jeudi 20 septembre 2012

L'album de septembre : "Head Down" (Rival Sons)

Amis des guitares qui jouent la carte du rock mâtiné d'un esprit blues, voilà de quoi ravir vos petites oreilles en quête de nouveaux riffs.

Cette dernière semaine estivale est effectivement marquée par le retour des excellents Rival Sons, auxquels ce blog avait déjà rendu hommage en juin dernier.

Après Before The Fire et Pressure and Time, le groupe californien conduit par le très bon Jay Buchanan revient avec 13 titres porte bonheur et un goût intact pour les mélodies soignées et pleines d'énergie.

Si certains regretteront peut-être que les Rival Sons ne s'affranchissent toujours pas vraiment de leurs illustres références, les autres apprécieront Head Down pour ce qu'il est : un pur album rock, cohérent et sans vraie faiblesse.

Est-ce qu'il manque un titre absolu, capable de mettre tout le monde d'accord (Un peu comme Sacred Tongue ou Torture, jolies créations du passé) ? C'est possible. Mais alors il faut aussi reconnaître que cette nouvelle virée rock/blues/psyché est aussi une des plus chouettes entendues cette année. Parce que Buchanan a une voix puissante et que l'on ne s'ennuie jamais d'une plage à l'autre.



De l'intro dynamique offerte par le duo Keep On Swinging / Wild Animal aux instants plus posés mais pas moins évocateurs offerts par Jordan, sans oublier le titre en deux parties Manifest Destiny (Part 1. & 2), on a ici un vrai bon projet à l'ancienne. Bien conçu et bien exécuté. Je ne peux donc que vous conseiller d'y mettre une oreille (par exemple, par ici : ça devrait être valide quelques temps).

Bien à vous,
Benny

dimanche 16 septembre 2012

"The Shield" (saison 7) : Flamboyant final à LA

Pendant mon court séjour estival à BennyCity, je savais que j'y retournerais une dernière fois. Farmington, le Barn, la Cité où il n'y a pas vraiment d'anges. J'espérais bien ne pas être déçu. J'étais plutôt confiant.

La vérité, c'est que c'était bien mieux que ça. C'était carrément monstrueux. Dantesque et très maîtrisé.

Question de timing

C'est la première fois, pour tout dire, que je vois une série s'achever sur sa meilleure saison. Un luxe rare, quand bien même The Shield, du haut de ses sept saisons, ne compte "que" 88 épisodes.

Le constat est pourtant évident : la série se termine sur 13 épisodes qui jouent parfaitement avec la notion de temps. Un mot qui s'écrit pareil au pluriel comme au singulier... et il semble que les scénaristes aient pris un malin plaisir à jouer tout du long avec cette ambiguité.

Si, dans The Shield, on est habitué à suivre des aventures sans temps mort, force est de constater que pour la septième saison, la production a encore appuyé sur le champignon. Dès le prologue du season premiere, qui s'inscrit dans la suite directe du finale de la saison 6, Shawn Ryan et son équipe donne le ton : on arrive dans le dernier tour de piste et maintenant, ça va sprinter.

Ce que la série va faire avec une maestria peu commune.

Quand la série joue 
avec sa propre histoire

Voir Vic et sa bande courir de tous côtés pour ne pas que s'effondre tout ce qu'ils ont essayé de construire (ou tout ce qu'ils n'ont pas encore détruit eux-mêmes), c'est quelque chose auquel on était habitué. On pourrait se dire que la ficelle a déjà beaucoup servi, c'est déjà arrivé au fil des précédentes saisons. Mais pas cette fois.

Dans cette ultime saison, les épisodes s'égrènent, Vic et Ronnie essaient de maîtriser les événements, Shane aussi, et plus le temps passe, plus cela se complique... et plus ça passe. Je veux dire : ça passe vraiment, la vitesse ne nuit pas à la qualité du propos d'ensemble qui reste remarquablement solide.

La raison ? Tout en faisant courir leurs personnages comme des dératés, Ryan et les auteurs ont la brillante idée de placer sur leur route plusieurs visages marquants des précédentes saisons. Comme celui de Tavon, le flic qui avait intégré la Strike Team pendant quelques épisodes de la saison 3.

L'ingéniosité du procédé permet aux scénaristes de faire coup double, si ce n'est "coup triple" : elle permet au téléspectateur de prendre conscience du temps qui s'écoule, de récompenser sa fidélité (ce qui est toujours gratifiant pour celui qui regarde) et de conforter la notion d'évolution psychologique des personnages au gré des saisons et des nombreux retournements de situation.

Tous au bord du précipice...

