mercredi 28 mai 2008

Sitcom is not dead (Partie 3 : "30 Rock", en mai c'est Fey qui me plaît...)

On termine ce petit dossier sur une sitcom toute neuve ou presque (moins d’un quarantaine d’épisodes, grève des scénaristes oblige) : 30 Rock, de et avec Tina Fey, dont Canal + vient de diffuser la saison 1. Le pitch ? Liz Lemon (Fey), scénariste en chef d’une émission de télé, doit composer avec un nouveau boss (Jack Donaghy, joué par Alec Baldwin) et une incontrôlable star de cinéma (Tracy Jordan, interprété par Tracy Morgan) dans son équipe.

Répliques qui claquent

30 Rock, c’est à la fois un show proche des séries comiques classiques des années 90 et en même temps bien différent. Très proche parce qu’il fonctionne avec un personnage central autour duquel gravite toute une série de seconds rôles bien définis, un peu comme Spin City. Très différent aussi parce que l’on sent clairement la filiation entre 30 Rock et les émissions à sketches type Saturday night live dans l’écriture des scénarios.
La vraie finesse de cette série ? L’écriture des répliques justement, de très haute qualité. C’est ce sur quoi repose la caractérisation des personnages et les principaux effets comiques. Avec 30 Rock, on est souvent dans le domaine de la vanne stylée mais assassine (Jack Donaghy, à Liz Lemon : « Vous me plaisez, Lemon. Vous avez l’audace d’une femme plus jeune »), de l’ironie plus ou moins discrète mais toujours efficace. Souvent, un vrai jeu complice s’instaure entre les auteurs et les téléspectateurs. Un jeu propre à la comédie à sketches, qui fonctionne sur l'actualité et une culture populaire commune à ces deux groupes.

Lemon a plus de goût avec le temps

Cette dynamique se prolonge avec l’utilisation de savoureux « seconds seconds rôles » qui vont et viennent au fil des épisodes. Qu’il s’agisse du fameux Dr Spaceman, véritable escroquerie en blouse blanche, ou des très nombreux personnages interprétés par l’actrice Rachel Dracht… transfuge du Saturday night live.
En fait, 30 Rock, c’est le chaînon manquant entre les émissions à sketches et les sitcoms. La meilleure preuve à cela, c’est qu’il a fallu un certain temps à la série pour trouver ses marques. Il ne suffit pas en effet d’avoir des personnages décalés et hauts en couleur pour faire fonctionner un show comique, même si Donaghy, Jordan ou Kenneth, le guide des studios, le sont clairement.
Pour que ça marche, il fallait aussi les opposer à un personnage central fort, ce que Liz Lemon n’était pas vraiment. On avait donc l’impression d’assister parfois à une succession de petits sketches bien écrits mais, bizarrement, sans « rentrer » complètement dans l’histoire.

Malin sans être méchant

En mettant l’accent sur les aspects comiques de la personnalité de Liz (son côté geek notamment, son existence de trentenaire à la vie sociale limitée surtout), les scénaristes ont corrigé cela : ils ont su la rendre proche du spectateur tout en donnant plus de corps aux histoires des autres personnages. Dès lors, on ne pouvait que succomber à son charme, sa personnalité attachante.
Au final, 30 Rock, c’est une série brillante, ironique (satyrique ?) mais rarement méchante, et à laquelle on se lie très vite. Espérons que ces promesses seront tenues avec le temps.

Bien à vous,
Benny

mardi 27 mai 2008

Sitcom is not dead (Partie 2 : "The Office", Pam Pam Girl)

On continue notre tour d’horizon des sitcoms nouvelle génération, celles qui donnent un coup de jeune à un genre codifié et font bien rigoler. Aujourd’hui, place à mon dernier chouchou, une découverte DVD que j’ai fait il y a à peine un mois et qui me fait beaucoup, mais alors beaucoup rire (je n’en suis qu’à la saison 2, il paraît qu’elle souffre un peu en saison 4). Mesdames, mesdemoiselles, messieurs et autres : The Office, version US.

