vendredi 31 décembre 2010

Dernier coup avant minuit / L'année "Back in Baltimore"

La route aura été longue, mesdames et messieurs... mais voilà le season finale. L'heure des perspectives sérielles dans Le Monde de Benny. Douze mois au cours desquels l'emprise des drama n'aura pas faibli... et s'est encore renforcée.
En vrac, ici cette année, on aura causé d'In Treatment, The Mentalist, Six Feet Under - saison 1, saison 2 et saison 3 -, The Shield - saison 3 et saison 4 - Dead Like Me, Mad Men, Boomtown, The West Wing - saison 7 - Castle, Deadwood saison 2, The Wire, Damages saison 2 et Hawthorne.
Côté comédies, c'était un peu limité: il aura été question de My name is Earl (saison 2), The Office (saison 4) et The Big Bang Theory (saison 1). En tout, 16 shows différents et 20 saisons distinctes. Record à battre, si possible avec des nouveautés plus récentes.

Down in a Hole/
Top in the list...
Au moment de décerner un "Benny d'or", j'avoue que j'ai un petit sourire aux lèvres (je sais, c'est très visuel). Sourire parce que c'est une évidence incontournable: ma série de 2010, c'est la première saison de The Wire. Pied de nez de l'histoire: comme quand j'étais étudiant en 2000, la différence, l'émotion et la réflexion partent de Baltimore. Encore. Après Homicide, c'est en effet une série qui prend pour théâtre Charm City qui embarque tout sur son passage.
Son appréhension du phénomène urbain, sa capacité à brouiller les cartes entre roman et série feuilletonnante et sa justesse dans la description de la violence font de la série de David Simon et Edward Burns un phénomène à part entière. Qui a fait dire à une amie à moi: "Autant j'ai eu du mal à accrocher au début, autant j'ai eu du mal à décrocher à la fin". La formule est très juste. Et je sais déjà deux choses : la suite des aventures de McNulty, Omar et Bubbs sera chroniquée ici en 2011 et je retournerai un jour dans la cité du Maryland, j'en suis maintenant sûr.

Nouveauté 2010 : 
la Famille moderne tout devant

Alors oui, The Wire récupère les lauriers... mais la distance qui sépare cette série des autres que j'ai vues cette année est plus ténue. Parce que The Shield gagne en intensité d'année en année, à mesure que la violence de son propos s'accentue. Que le charme de Six Feet Under, d'abord discret, est de plus en plus puissant. Et que les adieux avec The West Wing ont été réussis.
Quoi qu'il en soit, on peut dire que le trio de tête a franchement de la gueule... et profite de l'absence dans la liste de Rescue Me aussi.
Côté comédies, on l'a déjà dit, le choix est plus restreint. The Office m'a paru un pan en-dessous de ses années précédentes, pendant que My Name is Earl progressait sensiblement. Mais il y a eu aussi une belle découverte, qui est d'actualité et multi-primée... et dont je n'avais pas encore parlé. Car oui, j'ai quand même vu Modern Family et j'ai été séduit. Pour moi, c'est ma nouvelle série de 2010 et j'en parlerai très vite en début d'année prochaine (notons le côté vague de la formule, fort pratique).

Qui veut la fin du moyen y met du sien

Pour ce qui est des déceptions, je citerai les saisons 2 de Damages et Deadwood, pas au niveau. Et surtout, une tripotée de nouveaux shows "moyen bien" (The Mentalist, Castle, White Collar) et "moyen moins" (Hawthorne, Lie to me, In Plain Sight). Si je n'avais à formuler qu'un seul voeu, ce serait de voir les créatifs US faire preuve de plus d'ambition l'an prochain. On verra ceux qui continuent à le faire... et ceux qui feront semblant de rien.


Same place, next year...

Et sinon, what else en 2011 chez Benny? Je peux déjà vous dire qu'on parlera de la saison 2 de Dexter (oui je sais : je l'avais dit l'année dernière. Chut, c'est encore Noël), des saisons 2 et 3 de 30 Rock, de Generation Kill, de la saison 2 de In Treatment, de The Wire, The Shield et de la fin de Six Feet Under. Tout ça et, je l'espère, plein d'autres choses plus en phase avec l'actu.

