mercredi 30 avril 2008

Le CD d’avril : Echoes, Silence, Patience & Grace (Foo Fighters)

Il y a des albums que l’on achète, que l’on écoute et trouve pas mal… avant de les laisser un petit moment sur l’étagère à CD. Jusqu’à ce que, un jour, le hasard et l’humeur font s’arrêter vos doigts sur le boîtier en question. C’est un peu ce qui m’est arrivé ces derniers jours avec le dernier album de la bande à Dave Grohl.
Après le double album In your honor vendu sur le gimmick « un disque bien énervé, l’autre beaucoup moins », les Foo fighters reviennent avec un album équilibré, oscillant entre des titres empreints d’une énergie efficace (The pretender, But, honestly) et d’autres aux mélodies bien travaillées, agréables à écouter (Stranger things have happened ou Home).
On reproche parfois au groupe d’alterner le bon et le moins bon. Echoes… est à mon avis du meilleur côté de la barrière. Bon, tout n’est pas parfait… (Ballad of the beaconsfield miners : on dirait du Dan Foliart, le compositeur de 7 à la maison) mais il y a quelque chose de chouette avec cet album. Une fraîcheur simple et revigorante (Statues, Summer’s end) qui vous file le sourire. Le groupe nous avait déjà fait le coup avec le titre phare de There’s nothing left to loose. Cette chanson c’est Next year, le thème musical de la saison 1 de Ed, avec Tom Cavanagh et Julie Bowen.
C’est quand même chouette lorsque, rien qu’avec un album de rock, on retrouve le chemin de Stuckeyville… C’est pas votre avis ?

Bien à vous,
Benny

dimanche 27 avril 2008

Le DVD d’avril : "Abandonnée"

Attention, film choc. Quadragénaire, Marie revient en Russie pour en savoir plus sur ses origines. Adoptée dans de troubles conditions (elle ne sait rien de ses parents), mère d’une fille avec laquelle a du mal à communiquer, elle est aujourd’hui perdue, égarée. C’est donc pour savoir où aller qu’elle décide de savoir d'où elle vient, qu’elle entreprend un retour aux sources dans une maison à l’abandon dont elle vient d'hériter, et où se cache un terrible secret.

Psychologie de la peur

Bayona avec L’Orphelinat, Balaguerro et Plaza avec REC, Cerdà avec Abandonnée… En Europe, les réalisateurs espagnols donnent aujourd’hui un nouveau souffle au film fantastique/film d’horreur. En inscrivant effectivement leur propos dans un contexte émotionnel dense, Bayona comme Cerdà proposent des longs-métrages très particuliers.
Avec Abandonnée, on n’est pas dans le film qui cherche « simplement » à faire peur, à jouer sur les attentes du spectateur comme dans bon nombre de slasher movies americains : on est beaucoup plus dans le drame psychologico-fantastique. Les scènes chocs matérialisent avec force les peurs les plus intimes de Marie et Nikolaï.

Un cauchemar énigmatique

Au fur et à mesure qu’avance le film, la narration prend un caractère syncopé : Cerdà tente alors de jouer sur les affects et l’inconcient du public. Le spectateur bascule dans une sorte de cauchemar énigmatique au terme duquel le réalisateur révèle l’abominable vérité sur ce qui s’est passé quatre décennies plus tôt.
Abandonnée est un film troublant, remarquablement mis en scène par un metteur en scène qui signait là son premier long-métrage. Que l’on soit dehors (les images d’une Russie tour à tour belle et hostile) ou que l’on soit dedans (les scènes dans la vieille maison sont source de tension permanente), le film revisite avec succès plusieurs thèmes fondateurs de la psychanalyse (le double, le meurtre du père, le refoulé) et c’est ce qui en fait un objet intéressant. A la fois déroutant et bluffant. Une tragédie horrifique qui vous marque un petit moment après la fin du générique.

Bien à vous,
Benny

mercredi 23 avril 2008

Les formidables aventures de Ben Silverman

Ce n'est pas de l'acharnement, je vous jure. Juste une info, dégotée sur le site Critictoo et depuis relayée par de multiples sites.

Tom Fontana quitte le projet The Philantropist, un drama qui doit être diffusé sur NBC, la chaîne dont le logo "est un oiseau aux couleurs du drapeau gay" (citation Jack McFarland, Will & Grace saison 2). Le producteur d'Homicide, par ailleurs créateur de Oz et The Jury quitte le navire pour cause de désaccord artistique avec la chaine.

Oh, la belle histoire...