Vis ma (drôle de) vie en entreprise

Remake d’une série de la BBC, The Office a pour sujet la vie d'une petite succursale d’une entreprise de papeterie en Pennsylvanie, Dunder Mifflin. C’est en effet là qu’une petite équipe tournant un documentaire a décidé de tourner un reportage sur la vie en entreprise et suit les pérégrinations d’une équipe emmenée par le charismatique (du moins le croit-il) Michael Scott. Les employés vont et viennent et leurs aventures sont entrecoupées de témoignages face caméra des différents protagonistes (La série française Fais pas ci, Fais pas ça fonctionne dans une logique analogue).

La réussite dans la forme et dans le fond

Les forces de The Office ? Il y en a plusieurs, pour ne pas dire beaucoup. D’abord, un cadre d’action à la fois original pour une sitcom mais souvent très bien connu du public, celui du bureau. L’identification fonctionne très bien : on peut reconnaître tel ou tel collègue dans le portraits des employés de Dunder Mifflin. Ensuite, une mise en images remarquablement pensée, très maîtrisée.

The Office joue pleinement avec son postulat de faux documentaire. Le spectateur est comme un personnage invisible et silencieux de la série, avec les va-et-vient de la caméra, la mise en scène est souvent immersive (on a l’impression d’être physiquement dans la même pièce que Dwight, Stanley, Oscar et les autres) mais crée aussi parfois la distance, comme si l’on était entravé par le dispositif technique pour voir ce qui se passe. Il ne s’agit pas du tout d’un artifice mais bien d’un élément fondateur des effets comiques, assumé d’un bout à l’autre.

Michael, Dwight, Jim, Oscar,
Angela, Toby et tous les autres

Enfin, et ce n’est pas des moindres, le casting de la série joue un rôle crucial dans la puissance de ses effets comiques, tout comme la caractérisation des personnages. Si deux d’entre eux (Michael, le directeur, et Dwight, son assistant) sont des caricatures atrophiées de ce que peuvent être un boss et son lèche-bottes attitré, les autres personnages (en tête Jim, le facétieux je-m’en-foutiste, et Pam, l’assistante fragile et espiègle) sont beaucoup plus sobres, discrets mais souvent très drôles eux aussi.
Et c’est tout ce qui fait le sel de The Office : faire cohabiter des bouffons ahurissants (mais pas dénués de qualités humaines) et d’autres personnages plus caustiques, taquins, dont la subtilité des réactions fait toute la saveur et la… profondeur de cette série. En gros, la série revisite avec brio une dynamique du cirque : celle de l’auguste et du clown blanc. A ce jeu-là, deux personnages/deux acteurs sont, à mes yeux, incroyables : Steve Carell et Jenna Fischer.
Si vous ne supportez pas les pitreries de Carell dans 40 ans toujours puceau, The Office vous fera peut-être changer d’avis : très bête, parfois méchant, très lâche, parfois manipulateur, très maladroit, Scott est un circus freak hallucinant et il faut tout le talent d’acteur de Steve Carell pour que l’on adhère à ce portrait hors normes.
A titre tout à fait personnel, je dois avouer que ça marche du tonnerre sur moi : rien que le fait de voir cette andouille de Scott débarquer dans une pièce me fait sourire jusqu’aux cheveux.

Pam, Pam, Pam… (+ message personnel en bonus)

Et puis, il y a elle. Pam, l'assistante de Michael. La femme parfaite. Drôle, touchante, fragile, elle exprime toute une palette d’émotions d’un battement de cils, d’un geste ou d’un regard avec un naturel désarmant. La romance inavouée qui se tisse au fil des épisodes entre elle et Jim, un des vendeurs, est assez basique (ils sont faits pour être ensemble mais refusent de l'avouer) mais elle est traitée avec une subtilité rare. C’est un vrai régal [Jenna Fischer, si jamais tu lis ce blog, sache que mon cœur t’appartient à jamais :p].
Farce grotesque, critique bien sentie de la vie de bureau ET sublime comédie romantique, The Office est in-con-tour-nable. On en oublie Ross et euh… comment elle s’appelle l’autre, déjà ?