En attendant, j'ai trois choses à dire pour finir : la saison 3 est terminée, concluez bien cette année et on se revoit en 2011.

Bien à vous,
Benny

Deux coups avant minuit/2010 en une BO : les titres qui ont fait cette année (Partie 2)

On termine la traversée de cette année musicale en explorant l'été et l'automne des rythmes de 2010. Avec le meilleur album de la cuvée dans cette face B...

Ophelia (Kula Shaker, Album : Pilgrim Progress/Photo D) : je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps, l'album de 2010 pour moi, c'est celui-là. Dès l'intro géniale de Peter Pan RIP, on est happé par l'univers psychédélique et très chiadé des Kula. Crispian Mills et ses copains convoquent tout un tas de références mais le souci de donner une vraie unité à l'ensemble fait toute la différence ici. Un retour tonitruant, tout simplement. Et de superbes nuits à l'écouter.

Enola Gay (Peau, Album : Peau) : La petite perle electro rock sortie de nulle part (enfin, plus exactement des Alpes), c'est elle. Avec ce premier album, Peau montre un joli souci du détail et un vrai esprit fouineur quand il s'agit de modeler et remodeler des rythmes. Il manque peut-être quelque chose pour que ce soit vraiment imparable (des guitares plus affimées ?) mais qu'est-ce que j'ai pu rouler cet été avec ce CD... Tout comme Weather Channel de Sheryl Crow que j'ai beaucoup écouté à Paris.


I will survive (Cake, Album : Fashion Nuggets) et Step by Step (Jesse Winchester, Album : All The Pieces Matter - BO The Wire): on ressort les vieux pots et dieu que la bonne soupe des années passées peut-être bonne. I will survive, c'est la reprise de Gloria Gaynor par le groupe qui avait remis le jazz rock à l'honneur sur la bande FM dans les années 90 et son oeuvre mérite franchement d'être redécouvert. Quand à Jesse Winchester, c'est l'auteur du titre sur lequel se termine la saison 1 de The Wire. Et tous ceux qui l'ont vu me comprendront quand je dis que cette chanson peut être entêtante...

Breathe (Yodelice, Album : Cardioid/Photo E). Revoilà Maxim Nucci et son univers musical fantasmagorique. Cardioid réserve de bonnes et de moins bonnes surprises (il y a un coup de mou dans le dernier tiers) mais avec ce titre, qui inaugure ce deuxième album, l'artiste avait marqué suffisamment de points pour réussir son retour. Ouf.

Mange (Deer Tick, Album : The Black Dirt Sessions). Une voix éraillée comme on en fait plus, une rythmique blues bien balancée et vous obtenez là un titre qui marque. Le titre peut faire rire mais en même temps, quand vous partez en vadrouille à des heures plus qu'improbables comme c'était le cas en novembre, ça vous donne de l'appétit.

Father's son (Fistful of Mercy, Album : Fistful of Mercy/Photo F). Ben Harper, c'est quand même un peu l'ami Ricoré. Sauf qu'il vient jamais avec les croissants et plutôt avec de bons musiciens...
Cette fois, ce sont Joseph Arthur et Dhani Harrisson. Tous les trois ont bricolé en quatrième vitesse un album vraiment solide et séduisant. Du genre de ceux auxquels on reviendra forcément. C'est donc officiel : on sait déjà que dans la BO de 2011, ce diable à la peau brune sera sûrement dans le coup.
En bonus track, on ressortira Thru the eyes of Ruby, des Smashing Pumpkins (Album : Mellon Collie and the Infinite Sadness), qui va vachement bien avec l'arrivée de la neige.

Voilà, c'est tout pour cette année-là : si ça vous branche, vous pouvez retrouver ces titres (et beaucoup d'autres) sur une playlist spéciale 2010 en cliquant là.

Et pour finir, un petit clip pour mettre à l'honneur le gros coup de l'année...