Le thème de The Philanthropist: un millionnaire qui utilise ses liens et son pouvoir pour aider les gens dans le besoin, quels que soient les risques et les coûts. Un pitch un poil bateau mais vu que c'est un des meilleurs dramaturges de la télé US qui s'y collait (avec son complice le réalisateur Barry Levinson), ça retenait un minimum l'attention.
Fontana avait été engagé pour produire le projet basé sur une idée de Charlie Corwin. NBC avait commandé un script au scénariste de St Elsewhere pour en faire une série, qui serait diffusée en septembre. Problème : au moment de reprendre le projet, à la fin de la grève des scénaristes, la chaine et le producteur voyaient apparemment la série de deux façons différentes.
Un doux euphémisme : d'un côté, on a Fontana qui se focalise sur des questions sociales telles que l’immigration, la toxicomanie et l’utilisation d’enfants soldats dans les régions du monde ; de l'autre, NBC et son formidable boss Ben Silverman (ici en photo avec Léonardo DiCaprio, pour lui montrer son bureau et la vue qu'on en a - trucage LucasArts) qui veulent privilégier l’évasion et le fantastique, pour que la série soit plus proche de ses programmes actuels (Ah, K2000 le retour...).

Tout va bien (on s'en va. Vite, vite, vite...)

Résultats des courses ? Fontana est parti, le projet cherche un nouveau showrunner avec, accessoirement, un acteur pour incarner le rôle principal.

Un désaccord artistique, c'est monnaie courante dans l'univers de la TV américaine. Les Palladino (Gilmore Girls), les producteurs de Brothers & Sisters (ne me demandez pas lesquels, il y en a eu plusieurs) ou encore Aaron Sorkin (The West Wing) peuvent témoigner.

Ce qui est plus gênant, c'est que l'on veuille faire travailler un scénariste connu pour ses séries sombres, engagées et complexes et qu'on lui reproche ensuite de ne pas faire du fantastique funky (en gros, on engueule un crocodile parce qu'il ne sait pas piloter un hélicoptère). Pas de doute, l'échange créatif avec Fontana et l'équipe de l'ami Ben devait être de grande qualité... et la rentrée va être étonnante.

Silverman, moi je dis, c'est un génie. Ma théorie de la taupe prend corps, je trouve...

Bien à vous,
Benny

mardi 22 avril 2008

Mais au fait, comment ça décolle un pilote ?


C’est le printemps ami téléphage (oui aujourd’hui, on se tutoie) et avec lui fleurissent les projets de séries pour la rentrée américaine. Comme moi, tu piaffes sans doute d’impatience de découvrir les nouveaux pilotes de NBC et les audaces créatives de CBS, Fox, CW et ABC…
Bon d’accord, c’est pas trop-trop crédible. Disons plutôt que tu attends de voir si cette année sera meilleure que la précédente, alors que certaines rumeurs laissent entendre que la grève des scénaristes aura perturbé la présentation de nombreuses nouveautés. Youpi.
En attendant de découvrir une hypothétique pépite en fin d’été, je vais essayer de répondre à la question qui sert de titre à ce post. On sait tous que l'objectif du pilote, c'est de présenter un univers et des personnages pleins de potentiel de la façon la plus fluide qui soit. Dis comme ça, ça paraît réglé. Mais pour y arriver, il y a toutes sortes de solutions, divers pistes à explorer.
Voici donc une sélection de souvenirs mémorables. C’est plutôt subjectif, c’est assez partiel mais comme c’est mon blog, je fais ce que je veux.

Un bon pilote, c’est un épisode dont on se souvient à cause d’une chanson

Ca peut être Hell’s Bells d’ACD/DC qui ouvre le pilote d’Un agent très secret (les cloches qui partent sur un écran noir, ça le fait grave) ou Right Here, Right now, de Fatboy Slim pour New York 911. Pas besoin d’en mettre des tonnes pour marquer les esprits. Don’t panic de Coldplay suffit amplement à la fin du premier épisode de Rescue me. Denis Leary qui quitte une plage suivi par ses fantômes ça vaut le double-double-double CD de Grey’s anatomy (spéciale dédicace à Shonda Rhimes).

Un bon pilote, ça vous dit tout en une scène

Le monument, pour ça, c’était et ça restera Brimstone/Le Damné. Une série SF imaginée par Ethan Reiff et Cyrus Voris (Sleeper cell) en 1997, où un flic mort revient de l’enfer pour capturer des âmes qui se sont échappées des ténèbres. Le pilote commence par une scène de confession dans une église. Stone, le héros, explique tout en moins de cinq minutes avant de poursuivre son premier fugitif... son confesseur. Si vous ne l’avez jamais vu, dégottez le d’urgence. C’est re-mar-quable.