Bien à vous,
Benny

lundi 26 mai 2008

Sitcom is not dead (Partie 1 : "My name is Earl", glandeurs et décadence)

Pour finir ce mois de mai, je vous propose un petit tour d'horizon des sitcoms qui, pour moi, méritent vraiment le détour à la télévision. Innovantes, délurées mais malines, elles démontrent que le genre, après quelques années difficiles, est encore susceptible de nous surprendre. Et en bien en plus.
La première série dont je parlerai est peut-être la plus attachante. Avec elle, le téléspectateur redécouvre un des thèmes narratifs hyper classique, la rédemption, en étant immergé dans un univers complètement loufoque.

Kharma polisson

My name is Earl, c’est en effet l’histoire d’un escroc à la petite semaine qui décide de changer de vie après être entré en collision avec la notion de kharma (et accessoirement, un capot de voiture). Toute la série est donc bâtie sur d’incessants va et vient entre les coups tordus que notre glandeur de héros a accompli avant de changer et la façon dont il va s’amender au fil des épisodes. Enfin… dont il va tenter de s’amender.
Parce que Earl n’est pas tout seul : entre son frère Randy un peu neuneu, son ex-femme Joy toujours prête à faire un coup tordu, Darnell, le nouveau mari de celle-ci, ou encore son amie Catalina, notre héros n’est pas toujours bien aidé.

Qu’est-ce que c’est con… (mais qu’est-ce que c’est bon…)

Si My name is Earl fait parfois penser à Malcolm in the middle dans sa capacité à magnifier la glande, la bêtise et le côté sale gosse qu’il peut y avoir en chacun de nous, la série de Greg Garcia est sans doute encore plus réussie : ses personnages bénéficient d'un capital sympathie immédiat et plus fort. Qui plus est, l'univers décrit est d’une cohérence remarquable. Et c’est ce qui fait que l’on se lie très vite aux personnages.
Débridée, souvent imaginative dans ses scripts (en tout cas pour les deux saisons que j’ai vues), My name is Earl bénéficie en plus d’une bonne voix off, qui évite les discours lénifiants pour mieux servir ce que l’on voit à l’écran. Et son mode de tournage, à plusieurs caméras, est bien maîtrisé même s’il n’est pas révolutionnaire.

Jaime Pressly, la (superbe) revanche d’une blonde

La série bénéficie en plus d’un excellent casting : Jason Lee et Ethan Suplee, habitués aux rôles de glandeurs dans les films de Kevin Smith (par exemple, Mallrats) apportent beaucoup à leurs personnages : Earl et Randy sont parfois pathétiques (d’accord, souvent pathétiques) mais on ne peut s’empêcher de les aimer. Autrement dit, ils sont parfois très cons mais ils ont vraiment un bon fond.
A côté de ça, la révélation de la série, c’est Jaime Pressly. Cataloguée bimbo de chez Maximal avant de débarquer dans le monde des frères Hickey, elle s’en donne à cœur joie avec son personnage de Joy, à la fois menteuse, truqueuse et hargneuse. Souvent attifée comme la dernière des mégères impossibles à apprivoiser, elle prend à plaisir évident à faire voler en éclats les a priori qu’on peut avoir à son sujet.

Les programmateurs français haïssent les glandeurs à moustache
(et le Monde doit le savoir !)

Personnages, casting, mise en image, histoires (c’est LA série qui démontre que pour écrire des histoires aux péripéties d’une bêtise rare, il faut être plus malin qu’on ne le pense), un excellent thème musical de fin, My name is Earl est une vraie réussite donc. Une réussite malheureusement difficile à voir en France puisque M6 et Paris Première la diffuse à des heures impossibles (vendredi après minuit pour la première, lundi après minuit aussi pour la seconde).
Un vrai bon gros gâchis à la française, un de plus. Et c’est ce qui fait dire que les programmateurs de chez nous sont parfois (d’accord, souvent) complètement à côté de la plaque.
En attendant (ardemment) une sortie en DVD, je ne peux que vous conseiller de faire l’effort de l’enregistrer. C’est un vrai plaisir nocturne. Et même que des fois, c’est un peu sale… donc le qualificatif lui va très bien.