Bien à vous,
Benny

Trois coups avant minuit/L'album (n°2) de décembre: "Sixteen times" (June & Lula)

Douze albums pour douze mois: le compte est rond, au dernier moment. Et pour boucler la boucle, on va terminer ce petit tour de l'année en découvrant un duo français qui donne dans le mélange folk/blues/country. Je sais, j'ai dit qu'on commençait à tourner un peu en rond en la matière... surtout quand on voit le nombre de groupes qui se sont engouffrés dans la faille Cocoon en l'espace de douze mois.
C'est donc décidé : en 2011, je prends le pari de diversifier un peu plus la palette de mes chroniques. Mais ceci ne doit pas nous détourner d'un constat tout simple: ces deux demoiselles s'en tirent avec les honneurs et peut-être surferont-elles sur l'effet de mode sans pour autant disparaître sous la vague.

Peut-être parce que leur histoire commune puise ses racines dans une belle histoire. A la base, June & Lula, c'est un projet socio-éducatif menée par deux étudiantes en musicologie de la région parisienne. L'objectif: faire découvrir les sonorités folk/blues à des écoliers. Plus qu'une nouvelle exploitation opportuniste d'un style musical vieux de cent ans, Sixteen Times est un authentique hommage aux créations du début du siècle dernier. Simple, entraînant, souvent drôle dans ses textes et diablement efficace: c'est un peu le pendant féminin harmonique de Fistful of Mercy, chroniqué avec bonheur au début du mois.


June et Lula - "My Girl"
envoyé par WAAAMUSIQUE. - Regardez d'autres vidéos de musique.

Porté par un joli buzz promo, l'album a su attirer l'attention cet automne. Reste maintenant à savoir ce que les deux demoiselles feront par la suite. Un hommage réussi c'est bien. Tuer le père, c'est pas mal non plus. On verra donc avec le prochain album si l'on a affaire ici à une vraie découverte ou à une étoile filante.

Bien à vous,
Benny

jeudi 30 décembre 2010

Quatre coups avant minuit/"Six Feet Under" (saison 3) : Les Fisher sur le fil de la vie

Quand je pense "série télé", il y a une question qui revient régulièrement dans ma réflexion: Quand est-ce qu'une "bonne série" devient une "grande série"? Je me souviens avoir supposé, en regardant la première saison d'Ugly Betty - qui reste une vraie réussite, quoi que l'on puisse penser de la suite de la série de Silvio Horta - que c'est peut-être quand des personnages solidement installés entrent en interaction active. C'est en tout cas ce qui se passe quand Rebecca Romijn arrive sur le devant de la scène.
Mais on peut aussi se le dire quand un show prend un tournant inattendu, et réoriente audacieusement son récit sans trahir la cohérence de ses héros : Phase 2 de Alias est à ce titre un modèle du genre.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que pour moi, c'est avec sa saison 3 que Six Feet Under devient une grande série.

"Connais-toi toi-même" : la série
Pourtant, fondamentalement, le show d'Alan Ball ne connaît pas, à ce moment-là dans son récit, d'incroyable retournement de situation. Et il n'est pas non plus porté par une dynamique collective jusque-là inédite. C'est même le contraire : la narration garde le cap. Les Fisher restent des personnages qui nous ressemblent dans leurs doutes comme dans leur excès (dans le concept en tout cas : tout le monde ne cède pas aux sirènes du triolisme débridé...) mais il faut pour cela les connaître et les comprendre.
C'est peut-être ça, en fait : il y a sans doute une part de subjectivité forte quand on considère qu'une "bonne série" devient "grande". C'est en tout cas le cas ici, pour moi.

Confrontés à la brieveté de la vie depuis deux saisons déjà, les personnages de Six Feet Under s'affirment dans la troisième année comme ceux d'une série de l'apprentissage. L'apprentissage de ce que l'on est, de ce que l'on veut face au temps qui passe. Tous les protagonistes de la série, sans exception, sont cette fois confrontés avec force à cette vérité.
Celui qui en fait la découverte la plus aride (pour ne pas dire la plus violente), c'est encore une fois Nate. Il est désormais mari et père mais n'en demeure pas moins tiraillé par des aspirations contradictoires. Comme il l'est sans doute depuis le début du show. Mais cette année, cette vérité est déclinée de façon sensiblement plus profonde. Pourquoi ? Parce que l'on a appris à le connaître. Et à connaître le dilemme qui l'habite : d'un côté, un réel désir de construire; de l'autre, l'envie de vivre une passion incertaine avec une femme qu'il aime toujours. Quitte à se brûler les ailes...