L'idée est absolument géniale : elle assoit le propos de la production avec force et donne à réfléchir au public. On n'est pas ici dans l'adrénaline pure (même si, en la matière, on est tout de même remarquablement servi) mais aussi dans la description d'une évolution globale, un mouvement d'ensemble qui nous dirige jusqu'aux deux derniers épisodes.

Si la saison sept est une sorte de longue course jusqu'au bord d'un précipice (laquelle intervient après une montée en puissance savamment construite pendant six saisons), Possible Kill Screen et Family Meeting s'imposent comme d'immenses moments de télévision. Ni plus ni moins. Parce qu'ils sont la réalisation de ce que le pilote de la série portait en son sein. Comme s'ils étaient une promesse qui a été tenue.

Ces deux épisodes, c'est le moment où Mackey et tout ceux qui l'entourent font le grand saut. Où les choix conduisent à des actes parfois extrêmes, parfois libérateurs mais irrémédiablement définitifs. Là encore, les moments forts sont appuyés par une somme de détails finement décrits et brillamment mis en scène (1).

... jusqu'au grand saut

Fidèle à son propos, cohérent en diable, capable de combiner résolution et émotion en s'aménageant juste ce qu'il faut d'ouverture pour laisser vagabonder l'imagination du téléspectateur, Family Meeting est à ce titre un des plus grands finale de séries que l'on n'a jamais vus.

Si vous aimez la télévision, si vous recherchez l'émotion et surtout la densité émotionnelle, vous devez le voir. Et le revoir, ainsi que toute la série. Car The Shield est une grande oeuvre télé. De celles dont on ne peut passer à côté.

Bien à vous,
Benny

(1) : On notera à ce propos que le dernier épisode a été réalisé par Clark Johnson, qui avait signé le pilote.

L'intégrale The Shield 
sur Le monde de Benny:
 
"The Shield" : La bonne série au bon moment ?

"The Shield" (saison 1) : Le système Mackey

"The Shield" (saison 2) : Violence vs. Intelligence

"The Shield" (saison 3) : Farmington s'enfonce dans l'ombre

"The Shield" (saison 4) : Celle où la guest star s'appelle Monica

"The Shield" (saison 5) : Plus rude sera la chute

"The Shield" (saison 6) : Farmington et le début de la fin


mercredi 12 septembre 2012

"The Wire" (saison 3) : Baltimore, la lutte continue

Bizarrement, je redoute toujours un peu le moment de dresser le bilan d'une saison de The Wire.

Beaucoup de choses à dire, plein d'éléments à décrire et toujours le doute de ne pas tout écrire. Bon, ce n'est pas, à proprement parler, une angoisse... mais quand une série vous plaît vraiment, vous avez envie de rendre avec justesse tout ce qui, à vos yeux, fait sa singularité. Et parfois, c'est dur.

Il faut se rendre à l'évidence : descendre un truc mauvais, c'est beaucoup plus simple. Presque reposant.

Entre la Ville et la mort

Qu'à cela ne tienne, on peut déjà partir d'un constat évident. Avec cette saison 3, le projet The Wire gagne encore plus en profondeur et en complexité. Et c'est ce qui, de façon vraiment peu commune, décuple son pouvoir d'attraction.

La scène inaugurale, sur la destruction de tours de Baltimore Ouest, m'a fait sourire : dans la saison 3 d'Homicide, il y a une scène sensiblement identique et dans laquelle on retrouve Meldrick Lewis, l'inspecteur de la crim' joué par Clark Johnson. Johnson qui a réalisé le pilote de The Wire et que l'on retrouvera devant la caméra en saison 5.

Mais si ce prologue de l'épisode 1 est vraiment remarquable, c'est parce que c'est une brillante illustration de ce qui nous attend tout au long de la saison. Cette année, Baltimore change, Baltimore bouge... et face à cette réalité, tout le monde va devoir s'adapter.

L'objectif pour tous : rester au moins debout, en équilibre. Certains parviendront à tirer parti de la situation. Mais pour certains, la chute - violente, douloureuse - est au bout du chemin.

Et c'est tout cela que les douze épisodes racontent avec maestria.

Le récit, tout d'un bloc

A la fin du visionnage, je me suis fait la réflexion que j'ai plus apprécié cette saison que la précédente. Ce qui n'est pas sans me troubler un peu, je l'avoue.

Est-ce que c'est parce que j'ai mieux intégré les codes de la narration ? Est-ce que la multitude de storylines a donné un caractère plus dynamique à l'ensemble ? Je dois reconnaître que j'ai vraiment du mal à trancher sur ce point (1).

A mon avis, tout cela est un peu mélangé. Un point, cependant, me paraît clair au moment de faire le bilan : l'histoire de la saison 3 constitue un bloc géographique plus compact que celle de la saison 2. On n'est pas, ici, entre le port, les tours et la prison. Et il me semble que cela donne, au final, un "bloc humain" plus fort.