Bien à vous,
Benny

mardi 20 mai 2008

David E. Kelley et le Crane de cristal

Eh oui, ce titre est nul. Eh oui, je me sers de l’actu ciné de la semaine pour retenir l’attention. Eh oui, aujourd’hui enfin, on va parler d’un des plus fameux personnages de Boston Legal. J’aurais peut-être pu faire un article sur le duo Alan Shore/Denny Crane, mais il y a tant à dire sur chacun d’eux (et j’ai tant l’habitude de faire des posts trop longs. Avec des parenthèses en plus) que j’ai décidé de consacrer un article pour chaque partie de ce binôme.

Quand la réflexion naît de l’excès

Aujourd’hui donc, c’est Denny. Denny Crane. L'un des personnages les plus réussis de David E. Kelley depuis John Cage (avant qu’il ne devienne une caricature de lui-même avec le temps). Denny (Denny Crane) est de la veine des Jeffrey Geiger et autres Douglas Wambaugh, les personnages préférés de Kelley. Tout simplement parce qu’ils combinent l’excentricité et l’humanité, cultivent avec maestria l’excès pour susciter l’émotion et au-delà, la réflexion.
Quelque part Crane (Denny Crane) est peut-être une version plus âgée d’Alan Shore. Plus expérimenté, le fondateur du cabinet Crane (Denny Crane), Poole & Schmidt est sans doute moins torturé émotionnellement. Peut-être parce qu’il se connaît mieux, et qu’il n’a plus envie de mesurer la grandeur de son talent en se lançant dans des affaires où il serait contraint de défendre des actes qu’il réprouve ou des hommes qu’il exècre.
Pour autant, Maître Crane (Denny Crane), personnage aussi haut en couleur que ses costumes, est lui aussi confronté à des angoisses sourdes. Des peurs proprement effrayantes. Il vieillit, il régresse à cause de la maladie. Et pour un homme qui a été perçu comme le plus grand avocat de sa génération, dont l’histoire se mêle à la légende, il n’y a rien de pire.

Un portrait magistral

Avec Denny Crane (Denny Crane), Kelley réussit magistralement ce qu’il avait manqué avec le personnage de Harvey Lipschultz, le vieux prof juif de Boston Public. A ma connaissance, le mari de Michell Pfeiffer est en effet l’un des premiers à traiter avec succès un sujet délicat, le veillissement (plus précisément, la diminution de ses capacités, la façon dont on y fait face), sans tomber dans le pathos et la lourdeur. Là où Lipschultz est un personnage pathétique, bancal et peu attachant, Denny Crane (Denny Crane, Denny Crane) est lui aussi par moment pathétique mais il est toujours touchant.

L’aberrant pour credo

Rétrograde parfois, agaçant souvent, caricatural dans son amour du parti républicain, complètement halluciné dans ses plaidoiries, il n’en demeure pas moins cohérent. Et c’est précisément ce qui a manqué à toute une flopée de personnages de Kelley dans les années 2000 (Snoops, Girls Club, The Brotherhood of Poland, Wedding Bells).
Au final, tout comme Shore, il résume parfaitement l’univers de Boston Legal. Un monde doux dingue amer où l’on tolère toutes sortes d’aberration, d’exagérations (non, parce que certaines des plaidoiries de Denny Crane – Denny Crane, Denny Crane, Denny Crane – il faut le dire, c’est vraiment n’importe quoi) pour mieux toucher du doigt des sentiments, des vérités humaines d’une impressionnante densité. Et pour cela, il fallait sans doute tout le talent et tout le vécu de cette vieille carne de William Shatner pour que ce soit une vraie réussite.
Rien que pour ça, alors que je revoie la saison 2 de cette série en ce moment sur 13e Rue, j’espère que cela durera longtemps ainsi. Parce que Denny Crane (Faut-il vraiment que je l’écrive quatre fois ?) c’est une pure réussite. Pure… comme du cristal.
Et non, j’ai même pas honte de justifier mon titre comme ça. C’est dingue…

Bien à vous,
Denny Crane

Benny

lundi 19 mai 2008

Le livre de mai : « Le salaire de la sueur » (Michel Roux)

Une fois n’est pas coutume sur ce blog, je vais parler football. Non, pas la descente de Lens en ligue 2. Non, pas la montée de Grenoble, même si, en y réfléchissant bien, il y aurait des choses à raconter… Non.