Un bon pilote, ça peut être lent

Un agent très secret et Gideon’s crossing (série médicale avec André Braugher), dans des genres très différents, prennent le temps de poser leur histoire. L’un pose les jalons d’une cybercomédie romantique touchante ; l’autre parle de ce qu’est le soin en déclinant avec subtilité la psychologie de ses personnages, notamment sa guest star (Bruce McGill, qui est épatant sur ce coup-là).
Ca peut aussi être très, très lent. Comme The Wire/Sur écoute.

Un bon pilote, on s’en souvient au détour d’un plan

Là, c’est très très subjectif. Pour moi, c’est le plan sur les pieds en chaussettes de Lily Manning (Sela Ward) dans Once & Again. Elle est au téléphone et ses doigts de pied se crispent alors qu’elle appelle pour la première fois Rick Sammler (Bill Campbell).

C’est aussi Bruce McGill, dans Gideon’s crossing. Ben Gideon (Braugher) l’a opéré avec succès d’une grave maladie et alors qu’il joue au golf, on comprend, à la dernière image, que la maladie le terrassera malgré tout (je le décris assez mal mais je ne l’ai vu qu’une fois il y a au moins sept ans, désolé :-p).

C’est enfin l’image de Lizzy Hoffman, la fille de Ted Hoffman dans Murder one. A la fin du pilote, l’avocat jure à sa femme que l’affaire Jessica n’interférera pas dans leur vie de famille. Au même moment, la petite fille regarde son père aux infos du soir. La lumière bleutée de l’écran envahit alors toute la pièce sombre. On sait déjà que cette promesse ne pourra être tenue et que dans cette série, tout sera question d’images…

Un bon pilote, ça peut aussi être une escroquerie jouissive

Le monument, pour ça, c’est New York 911. On en prend plein la gueule pendant 40 minutes. Ca court dans tous les sens, ça ne développe pratiquement rien ou presque de la psychologie des héros, ça enchaîne les morceaux de bravoure (ah, Doc Parker qui réceptionne un nourrisson jeté par sa mère depuis le quatrième étage d’un immeuble en feu…) et ça se permet même de se terminer sur un cliffhanger piqué à une série monument vieille de presque 20 ans (Hill Street Blues).
Au bout du compte, la série qui suivra sera (heureusement) bien plus subtile et le pilote n’est pas très représentatif du reste. Mais la vache : qu’est-ce que c’est bon… Je l’ai vu cinq fois. Et je trouve ça incroyable. Un poil scandaleux mais incroyable.

Et vous au fait (oui, on se vouvoie à nouveau. Je suis d’humeur changeante), quel est votre pilote préféré (ou vos pilotes préférés), qu’est-ce qui le rend inoubliable à vos yeux ?

Bien à vous,
Benny

mardi 15 avril 2008

Le livre d'avril : "Hard Revolution" (George P. Pelecanos)

Cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé et pourtant, ce week-end, j'ai pu me plonger dans un polar. Mieux : je l'ai lu (presque) d'une traite. L'objet du délit ? Un roman datant de 2005 et signé par un Américain qui a aussi écrit des scripts pour The Wire (chassez le naturel...).

Life is a pitch (and then you die)

Hard Revolution se déroule à la fin des années 50 puis dix ans plus tard à Washington. Le lecteur suit le parcours de deux frères noirs Derek (un jeune flic) et Dennis Strange (un paumé) alors que la situation des noirs, encore sous-considérés, tarde à évoluer, dans la capitale fédérale comme dans tout le pays. Tout au long du roman, Pelecanos retrace méticuleusement le chemin qui a conduit aux émeutes au lendemain de l'assassinat de Martin Luther King.
Tout en contant deux enquêtes, l'auteur joue très habilement sur ce qui sépare noirs et blancs dans son histoire et dans cette ville. Le récit se compose effectivement de deux histoires parallèles, un peu comme si le romancier traçait un axe de chaque côté duquel des éléments sont en parfaite symétrie.