Place à la politique

Il faut dire que cette fois, Simon et sa bande s'aventurent véritablement dans une zone qui n'était qu'effleurée auparavant : la sphère politique. Je ne sais plus où j'ai lu ça, mais dans une interview George Pelecanos, producteur de cette saison 3, a avoué qu'il ne croyait pas à cette idée. Trop casse-gueule, pas forcément facile à exploiter dans un récit-fleuve.

Pourtant, quand on prend un moment pour y réfléchir, cela ne pouvait pas ne pas se produire. D'abord parce que dans The Corner, toute la partie sociologique de l'enquête étudie cette question. Ensuite parce que de toute façon, dans The Wire, tout est politique... alors autant l'assumer complètement. Et utiliser cette donnée comme un ciment.

A mes yeux, l'une des grandes forces de cette saison 3, c'est aussi de s'appuyer à fond sur les points forts du show. Sans doute plus que la deuxième. Cette fois-ci, l'iconicité et la continuité sont puissamment renforcées.

Sur les porcs d'Hamsterdam...

L'iconicité, on la retrouve avec de nouvelles figures de roman qui viennent s'extraire d'un propos richement documenté. Leurs noms : Dennis Cutty Wise, Tommy Carcetti et surtout Bunny Colvin.

Tous les trois - mais d'abord ce dernier - ont tous un lien avec le quartier de Hamsterdam, l'entité fictive au centre de l'histoire dont certains élus essaient de profiter tels des cochons qui s'engraissent. Mais Hamsterdam, c'est aussi et surtout le fruit d'une minutieuse synthèse sociologique de l'impact de la drogue et de son trafic sur la ville américaine. 

La théorie du sac en papier, que Colvin présente à ses hommes à la fin de l'épisode 4, cette théorie qui évoque la différence entre l'écoulement de l'alcool et celui de la dope, c'est celle que décrit Simon lui-même dans son travail sur The Corner.


L'incapacité à enrayer le phénomène de ce que l'on appelle en France l'économie souterraine, et l'improbable course aux chiffres qu'elle suscite, elle existe bel et bien hors du petit écran et sur HBO.

C'est encore une fois cette capacité à lier récit fictif et données vérifiables et vérifiées (sans toujours que l'on sache vraiment ce qui fait partie de l'un et ce qui appartient aux autres) qui fait toute la force de The Wire. Sa force et, évidemment, son côté bluffant.



Ne pas se satisfaire 
du statu quo. Jamais...



La continuité, elle, est évidemment à chercher dans ce qui arrive aux figures du début. D'Omar, le Robin des Blacks, à Bunk en passant par la tragique trajectoire d'Avon Barksdale et Stringer Bell. Ou encore dans l'évolution de Prez et de Carver comme celle de McNulty. On retrouve ici, une logique de cohérence digne du roman urbain tentaculaire qu'est la série. Et ça aussi, cela participe à la puissance du récit.

Un récit qui nous raconte encore et toujours la prééminence du système sur l'individu mais qui ne se jamais satisfait de la promesse du statu quo.

Voilà pourquoi on ne peut lâcher The Wire : l'objectif, ici, ce n'est pas seulement de dire que les choses ne marchent pas. Il s'agit d'expliquer pourquoi rien n'est simple et définitivement humain. Dans ce qui est pathétique comme dans ce qui peut, de façon quasi-illogique, peut surprendre positivement et donner encore envie de se battre.

J'ai toujours pensé que celui qui portait la croyance en un idéal à la télé et dans ses scripts, c'était Aaron Sorkin avec The West Wing. Mais peut-être qu'au fond, la série qui défend le mieux le jusqu'au-boutisme, c'est celle de David Simon.



La raison ? Dans The Wire, la lutte continue. Toujours. Même -et surtout- si l'on perd.

Bien à vous,
Benny

(1) A mon avis, il va me falloir revoir l'histoire de la famille Sobotka, pour en avoir le coeur net.

lundi 10 septembre 2012

"Dexter" (saison 3) : Dark Pessenger vs. Evil Moustache

Le retour de Dexter dans les chroniques séries de ce blog est une bonne nouvelle. Enfin, je crois. Avec un peu de chance, septembre devrait être un mois plus productif en terme de rédaction de billets. Ceci devrait être d'autant plus réalisable que j'ai pas mal de chroniques dont la ponte est programmée.

Mais le retour de Dexter, c'est aussi une petite déception. Parce que, pour moi, la saison 3 des aventures de l'expert de l'emballage de tordus n'est pas au niveau des deux premières. Clairement pas.

