mardi 22 avril 2008

Mais au fait, comment ça décolle un pilote ?


C’est le printemps ami téléphage (oui aujourd’hui, on se tutoie) et avec lui fleurissent les projets de séries pour la rentrée américaine. Comme moi, tu piaffes sans doute d’impatience de découvrir les nouveaux pilotes de NBC et les audaces créatives de CBS, Fox, CW et ABC…
Bon d’accord, c’est pas trop-trop crédible. Disons plutôt que tu attends de voir si cette année sera meilleure que la précédente, alors que certaines rumeurs laissent entendre que la grève des scénaristes aura perturbé la présentation de nombreuses nouveautés. Youpi.
En attendant de découvrir une hypothétique pépite en fin d’été, je vais essayer de répondre à la question qui sert de titre à ce post. On sait tous que l'objectif du pilote, c'est de présenter un univers et des personnages pleins de potentiel de la façon la plus fluide qui soit. Dis comme ça, ça paraît réglé. Mais pour y arriver, il y a toutes sortes de solutions, divers pistes à explorer.
Voici donc une sélection de souvenirs mémorables. C’est plutôt subjectif, c’est assez partiel mais comme c’est mon blog, je fais ce que je veux.

Un bon pilote, c’est un épisode dont on se souvient à cause d’une chanson

Ca peut être Hell’s Bells d’ACD/DC qui ouvre le pilote d’Un agent très secret (les cloches qui partent sur un écran noir, ça le fait grave) ou Right Here, Right now, de Fatboy Slim pour New York 911. Pas besoin d’en mettre des tonnes pour marquer les esprits. Don’t panic de Coldplay suffit amplement à la fin du premier épisode de Rescue me. Denis Leary qui quitte une plage suivi par ses fantômes ça vaut le double-double-double CD de Grey’s anatomy (spéciale dédicace à Shonda Rhimes).

Un bon pilote, ça vous dit tout en une scène

Le monument, pour ça, c’était et ça restera Brimstone/Le Damné. Une série SF imaginée par Ethan Reiff et Cyrus Voris (Sleeper cell) en 1997, où un flic mort revient de l’enfer pour capturer des âmes qui se sont échappées des ténèbres. Le pilote commence par une scène de confession dans une église. Stone, le héros, explique tout en moins de cinq minutes avant de poursuivre son premier fugitif... son confesseur. Si vous ne l’avez jamais vu, dégottez le d’urgence. C’est re-mar-quable.

Un bon pilote, ça peut être lent

Un agent très secret et Gideon’s crossing (série médicale avec André Braugher), dans des genres très différents, prennent le temps de poser leur histoire. L’un pose les jalons d’une cybercomédie romantique touchante ; l’autre parle de ce qu’est le soin en déclinant avec subtilité la psychologie de ses personnages, notamment sa guest star (Bruce McGill, qui est épatant sur ce coup-là).
Ca peut aussi être très, très lent. Comme The Wire/Sur écoute.

Un bon pilote, on s’en souvient au détour d’un plan

Là, c’est très très subjectif. Pour moi, c’est le plan sur les pieds en chaussettes de Lily Manning (Sela Ward) dans Once & Again. Elle est au téléphone et ses doigts de pied se crispent alors qu’elle appelle pour la première fois Rick Sammler (Bill Campbell).

C’est aussi Bruce McGill, dans Gideon’s crossing. Ben Gideon (Braugher) l’a opéré avec succès d’une grave maladie et alors qu’il joue au golf, on comprend, à la dernière image, que la maladie le terrassera malgré tout (je le décris assez mal mais je ne l’ai vu qu’une fois il y a au moins sept ans, désolé :-p).