Tragiques symétries

Dans cette Amérique des grosses voitures et des groupes de rythm'n blues (c'est par ce biais que l'auteur nous convie à redécouvrir la ville), il y a deux clans.
Du côté des blancs, on a des gars paumés, incapables de faire quoi que ce soit de leur vie et qui éprouvent une haine profonde pour les noirs. Du côté des blacks, on a des mecs défoncés pas mieux insérés dans la société, qui rêvent d'argent facile et de revanche.
Et de chaque côté, on a des hommes qui paraissent piégés par un effet de groupe. C'est parce qu'il est avec Alvin Jones et Kenneth Willis que Dennis Strange, revenu brisé physiquement de l'armée, ne parvient pas à se fabriquer une autre vie. De la même façon, c'est parce qu'il traîne avec Walter Hess et Buzz Stewart que Dominic Martini, profondément marqué par le Vietnam, se dirige vers une impasse.
Jones/Hess, Dennis Strange/Martini : l'effet de miroir joue à plein et il est saisissant...

Une chronique sociale avant d'être un polar

Véritable chronique sociale, Hard Revolution réussit à rendre toute la complexité de la situation qui a conduit à une énième émeute en Amérique. Enchaînant anecdotes et réflexions par le biais de ses personnages, Pelecanos permet au lecteur de comprendre comment un homme qui n'a jamais cédé aux appels à la destruction, peut se retrouver emporté par la fougue (et par la foule) dans un déchainement de violence.
Un tour de force puissamment orchestré qui se fait cependant un peu au détriment de l'enquête policière, assez conventionnelle. La preuve, c'est que ce n'est pas vraiment Derek Strange qui retient le plus l'attention du lecteur. Il n'est pas négligé, lui, le bleu rejeté par les deux communautés. Mais le traitement de son personnage reste assez basique. La vie est dure pour les héros...
Dommage : au final, alors que l'on s'attendait à une conclusion puissante, l'auteur cède finalement au... passage en force. Il termine en effet son livre avec une espèce de boucle narrative qui laisse le lecteur un peu sur sa faim.
Ce qui n'enlève rien au fait que Hard Revolution est un bon polar. Ce n'est déjà pas mal du tout.

Bien à vous,
Benny

vendredi 11 avril 2008

Stanley Kamel : entre hommage et précision

J’ai découvert l’info en pleine nuit, sur un menu déroulant : « Stanley Kamel, acteur qui a joué dans Beverly Hills et Monk, est décédé à l’âge de 66 ans ». En France, parfois, on a le chic pour réduire des acteurs à leurs prestations les plus basiques. Mais c’est un peu leur faute aussi. En tout cas lorsque les séries dans lesquels ils ont crevé l’écran n’ont pas été des cartons mémorables. On les oublie, logique.
Pourtant, je pense qu’il faut le rappeler : Stanley Kamel ne fut pas que le beau-père de Luke Perry et le psy de Tony Shalhoub. Avec son troublant regard clair, il fut avant tout et surtout le docteur Graham Lester de Murder one.
Psychologue de Neil Avedon et Jessica Costello, il tenait dans le sublime roman noir à épisodes de Steven Bochco, Charles H Eglee et Channing Gibson, un rôle essentiel. Si Richard Cross (Stanley Tucci) est au centre du récit, incarnant à merveille la complexité et l’ambiguité, Lester, lui, représente le mensonge, la tromperie et la duplicité. Le vrai méchant de l’affaire goldilocks, c’est lui. Et si, plus de dix ans après, la série reste inoubliable pour sa richesse narrative et visuelle, elle l’est aussi pour la qualité des portraits qu’elle rassemble, grâce à un casting de très haut vol.
Stanley Kamel, acteur de Murder one, est mort ce mercredi. La précision devait être faite, je crois.

Bien à vous,
Benny

mercredi 9 avril 2008

Dr House : erreur de diagnostic, appréciation changeante

Dans un précédent post consacré à la saison 3 de Dr House, je regrettais que la série ronronne quelque peu, ne prenne pas suffisamment de risques. Je déplorais notamment que les scénaristes ne mettent pas davantage les personnages face aux risques qu’ils prennent. En d’autres termes, qu’ils ne confrontent pas vraiment leurs héros aux réalités de l’échec.
Certes, il y avait eu la bourde de Chase en saison deux, causant le décès d’une femme mais ce dernier était survenu dans un contexte particulier (la mort de son père). Du coup, c’est un peu comme le veut la formule « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Dans la structure relativement rigide des épisodes, le risque de lassitude est réel.
Mais ce soir, c’est arrivé ! Dans le deuxième épisode, l’équipe du Princeton Plainsboro Hospital s’est plantée. En beauté : une patiente est morte suite à une succession d’erreurs dont le principal responsable est… Foreman. House occupe, pour le coup, le second plan.
Certains pourraient regretter que ce soit (encore) un second rôle qui passe au travers, mais bon… ça restait un épisode intéressant. Reste à savoir s’il aura des incidences sur les storylines qui suivront. Je pense que le sujet sera assez vite évacué… Peut-être que je me trompe, mais après tout, les problèmes neurologiques de Foreman avaient été assez vite oubliés.
Wait & see. Il était quand même bien de signaler cet épisode un peu spécial : quand une série sort des rails que l’on trouvait trop contraignants, il faut avoir l’honnêteté de le signaler.