Tout avait bien commencé...

En même temps, tout ça, c'est de la faute de Clyde Philipps. La première saison posait le concept d e la série avec une efficacité redoutable: elle s'appuyait sur une exploration maline de la thématique du double (1) pour doper l'histoire.

Dès la deuxième année, le showrunner à qui l'on doit aussi Parker Lewis ne perd jamais (je ne me lasse jamais de cette anecdote) a eu la bonne idée de mettre son héros tout de suite en danger.
Là où certains auraient peut-être attendu la saison 5 ou 6 pour s'y résoudre, il a en plus l'autre bonne idée de le placer dans une crise plus personnelle (2).

Certes, l'idée a eu tendance à s'étioler au fil des épisodes (sa résolution n'était pas très satisfaisante), mais quand même... ça avait de la gueule.

Et soudain, une moustache

Du coup, ce n'était pas forcément évident de conserver la même force narrative pour une douzaine d'épisodes supplémentaires. L'idée de départ était pourtant couillue, une fois encore. Avec le meurtre d'un innocent au coeur du récit, on se dit que le show va poursuivre son exploration des gris. Les zones d'ombre peuplant effectivement la vie de Dexter, autant continuer à zigzaguer sur la frontière  du bien et du mal.

Sauf que non.

Très vite, la série va effectivement revenir sur la question de la solitude en mettant sur la route du héros un ami qui lui veut du bien.

Un gars et une moustache, Miguel Prado et son tapis de poils. 

L'idée n'est pas mauvaise, loin de là. Il y a d'ailleurs plusieurs moments où l'émotion passe assez bien. Principalement quand Dexter explore ce qu'implique les notions d'amitié, de partage et de soutien. Sauf que ces questions sont enchâssés dans une intrigue générale qui peine à garder une puissance dramatique constante.

Comment dit-on "caricature" en espagnol ?

Si c'était dans une autre série que Dexter, si ce n'était pas après deux années véritablement sous tension, peut-être que la pilule serait mieux passée. Ou peut-être pas. Le problème de cette saison - que l'on rebaptisera gentiment "Les mésaventures de Moustache" - c'est qu'elle s'appuie sur un personnage  assez agaçant et dont la capacité à gober vainement du temps d'antenne est assez édifiante (3).

Si Miguel n'était pas aussi caricatural, s'il était lui aussi en proie à des doutes un poil plus complexe que "Ouais en fait, mon papa à moi aussi, il était pas cool : viens on va discuter le bout de gras (et le trancher aussi)", l'histoire aurait vraiment pu marcher.

Peut-être même que la conclusion n'aurait pas été ratée (franchement entre la fin des deux premières saisons, il n'y a pas photo).

Un coup de moins bien, 
mais pas non plus un drame

Heureusement, il reste Debra : la fille Morgan continue son bout de chemin et son personnage de flic prend encore un peu plus de volume pendant la saison 3. Ce qui est plutôt heureux quand on voit ce qu'il advient d'Angel et La Guerta.

Maintenant, il ne faut pas non plus exagérer : le tout reste plus que regardable. Moins réussi que ce qui a été produit auparavant mais avec de vrais bons moments.

On dirait donc que c'est plus une baisse de tension qu'autre chose. Ou un poil de moustache dans la soupe. Ce n'est pas très agréable mais il n'y a pas non plus de quoi couper l'appétit.

Bien à vous,
Benny

(1) Ah, Rudy : tu avais la tête de l'emploi mais on t'aimait bien...
(2) Ah, Lila : toi, tu n'avais pas le corps de l'emploi, mais on l'aimait (vraiment) bien aussi...
(3) L'intégration de la storyline avec Margo Martindale ne dit pas autre chose.

dimanche 9 septembre 2012

L'InstantMusique #18 : "The Chain" (Florence + The Machine)

En ce moment, j'écoute la version originale de cette chanson en boucle (parmi d'autres). Extraite de l'album Rumours, carton de l'année 1977 en Angleterre (31 semaines de présence en tête du Bilboard, quand même...), The Chain est une véritable pépite, toute en mélodie et pleine d'énergie.

Rien d'étonnant à ce que Florence + The Machine aient repris ce titre lors de la passage sur la scène magique du Glastonbury Festival en 2010. C'est un peu comme si cette reprise était une évidence pour le groupe emmené par Florence Welch: sur ce coup, la mise en images à même quelque chose de magique. Les mains de la harpiste sur les cordes, le soleil qui joue à cache-cache avec le manche de guitare, le public en délire et, bien sûr, la flamboyante Florence...

Un joli moment d'été, alors que la saison, chez nous, est en train de s'achever. Une perle à admirer sans attendre.



Bien à vous,
Benny