Si le football est pour moi un sport fascinant, c’est parce que derrière onze gars en short qui courent après un ballon, il y a parfois toute une aventure humaine. Celle d’une équipe, et plus largement d’un groupe. Peu importe tout l’argent que vous pouvez mettre sur une table, si cet effectif ne fait pas un ensemble homogène, prêt à faire face à toutes les difficultés, cela ne sera qu’un gâchis.

Le foot, cette aventure humaine…


Pour qu’un groupe naisse, il faut un bon entraîneur. Capable de tirer les joueurs vers le haut en leur transmettant des idées parfois toutes simples mais imparables.

Daniel Leclercq, directeur général de Lens, a essayé de faire ça en rappelant aux footballeurs artésiens que « le cœur donne la direction et la tête, derrière, apporte la solution » (comme quoi, coach Taylor dans Friday Night Lights n’a rien inventé). Pourtant, il a échoué. Le football, la formation d’un groupe, dépasse toute logique. Il faut les bonnes personnes au bon moment, le discours qui permet d’aller de l’avant et… une bonne dose de chance.

Un décor… et le grand vide


C’est ce qui est arrivé à Valence, lors de la saison 2004/2005. Tout commence en juillet 2004. L’équipe du chef-lieu de la Drôme vient de descendre en National -l’équivalent de la troisième division du championnat de France de foot- juste près une longue et vaine lutte pour le maintien.

La direction du club doit relancer une formation littéralement anéantie : tous les joueurs pro ou presque ont quitté la région au moment où reprend l’entraînement. La trésorerie, elle, est vide et l’entraîneur de la précédente saison, traîne sur le bord du terrain comme une âme en peine : un remplaçant doit prendre les rênes de l’équipe. La saison qui va démarrer s’annonce cauchemardesque.

Partir de tout en bas, et regarder vers le haut


Et puis, tout s’enchaîne. Gilles Grimandi, le nouveau coach, s’en va. Alain Ravera, le précédent entraîneur, est appelé à la rescousse. Comme les dirigeants n’ont pu s’en séparer (une rupture de contrat coûterait au club un argent qu’il n’a pas), le revoilà à la tête de l’équipe.

L'homme un temps sur le départ accepte un défi complètement fou : relever la tête. Et même regarder vers le haut. « Nous nourrirons, dès cette saison, des ambitions, lâche Pierre Ferrazzi, figure emblématique du football valentinois et soutien du président du club, Alain Martin. Vous savez, le football tient parfois à bien peu de choses. Une somme d’infimes détails que nous devons faire en sorte de maîtriser ».

Il ne croyait pas si bien dire...

En quête de guerriers


Dès lors, Ravera et son staff vont foncer. Ils contactent une centaine de joueurs susceptibles de rejoindre leur nouveau groupe. D’entrée, le discours est clair : pas de prime versée à l’agent du joueur, la période d’essai et le déplacement sont aux frais du footballeur, l'hébergement au centre de formation est à la charge du club mais ses cadres ont négocié des tickets repas avec une cafétéria. Leur prix, cinq euros… est payable par le joueur.

Bienvenue à Valence : une ville balayée par le vent. A des années lumières du foot business.

Et ça marche ! Malgré toutes ces conditions de travail loin de la vie des autres pros, dans la défiance ou presque, Valence parvient à monter une équipe. Il y a des vieux briscards, des jeunes qui ont du mal à confirmer les espoirs qu’on a placé en eux, des gars du cru… on se croirait dans un improbable film américain.