Bien à vous,
Benny

lundi 7 avril 2008

Le bon, la brune et le truand

LE BON :
LOS ANGELES HOMICIDE

Le bon, c’est un programme mais c’est aussi un acteur. Tom Sizemore, la figure de proue de Los Angeles Homicide (Robbery Homicide Division, en VO), très bonne série que je viens de découvrir sur NRJ 12 (Vous savez, la chaîne qui flingue la diffusion de Friday Night Lights…). Bon, je suis carrément à la bourre car TMC l’a diffusée nuitamment (j’adore ce mot vieillot, et les parenthèses aussi) l’an passé et qu’elle date de 2002 mais tant pis.

Sizemore en plein polar

Los Angeles Homicide, c’est l’histoire de Sam Cole, lieutenant de la brigade Vols et Homicides de LA (d’où son titre original), à la tête d’une équipe de flics dans laquelle on retrouve notamment Klea Scott (Brooklyn South) et David Cubbitt (MediuM). Cole est un flic expérimenté, intuitif. Il n’est pas sans rappeler Bobby Goren de Law & Order : Criminal Intent (ils ont un peu la même carrure en plus).
Par moment, on croirait ce flic tout droit sorti d’un polar de McBain ou de Pelecanos. Les enquêtes qui lui sont confiées sont d’ailleurs bien dans la mouvance du polar qui se lit, plus que dans celui qui se regarde à travers l’étrange lucarne.
En un sens, elles sont assez originales et prennent soin de ne pas laisser les émotions de ses personnages sur le carreau, même si elles sont exprimées avec pudeur.

Une vraie claque visuelle

Mais la vraie originalité de Los Angeles Homicide, celle qui colle au script, c’est sa mise en images. Produite par Franck Spotnitz (X Files) et Michael Mann, la série bénéficie d’une véritable identité visuelle.
A travers les plans de la ville, on sent respirer la Cité des anges dans chaque épisode. Il y a dans Los Angeles Homicide un vrai regard sur la ville, ses quartiers huppés, ses taudis... Un regard qui n’est pas sans rappeler celui du même Michael Mann dans son excellent Collateral, un film avec Tom Cruise et Jamie Foxx. Ce gars aime cette ville, avec son luxe et sa misère, ses paradoxes et contradictions. Il la connaît bien et il a fait en sorte que ceux qui mettent en scène cette série, l’aiment aussi. Ca se voit.
Au final, on obtient le plus beau travail visuel sur un cop show depuis Homicide, de Fontana & Levinson. On appelle ça une claque. Une série à voir, vraiment.

LA BRUNE : COURTENEY COX

Et donc, la brune, c’est une… enfin, c’est Courteney Cox. De nouveau visible sur nos écrans sur France 4, avec Dirt. Une série que beaucoup de médias français ont décrit comme politiquement incorrecte, trash voire audacieuse. Plein d’adjectifs plutôt flatteurs alors qu’un seul aurait suffi : affligeant.
Si les critiques de séries de notre pays couvrent cet énorme ratage qu’est Dirt, je commence à comprendre pourquoi la production française est autant en difficulté dans l’Hexagone. Parce que ceux qui sont censés faire leur travail de critique ne le font pas.

Problème de critiques

Attention : je ne dis pas qu’il faut forcément tomber dans le jeu du cynisme systématique et s’amuser à démonter tout ce que l’on voit. Mais quand une série comme celle-là bénéficie de critiques élogieuses alors qu’elle cumule les défauts (psychologie des personnages complètement ratée, acteurs mal dirigés, répliques qui font rire malgré elles), je crois qu’on a un vrai problème.
A part pErDUSA, personne n’a remis en cause cette fiction qui loupe sa mise en abîme des milieux des tabloids, est très souvent vulgaire (elle joue la carte de la provoc sans que cela serve le scénario) et multiplie les situations caricaturales.
Par chance, je crois que les Américains, eux, commencent à le comprendre et avec un peu chance, les dégâts provoqués par Matthew Carnahan et Courteney Cox-Arquette s’arrêteront avec la saison 2. Pour ce qui est de la situation en France, en revanche…

