dimanche 16 septembre 2012

"The Shield" (saison 7) : Flamboyant final à LA

Pendant mon court séjour estival à BennyCity, je savais que j'y retournerais une dernière fois. Farmington, le Barn, la Cité où il n'y a pas vraiment d'anges. J'espérais bien ne pas être déçu. J'étais plutôt confiant.

La vérité, c'est que c'était bien mieux que ça. C'était carrément monstrueux. Dantesque et très maîtrisé.

Question de timing

C'est la première fois, pour tout dire, que je vois une série s'achever sur sa meilleure saison. Un luxe rare, quand bien même The Shield, du haut de ses sept saisons, ne compte "que" 88 épisodes.

Le constat est pourtant évident : la série se termine sur 13 épisodes qui jouent parfaitement avec la notion de temps. Un mot qui s'écrit pareil au pluriel comme au singulier... et il semble que les scénaristes aient pris un malin plaisir à jouer tout du long avec cette ambiguité.

Si, dans The Shield, on est habitué à suivre des aventures sans temps mort, force est de constater que pour la septième saison, la production a encore appuyé sur le champignon. Dès le prologue du season premiere, qui s'inscrit dans la suite directe du finale de la saison 6, Shawn Ryan et son équipe donne le ton : on arrive dans le dernier tour de piste et maintenant, ça va sprinter.

Ce que la série va faire avec une maestria peu commune.

Quand la série joue 
avec sa propre histoire

Voir Vic et sa bande courir de tous côtés pour ne pas que s'effondre tout ce qu'ils ont essayé de construire (ou tout ce qu'ils n'ont pas encore détruit eux-mêmes), c'est quelque chose auquel on était habitué. On pourrait se dire que la ficelle a déjà beaucoup servi, c'est déjà arrivé au fil des précédentes saisons. Mais pas cette fois.

Dans cette ultime saison, les épisodes s'égrènent, Vic et Ronnie essaient de maîtriser les événements, Shane aussi, et plus le temps passe, plus cela se complique... et plus ça passe. Je veux dire : ça passe vraiment, la vitesse ne nuit pas à la qualité du propos d'ensemble qui reste remarquablement solide.

La raison ? Tout en faisant courir leurs personnages comme des dératés, Ryan et les auteurs ont la brillante idée de placer sur leur route plusieurs visages marquants des précédentes saisons. Comme celui de Tavon, le flic qui avait intégré la Strike Team pendant quelques épisodes de la saison 3.

L'ingéniosité du procédé permet aux scénaristes de faire coup double, si ce n'est "coup triple" : elle permet au téléspectateur de prendre conscience du temps qui s'écoule, de récompenser sa fidélité (ce qui est toujours gratifiant pour celui qui regarde) et de conforter la notion d'évolution psychologique des personnages au gré des saisons et des nombreux retournements de situation.

Tous au bord du précipice...

L'idée est absolument géniale : elle assoit le propos de la production avec force et donne à réfléchir au public. On n'est pas ici dans l'adrénaline pure (même si, en la matière, on est tout de même remarquablement servi) mais aussi dans la description d'une évolution globale, un mouvement d'ensemble qui nous dirige jusqu'aux deux derniers épisodes.

Si la saison sept est une sorte de longue course jusqu'au bord d'un précipice (laquelle intervient après une montée en puissance savamment construite pendant six saisons), Possible Kill Screen et Family Meeting s'imposent comme d'immenses moments de télévision. Ni plus ni moins. Parce qu'ils sont la réalisation de ce que le pilote de la série portait en son sein. Comme s'ils étaient une promesse qui a été tenue.

Ces deux épisodes, c'est le moment où Mackey et tout ceux qui l'entourent font le grand saut. Où les choix conduisent à des actes parfois extrêmes, parfois libérateurs mais irrémédiablement définitifs. Là encore, les moments forts sont appuyés par une somme de détails finement décrits et brillamment mis en scène (1).

... jusqu'au grand saut

Fidèle à son propos, cohérent en diable, capable de combiner résolution et émotion en s'aménageant juste ce qu'il faut d'ouverture pour laisser vagabonder l'imagination du téléspectateur, Family Meeting est à ce titre un des plus grands finale de séries que l'on n'a jamais vus.

Si vous aimez la télévision, si vous recherchez l'émotion et surtout la densité émotionnelle, vous devez le voir. Et le revoir, ainsi que toute la série. Car The Shield est une grande oeuvre télé. De celles dont on ne peut passer à côté.

Bien à vous,
Benny

(1) : On notera à ce propos que le dernier épisode a été réalisé par Clark Johnson, qui avait signé le pilote.

L'intégrale The Shield 
sur Le monde de Benny:
 
"The Shield" : La bonne série au bon moment ?

"The Shield" (saison 1) : Le système Mackey

"The Shield" (saison 2) : Violence vs. Intelligence

"The Shield" (saison 3) : Farmington s'enfonce dans l'ombre

"The Shield" (saison 4) : Celle où la guest star s'appelle Monica

"The Shield" (saison 5) : Plus rude sera la chute

"The Shield" (saison 6) : Farmington et le début de la fin


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