente, avec une narration peut-être un peu moins achevée mais porteuse d'une force psychologique plus grande, laquelle colle avec force à des images de combat  souvent dantesques. En définitive, assez souvent, c'est un peu comme si ces deux séries soeurs se répondaient l'une à l'autre. Pour offrir un tout de haute qualité.

Bien à vous,
Benny

2 commentaires:

AJF a dit…

Bon retour sur la toile.
Très bonne critique. Depuis que j'ai vu The Pacific, j'ai revu Band of Brothers, et je dois dire que je préfère nettement la seconde série. Sans dire que The Pacific est nulle, j'ai eu plus de mal à y adhérer.
J'aurais voulu faire une critique comparée, mais je n'ai pas réussi à dépasser les premières phrases.
Donc encore une fois bravo, la critique est très juste.

Benny a dit…

@ AJF

C'est bon, quand on rentre chez soi, de retrouver les "siens". Merci pour ton mot ;-)