mardi 20 mai 2008

David E. Kelley et le Crane de cristal

Eh oui, ce titre est nul. Eh oui, je me sers de l’actu ciné de la semaine pour retenir l’attention. Eh oui, aujourd’hui enfin, on va parler d’un des plus fameux personnages de Boston Legal. J’aurais peut-être pu faire un article sur le duo Alan Shore/Denny Crane, mais il y a tant à dire sur chacun d’eux (et j’ai tant l’habitude de faire des posts trop longs. Avec des parenthèses en plus) que j’ai décidé de consacrer un article pour chaque partie de ce binôme.

Quand la réflexion naît de l’excès

Aujourd’hui donc, c’est Denny. Denny Crane. L'un des personnages les plus réussis de David E. Kelley depuis John Cage (avant qu’il ne devienne une caricature de lui-même avec le temps). Denny (Denny Crane) est de la veine des Jeffrey Geiger et autres Douglas Wambaugh, les personnages préférés de Kelley. Tout simplement parce qu’ils combinent l’excentricité et l’humanité, cultivent avec maestria l’excès pour susciter l’émotion et au-delà, la réflexion.
Quelque part Crane (Denny Crane) est peut-être une version plus âgée d’Alan Shore. Plus expérimenté, le fondateur du cabinet Crane (Denny Crane), Poole & Schmidt est sans doute moins torturé émotionnellement. Peut-être parce qu’il se connaît mieux, et qu’il n’a plus envie de mesurer la grandeur de son talent en se lançant dans des affaires où il serait contraint de défendre des actes qu’il réprouve ou des hommes qu’il exècre.
Pour autant, Maître Crane (Denny Crane), personnage aussi haut en couleur que ses costumes, est lui aussi confronté à des angoisses sourdes. Des peurs proprement effrayantes. Il vieillit, il régresse à cause de la maladie. Et pour un homme qui a été perçu comme le plus grand avocat de sa génération, dont l’histoire se mêle à la légende, il n’y a rien de pire.

Un portrait magistral

Avec Denny Crane (Denny Crane), Kelley réussit magistralement ce qu’il avait manqué avec le personnage de Harvey Lipschultz, le vieux prof juif de Boston Public. A ma connaissance, le mari de Michell Pfeiffer est en effet l’un des premiers à traiter avec succès un sujet délicat, le veillissement (plus précisément, la diminution de ses capacités, la façon dont on y fait face), sans tomber dans le pathos et la lourdeur. Là où Lipschultz est un personnage pathétique, bancal et peu attachant, Denny Crane (Denny Crane, Denny Crane) est lui aussi par moment pathétique mais il est toujours touchant.

L’aberrant pour credo

Rétrograde parfois, agaçant souvent, caricatural dans son amour du parti républicain, complètement halluciné dans ses plaidoiries, il n’en demeure pas moins cohérent. Et c’est précisément ce qui a manqué à toute une flopée de personnages de Kelley dans les années 2000 (Snoops, Girls Club, The Brotherhood of Poland, Wedding Bells).
Au final, tout comme Shore, il résume parfaitement l’univers de Boston Legal. Un monde doux dingue amer où l’on tolère toutes sortes d’aberration, d’exagérations (non, parce que certaines des plaidoiries de Denny Crane – Denny Crane, Denny Crane, Denny Crane – il faut le dire, c’est vraiment n’importe quoi) pour mieux toucher du doigt des sentiments, des vérités humaines d’une impressionnante densité. Et pour cela, il fallait sans doute tout le talent et tout le vécu de cette vieille carne de William Shatner pour que ce soit une vraie réussite.
Rien que pour ça, alors que je revoie la saison 2 de cette série en ce moment sur 13e Rue, j’espère que cela durera longtemps ainsi. Parce que Denny Crane (Faut-il vraiment que je l’écrive quatre fois ?) c’est une pure réussite. Pure… comme du cristal.
Et non, j’ai même pas honte de justifier mon titre comme ça. C’est dingue…

Bien à vous,
Denny Crane

Benny

2 commentaires:

Jess a dit…

Superbe article sur mon perso préféré de Boston Legal (Danny Crane) qui fonctionne parfaitement avec son binôme, mon autre révélation masculine des dernière années, alias Alan Shore (James Spader) !
Malheureusement, profite bien du duo légendaire de Kelley car j'ai appris, à mon plus grand regret, que la saison à venir, la cinquième donc, sera la dernière avec une commande de 13 épisodes seulement... La loi de l'audience en a décidé ainsi... Pfff, la Justice est mal faite n'est-ce pas ?

Benny a dit…

Mon avocate préférée ! C'est toujours un plaisir de lire vos commentaires.
Oui : si la cinquième saison devait être la dernière, ce serait tristoune. Je partage ton avis.
Maintenant rien n'est définitif qui sait, il peut s'en passer des choses jusqu'à l'été 2009. Peut-être les audiences de BL feront-elles le plein et obligeront les décideurs de ABC de donner une saison de plus aux gars de Crane, Poole & Schmidt. Wait & see
Sinon, merci: j'ai découvert le journal intime d'une call girl sur Teva grâce à toi. Et c'est pas mal, pas mal du tout ;-)