Une impression d’autant plus juste que l’équipe gagne. Match après match, les Drômois font le plein de points. Certes, ils prennent parfois des vestes mais ne baissent pas la tête. Jamais.

Jusqu’au mois de mars et un déplacement à Sète.

Là, Ravera annonce à ses joueurs que le club, toujours en course pour la montée, n’a plus d’argent pour les payer.

Réussir, malgré les difficultés


Il reste encore deux mois de compétition et dans l’intimité d’un vestiaire héraultais, les Valentinois décident de continuer. Ensemble. L’objectif, c’est la ligue 2 (deuxième division). Pour sauver le club, pour continuer l’aventure. La rumeur veut que certains aient vécu dans un camping car pour aller au bout du rêve.

Parallèlement aux exploits de ses joueurs sur le terrain, le président Martin, de son côté, fait tourner le club sur ses propres deniers tout en cherchant un repreneur, qui ne sera intéressé que si le club parvient à remonter. Pour aller au bout du projet, Martin ira loin, très loin. Il passera quatre jours en garde à vue au moment où la situation deviendra franchement tendue. Un souvenir qui le marquera à vie.

Une conclusion dantesque, un épilogue déchirant


D’un épique déplacement à Tours au périple victorieux à Raon-L’Etape, en passant par un déplacement salé à Ajaccio, Le salaire de la sueur raconte une histoire étonnante, bouleversante.

Le journaliste Michel Roux revient en une toute petite centaine de pages sur une aventure humaine comme on en voit peu dans le monde du sport. De sa conclusion dantesque sur le terrain à son épilogue déchirant quelques semaines plus tard, ce livre rappelle paradoxalement qu’il n’y a que le sport pour vous faire vivre de pareilles choses. Pour vous faire vibrer avec autant d’intensité.

Ecrit comme un ouvrage de sport, Le salaire de la sueur (ouvrage publié en un petit nombre d’exemplaires) est transcendé par le récit qu’il livre. Il stimule l’imagination du lecteur en contant par petites touches une véritable épopée.

Clairement, ce bouquin vous prend aux tripes : c’est un petit film à lire. En attendant, peut-être, une adaptation sur un écran. Ce que cette histoire mérite amplement.

Bien à vous,
Benny

mercredi 14 mai 2008

Le CD de mai : Consolers of the lonely (The Raconteurs)

Le mois dernier, je parlais d’un bon album, bien construit. Efficace et agréable. Cette fois-ci, il sera question d’un excellent disque.
Savez-vous à quoi on le sait ? C’est, d’une certaine manière, assez subjectif mais imparable : les mélodies qui s’enchaînent vous font lever le nez de votre bouquin et le temps s’écoule au rythme d’une batterie, d’une ligne de basse, d’une compo guitare-piano.
En lançant sur une platine Consolers of the lonely, deuxième album des Raconteurs, on prend un aller simple pour le pays des chansons poupées russes. Des titres qui débutent sur un rythme pour décrocher d’un coup et partir sur un autre tout aussi soigné (comme… Consolers of the lonely). Un autre qui est mélodiquement énorme (The Switch and the Spur). Plusieurs ballades conservant le souffle créatif des morceaux plus rythmés (Carolina Drama). Pas de doute, le second album de l’autre bande à Jack White (The White stripes) est une grande réussite : après Broken boy soldiers, un premier opus efficace sans être foncièrement génial, la fine équipe franchit un cap.
Elle offre un album abouti, inventif et ne sombre presque jamais dans l’excès cacophonique (un petit travers des White Stripes, parfois).
Une création qui a de fortes chances de terminer parmi les meilleures sorties de 2008.

Bien à vous,
Benny

mardi 6 mai 2008

La Toile qui tache

J’ai remis le pied dedans, le gauche je crois. Après avoir laissé couler de l’eau sous les ponts, envie de voir autre chose, je me suis réinscris sur meetic. Pas toujours le temps de sortir le soir (ou pas toujours l’envie), mais toujours envie de voir du monde, donc…
J’ai remis le pied dedans. Et pourtant ça sent. L’embrouille, je veux dire. On entend souvent les filles dire que ce genre de sites, c’est rempli de gars à la libido triple-galopante, en quête de plan quéquette. Et c’est vrai, très souvent. Mais vous croyez que les femmes qui sont inscrites sont forcément toutes aussi innocentes que des agneaux justes nés ? Certainement pas.