LE TRUAND : BEN SILVERMAN

Ben Silverman est l’homme qui dirige la chaîne NBC. Une chaîne dont j’ai toujours regardé la grille des programmes avec attention parce que c’est elle qui a mis à l’antenne des monuments de l’histoire de la Télé US, d’Urgences à Friends, en passant par Boomtown, Third Watch, The West Wing, Frasier, Hill Street Blues, Law & Order, etc.
Une chaîne qui vit une décennie difficile parce que c’est sans doute celle qui a le plus souffert de la crise de créativité des networks américains, l’innovation ayant apparemment choisi de prendre ses quartiers sur les chaînes cablées.

Upfronts de NBC : eh ben, c’est pas gagné…

La semaine dernière, NBC et son Silverman de patron ont présenté les Upfronts pour la rentrée 2008. En gros, la grille des programmes et les nouveautés à découvrir. Et a priori, c’est très mal parti. Côté séries reconduites, Friday Night Lights sera produite avec une chaine filiale de NBC pour alléger les coûts sans que l’on sache si c’est une bonne nouvelle côté qualité, Urgences revient pour une dernière ( ?) saison, tandis que Law & Order, L& O : Spécial Victims Unit, Earl et 30 Rock (oui, il y a des bonnes nouvelles quand même) repartent pour un tour.

Du neuf avec du (vraiment) vieux

Une grille un peu « vieillote » donc avec des nouveautés pas trop rassurantes : un remake de K2000, un spin of de The Office, une série sur un ambulancier qui lit dans les pensées (The Listener), une adaptation des aventures de Robinson Crusoe, une version moderne de l’histoire biblique du Roi David… a priori rien, mais vraiment rien de transcendant. Sur l’excellentissimesque (oui, au moins) site pErDUSA, Ju, un des rédacteurs, le traduit assez justement (avec une très bonne photo légendée).
On peut toujours avoir une bonne surprise concernant ces nouveautés (le pitch de Desperate Housewives, à froid, était assez basique et la première saison a surpris son monde), mais franchement, j’ai des doutes. Et je suis inquiet.

Over the Taupe

Non mais sans rire : quand on traverse une période de vaches anorexiques comme le fait NBC, est-ce avec une grille si peu audacieuse que l’on va revenir au sommet ? Personnellement, je ne pense pas. Pire : j’en viens à penser que Ben Silverman est un espion qui se fait passer pour le boss de NBC mais travaille pour la concurrence. Et si ce n’est pas une taupe, en cas de bide à la rentrée, j’aurais enfin une certitude : il a le génie créatif et le talent de manager de l’animal susnommé. La réponse, de toute façon, tombera assez vite. Je vais creuser…

Bien à vous,
Benny

jeudi 3 avril 2008

Producteurs TV : bon sang, mais où sont passés les tauliers ? (partie 3 : les effets de mode, ça s'en va et ça revient)

Une théorie peut expliquer la relative désaffection du public vis-à-vis de ces « superproducteurs » : ils exploitent des filons qui ont déjà beaucoup donné à la télé américaine (et même à la télé tout court : le cop show, le court drama et le medical drama). Telles qu’elles se présentent aujourd’hui, ces séries sont peut-être usées.
Le public a en tout cas affirmé son besoin de voir autre chose, un peu comme si le « ton Bochco » ou le « ton Wells » lassaient. Celui qui en a profité, c’est assurément Jerry Bruckheimer, avec des formula shows efficaces mais peu critiques (sauf, à la limite, Cold Case. Et encore).

Pourtant, je ne parierai pas que cela dure éternellement. Tout simplement parce que des gens comme Wolf, Fontana, Kelley ou Bochco ont su, pendant deux décennies, questionner la société dans laquelle évolue le spectateur. Comme ils ont su questionner le spectateur sur ses propres attentes face à une fiction.
Même si ce sont clairement les scénaristes de HBO, FX et Showtime qui ont repris le flambeau en la matière (Simon, Chase, Ball, Ryan ou Leary entre autres… sans oublier Milch), je pense que ces « tauliers » ont définitivement les moyens de rebondir et de renouveler leur approche de ces genres. L’essentiel reste de toute façon l’humain, et la façon dont ils appréhendent les passions qui agitent les hommes.
Je suis peut-être romantique, mais je pense que leur talent peut leur permettre de trouver la solution, de passer outre cette période délicate. Cela pourrait en tout cas aider les networks US à sortir de l’ornière dans laquelle ils ont tendance à s’enfoncer depuis au moins deux saisons.
Et ça, ce serait vraiment salutaire.