C’est enfin l’image de Lizzy Hoffman, la fille de Ted Hoffman dans Murder one. A la fin du pilote, l’avocat jure à sa femme que l’affaire Jessica n’interférera pas dans leur vie de famille. Au même moment, la petite fille regarde son père aux infos du soir. La lumière bleutée de l’écran envahit alors toute la pièce sombre. On sait déjà que cette promesse ne pourra être tenue et que dans cette série, tout sera question d’images…

Un bon pilote, ça peut aussi être une escroquerie jouissive

Le monument, pour ça, c’est New York 911. On en prend plein la gueule pendant 40 minutes. Ca court dans tous les sens, ça ne développe pratiquement rien ou presque de la psychologie des héros, ça enchaîne les morceaux de bravoure (ah, Doc Parker qui réceptionne un nourrisson jeté par sa mère depuis le quatrième étage d’un immeuble en feu…) et ça se permet même de se terminer sur un cliffhanger piqué à une série monument vieille de presque 20 ans (Hill Street Blues).
Au bout du compte, la série qui suivra sera (heureusement) bien plus subtile et le pilote n’est pas très représentatif du reste. Mais la vache : qu’est-ce que c’est bon… Je l’ai vu cinq fois. Et je trouve ça incroyable. Un poil scandaleux mais incroyable.

Et vous au fait (oui, on se vouvoie à nouveau. Je suis d’humeur changeante), quel est votre pilote préféré (ou vos pilotes préférés), qu’est-ce qui le rend inoubliable à vos yeux ?

Bien à vous,
Benny

9 commentaires:

Arnaud J. Fleischman a dit…

Images de pilotes: Le visage de Laura Palmer dans le pilote de Twin Peaks, et l'arrivée de Dale Cooper. La première intervention de Jed Bartlett, boitant après un accident de VTT, s'imposant en deux phrases comme LE Président. Le crash du vol 815 d'Océanic dans Lost. Sidney Bristow entrant au siège de la CIA avec une perruque rouge sur la tête.
Mais il y a aussi les pilotes ratés qui ouvrent des séries inoubliables: le pilote de Star Trek: TNG, mal joué, mal réalisé, avec une histoire bateau. Celui de DS9, un peu meilleur, mais qui peine, comme les épisodes suivants, à trouve le ton de cette série. Le très mauvais pilote de Babylon 5. Le banal pilote de Veronica Mars. Le pilote de Seinfeld, même pas drôle.

Benny a dit…

The West wing, évidemment : "Je suis le Seigneur ton dieu et tu n'adoreras aucun autre dieu". C'était quand même vaaachement cake, quand on y pense. Bien écrit mais très, très cake...
Lost : je l'avais oublié !!!! Le visage de Maggie Grace, au milieu des décombres et qui hurle comme une damnée...
Bien joué, Mr Fleishman ;-)

Benny a dit…

Euh... une précision : Seinfeld, c'est jamais drôle. :-p

Anonyme a dit…

dans la série des pilotes-qui-calment, en plus de Twin Peaks (hypnotique) et celui de The Wire (rien compris), je rajouterais celui de Carnivale : une merveille pour les yeux et qui pose toutes les bases de la série.

Bonne continuation pour ton blog (et G. Pelecanos, c'est du tout bon)

Benny a dit…

@ Big Brother : à dire vrai, je n'ai pas encore vu "Carnivale". Mais je compte réparer ça bientôt.
Au plaisir de lire tes prochains commentaires.

baba a dit…

Je retiendrais les pubs mortuaires dans le pilote de Six Feet Under, c'est ce qui fait son charme. Sinon, Battlestar Galactica avait un pilote un peu mou de la chaussette mais suivi derrière d'une des meilleures séries actuelles (dans son genre bien-sûr mais aussi en général).

Sinon la fin du pilote de The Shield est inoubliable ! Elle lance totalement la série !

Anonyme a dit…

Marrant parce que moi c'est plus l'intro de The Shield qui m'a marqué! Ce brillant montage entre le discours très politicien d'Aceveda et une arrestation très Vic Mackeyienne...

Arnaud J. Fleischman a dit…

Le pilote de BSG n'est pas vraiment un pilote, il s'agit d'une mini série de 3 heures, et qui donc prend son temps pour mettre en place un univers et des personnages. Ce qui fait qu'il peut paraître un peu "mou de la chaussette", mais il est largement meilleur que la plupart des épisodes de la troisième saison.

Benny a dit…

D'accord avec Arnaud : les débuts de BSG ne sont pas mous, ils sont lents.
Sinon, je viens de repenser à un début de pilote qui est remarquable : Deadwood et la scène de la pendaison avec, juste avant, le prisonnier qui explique ce qu'est Deadwood et sa particularité : "De l'or et pas de loi". Avec ça, tu te dis "d'accord, ça va donner..."