« Ben oui, quoi ? »

Dans mes précédentes e-aventures, j’ai rencontré différents profils :
La « Mariée à tout prix ». Une nana qui vous demande votre numéro de téléphone au bout de vingt minutes « parce que tu as l’air romantique » (je jure que c’est vrai : on ne rit pas). Et ça, c’est juste avant de dévoiler LE PLAN.
C’est quoi cette expression en capitales ? Ca désigne une fille qui annonce d’entrée de jeu qu’elle est jolie (« sur une salle de 30 mecs, 25 me regardent entrer ». L’affirmation ne dit pas si les stats sont de l’Ifop ou de Sofres, et encore moins s’il y a autre chose à regarder dans cette salle que la porte d'entrée) et qu’elle cherche l’Homme. Le géniteur. Parce qu’elle a 30 ans et qu’il est temps de mettre en route LE PLAN. Trouver un homme beau, romantique (« le mec qui lorsque j’ai froid dans la voiture, met le chauffage quoi »), lâcher son boulot et avoir deux enfants pour s’en occuper à plein temps. Pourquoi ? Parce que, selon elle, « une femme qui a des enfants et bosse, elle aime pas vraiment ses enfants, quoi. C’est pour ça qu’elle les confie à une nounou qui les aime plus ».
Le lendemain, j’appelais une de mes meilleures amies, mère de deux petites filles et journaliste, pour lui dire que je l’aimais.
La demoiselle du net a voulu qu’on se voie. J’ai dit que ça m’intéressait pas, pensant que ça ne le ferait pas. Elle a pas compris : « Comment tu peux savoir sans m’avoir vue, quoi ? ». C’est vrai ça, pourquoi ? Un… je-ne-sais-quoi, peut-être.

Le café qui bugue

Profil deux : les filles qui cherchent un garçon à qui parler, qui trouvent ton profil sympa, mais n’ont rien à dire à part « Hi hi hi », « LOL » et « MDR ». C’est TTC (très très court) pour faire une conversation. Surtout quand on se rencontre réellement. Et pourtant, je suis bavard.
Profil trois : le nid à embrouilles. La fille, sympa, bavarde. Assez coquine même. Des discussions sympa, espiègles… jusqu’à ce qu’elle vous annonce qu’elle a pas le moral. Et pas de boulot. Et pas d’amis. Et pas d’argent. Et pas de réponse à fournir aux huissiers. Et qu’elle vit avec le père de son enfant et un pote, et qui « paie le loyer mais me parle pas »... juste après notre première rencontre. J’ai proposé qu’on devienne amis, plus qu’autre chose. Elle a pas voulu. Zut.

Mail in Taiwan

Et pourtant donc, j’ai remis le pied dedans. Pas parce que je suis desespéré, nan. Mais parce que des fois, on croise des filles intéressantes, que l’on vit des trucs sympa. Profil quatre, le meilleur. Rare mais réel. Des fois, la rencontre en vrai casse tout. D'un côté ou de l'autre. Des fois, ça ne dure pas parce que je suis (aussi) adepte de la bourde idiote (comme être collant avec une fille en plein divorce. Ou ne jamais trouver le lieu de rendez-vous. Soyons honnête quand même). Mais qu’à cela ne tienne. Faut savoir se dépasser, hein…
Sauf que maintenant, les filles doivent aussi payer pour s’incrire. Et que, comme un certain nombre ne le font pas, on propose au mec de payer un supplément pour entrer en contact avec les non-abonnées.
Je refuse : faut pas pousser et prendre les célibataires feignasses pour de pauvres pommes.
Pour l’instant, j’ai reçu un seul mail. D’une fille de Taïwan.
A part ça, le romantisme est mort.

Bien à vous,
Benny