Bien à vous,
Benny

Producteurs TV : bon sang, mais où sont passés les tauliers ? (partie 2 : un contexte compliqué, des déceptions en série)

On le voit chaque année, lancer une nouvelle série à succès sur un network, c’est tout sauf une opération scientifique. Il faut un concept accrocheur, une bonne case horaire et… une sacrée dose de chance pour avoir le temps de convaincre. Dans un documentaire que j’ai vu il y a quelques années sur Homicide, un critique américain expliquait qu’aujourd’hui, une série devait fonctionner sur le public comme une dose de crack : l’effet doit être immédiat.

Manque de temps,
manque de chance

Wolf, Fontana, Bochco et Kelley acceptent de jouer le jeu. Ils proposent des séries « solides » artistiquement, mais ils ont clairement du mal à imposer de nouveaux concepts. De nouveaux points de vue susceptibles de décrocher une adhésion quasi immédiate. Parfois, c’est par manque de temps et de chance (The Jury, de Tom Fontana ; Over There, de Bochco, L & O : Trial by Jury de Dick Wolf) alors que ces éléments sont là. Parfois, c’est aussi par manque d’originalité de points de vue ou de personnages (Conviction, de Dick Wolf ; Presidio Meds, de John Wells)
C’est dur, mais c’est une réalité avec laquelle ils doivent composer sans cesse. Avec laquelle ils se battent sans cesse serait même une phrase plus juste.

Des auteurs en panne ?

Cinq séries, un point commun. Savez-vous ce qui lie LA Law, NYPD Blue, Law & Order : Criminal Intent, The West Wing et Third Watch ? Dans chaque cas, un grand producteur s’est allié à un scénariste qui portait littéralement l’univers de la série. Ce dernier s’inscrivait dans une vraie démarche d’auteur, portant les codes de sa série d’un bout à l’autre, veillant autant que possible à sa cohérence (sauf Milch, qui s’est un peu perdu dans la saison 7 de NYPD Blue)… et cela, tant qu’il s’occupe du show. Sur LA Law et NYPD Blue, Bochco travaille avec David E. Kelley et David Milch. Pour Criminal Intent, Wolf laisse les commandes à René Balcer. John Wells, lui, laisse les mains libres à Aaron Sorkin et Edward Allen Bernero sur The West Wing et Third Watch. Et dans tous les cas, ça fonctionne.

La déception Jack Orman...

Et aujourd’hui ? Aujourd’hui, la phrase fera peut être grincer des dents, mais la relève n’est pas toujours à la hauteur. L’exemple le plus évident en la matière, c’est Jack Orman. Showrunner d’Urgences pour les saisons 7, 8 et 9, il est celui grâce à qui la série garde à l’époque une progression narrative cohérente tout en parsemant les saisons d’épisodes spéciaux qui valent le détour. Il s’en va même en signant le bluffant « Quand la nuit rencontre le jour », une histoire d’éclipse qu’il réalise. Et après ? Après, Orman s’est fourvoyé dans Dr Vegas avec Rob Lowe et depuis… plus rien. Un vrai gâchis.

Il en va de même pour William M. Finkelstein qui peine à prendre définitivement son envol (son passage comme showrunner sur Law & Order fut... météorique) alors qu’il a toutes les qualités d’un auteur. Lydia Woodward, R. Scott Gemmill et Carol Flint (Urgences) ne confirment pas les espoirs qu’ils ont suscités, pas plus que Michael S. Chernuchin (Law & Order). Dawn Prestwich et Nicole Yorkin (Picket Fences, Chicago Hope), après une traversée du désert, sont de nouveau sur le devant de la scène avec The Riches mais elles ne parviennent pas à totalement convaincre.

L'avenir en pointillés

Pire : une série de scénaristes auxquels on pouvait prédire un bel avenir solo (Dawn De Noon et Lisa Marie Petersen de L& O : SVU ; Richard Sweren de L&O par exemple) ne « décollent » pas. D’une façon identique, au début des années 2000, James Yoshimiura, un des meilleurs copains de jeu de Fontana, devait lancer une série sur la mafia avec Martin Scorcese. Le projet restera lui aussi lettre morte. Et ce n’est pas l’évolution de David Zabel (qui est en train d’enterrer Urgences sans génie alors qu’il avait signé de bons scripts lorsqu’il était sous la coupe de Jack Orman) qui va me rassurer.
Vous n’allez tout de même pas me faire croire que l’avenir des networks, c’est Rod Lurie (Line of fire, Commander in chief) quand même ?

La suite (et la fin) la prochaine fois.

Bien à vous,
Benny

mardi 1 avril 2008

Producteurs TV : bon sang, mais où sont passés les tauliers ? (partie 1 : dure, dure la décennie...)

Le précédent post est directement responsable de celui-ci. Aujourd’hui, pour la première partie d’un dossier à suivre, je vous invite à faire une petite comparaison.

1998. Souvenez-vous : il y a dix ans...

Steven Bochco est à la tête de trois séries : NYPD Blue, Brooklyn South et Total Security. Si les deux premières ne survivront pas à l’arrivée de l’été, NYPD Blue, qui va perdre Jimmy Smits, a encore de beaux jours (et de belles audiences) devant elle.
Dick Wolf est à la tête de Law & Order et Players. La vie de cette série avec Ice T sera courte mais l’homme à la bosse sur le front s’apprête à dupliquer sa série fétiche et en faire, au bout de dix ans, un pur hit avec Special Victims Unit et Criminal Intent.
Tom Fontana travaille moins sur Homicide. Cela s’en ressent, la série est différente. Son nouveau gros boulot, c’est Oz, et cela fera date dans l’histoire du câble US.
L’homme qui est en pleine bourre, c’est David E. Kelley. The Practice est un succès, Ally MacBeal est un carton et, il ne le sait sans doute pas encore, mais il va reprendre en main les destinées de Chicago Hope (Clairement, CBS pense que tout ce que le mari de Michelle Pfeiffer touche devient de l’or – c’est d’ailleurs l’axe publicitaire principal de sa campagne promo de la saison 6) et lancer son premier bide, Snoops.
John Wells va bien lui aussi. Urgences est encore au top de sa forme alors que Clooney s’en va, et il travaille déjà au lancement de The West Wing et Third Watch. Tant pis si sa dernière série sortie, Trinity, n’a pas convaincu.

2008. Aujourd’hui, que reste-t-il ?

Steven Bochco n’a plus de série à l’antenne. En dix ans, il a enchaîné les plus ou moins grosses déceptions : City of Angels, Philly, Blind Justice et Over There. Pour 2008/2009, on l’attend avec une prochaine série judiciaire, Raising The Bar qui compte (encore) Mark Paul-Gosselaar dans son casting.
Dick Wolf a eu du mal à se recycler après une bonne première partie des années 2000. La franchise L&O vieillit. Le public n’a pas suivi le 3e spin off : Trial by Jury. Le remake de Dragnet, Deadline et Conviction n’ont pas eu plus de succès.
Tom Fontana travaille toujours avec Levinson. L’après Homicide est dur pour lui : The Beat (hyper abrupte), Ellis Island (dans les cartons après le pilote), The Jury (pas suivie) et The Bedford Diaries (pas assez WB dans l’esprit) mordent la poussière. Dur. L’auteur continue quand même de bosser pour les networks. On attend MONY, sa dernière création réalisée par Spike Lee, pour la prochaine saison.
David E. Kelley paie par là où il a pêché… ou réussi, c’est à vous de voir. Son style ne se renouvelle pas et le public se lasse. Si Boston Public dure quatre saisons, la qualité décline vite avec le temps. Plusieurs de ses nouvelles productions (Girls Club, The Brotherhood of Poland, Wedding Bells) se font tailler en pièces. Après l’arrêt de The Practice, l’ex avocat se recentre. Moins d’efforts dispersés et un retour aux fondamentaux. Un retour au succès aussi : l’heureux bébé, après une première année un peu compliquée, s’appelle Boston Legal. Merci qui ? Merci,Denny Crane.
Avec John Wells, on arrive un peu dans le triangle des Bermudes. Si Third Watch et The West Wing sont des succès, le reste sera nettement moins glorieux, en dépit de nombreux efforts. Des séries vite stoppées (Citizen Baines avec James Cromwell, The Court avec Sally Field), d'autres peu originales (Presidio Med), d’autres encore vides (Jonny Zero) et d’autres enfin… qui n’ont pas eu de chance (The Evidence avec Rob Estes, Smith avec Ray Liotta). Résultat des courses : six séries dans la sciure en presque sept ans. Bigre.

D’où ma question : que sont les tauliers devenus ? Pourquoi sont-ils aujourd’hui aux fraises alors que Jerry Bruckheimer et ses productions honnêtes ne sont pas révolutionnaires ?
A cela trois éléments de réponse.
La suite est… à suivre.

Bien à vous,
Benny