La famille funambule
Les autres personnages ne sont pas en reste : Ruth franchit de nouvelles étapes du deuil, loin du déni ou de l'acceptation. Ici, il est question de solitude, du doute à retrouver un homme avec qui partager une intimité. Comme le reste de sa famille, elle ne fait jamais semblant et on a parfois l'impression qu'elle s'y prend n'importe comment. Mais elle est toujours en mouvement.
 Il est en est de même pour David, qui s'interroge plus que jamais sur la place qu'il occupe dans son couple avec Keith. Ce qui est aussi le cas de Rico, alors que sa situation est différente. Et il est en également de même pour Claire, toujours aussi juste et émouvante alors qu'elle devient un peu plus une femme à chaque épisode. Jusqu'à la fin de cette saison où cette affirmation est douloureuse et éprouvante.
Plus que jamais, les Fisher sont donc des funambules sur le fil de l'existence. A mesure que le temps passe, leurs interrogations trouvent un écho plus fort, plus intime, chez le télespectateur. Et c'est pour ça que l'on est face à une grande série...

Bien à vous,
Benny

Cinq coups avant minuit/2010 en une BO : les titres qui ont fait cette année (Partie 1)

Il y a le sapin et la dinde, il y a le cadeau qu'on n'attendait pas et qu'on ne voulait pas, il y a le SMS du 1er janvier qu'on n'aurait jamais dû envoyer... et depuis trois saisons, pendant les fêtes, il y a la BO de l'année de votre serviteur. Les titres actuels ou du passé qui ont marqué les douze mois qui viennent de s'écouler, c'est à découvrir tout de suite...

Unhinged (Eels, Album : End Times) : avec un album crépusculaire qui a fait enrager plus d'un critique pour sa mollesse, Mark Oliver Everett n'a pas convaincu grand monde en début d'année. Pourtant, il y a des choses à sauver sur cet album, comme ce titre. Moi, ça me rappelle le début d'année au petit matin, quand BennyCity s'éveille tout juste et qu'il faut filer au boulot. Très agréable.

I am what I am et Hollywood Bowl (Band of Skulls, Album : Baby Darling Doll Face Honey/Photo A) : la jolie surprise de l'année. Un groupe anglais qui a certes commis un titre pour une BO de Twilight mais qui a plus d'un tour dans ses cordes et ses tambours. Band of Skulls, c'est un trio anglais composé de trois auteurs-compositeurs et quand on écoute ces titres (mais aussi Patterns et Bomb), on se dit que cette formation a vraiment du talent. Ne lui reste plus qu'à mûrir pour faire oublier les imperfections de ce premier essai. Moi, en tout cas, j'ai dévalé tout un col au son de Hollywood Bowl et c'etait über cool.

Ain't No Grave et Stone Free (Johnny Cash et Jimi Hendrix, Albums : American IV : Ain't No Grave et Valleys of Neptune): Des titres posthumes tirés d'albums qui le sont tout autant. Le procédé est contestable, fait souvent grincer des dents. Mais quand on voit ce que les ayant droits de Michael Jackson sont en train de faire du chutier du King of Pop, on se dit que ces deux titres, s'ils restent mineurs, n'en demeurent pas moins écoutables. A plus forte raison s'ils donnent envie de revenir aux classiques.

By The Sword (Slash feat. Andrew Stockdale, Album : Slash/Photo B). En avril, le guitariste au chapeau faisait son show et rameutait tout un tas de VIP du rock et de la pop. Il en résulte une grande foire aux cordes qui n'a rien à voir avec la foire aux monstres. L'ensemble oscille entre le très bon et le moyen mais quand le chevelu de Wolfmother (album de 2009 ici même, souvenez-vous) entre en scène, on se tait et on savoure.

Isis Speaks (Melissa Auf der Maur, Album : Out of our Minds) : l'ex bassiste de Hole et des Smashing Pumpkins est sortie du bois avec l'arrivée du printemps pour remettre le dark rock sur le devant de la scène. Cette fille-là a du chien et son univers mélodique ne manque pas de volume. Il n'est pas encore trop tard pour le découvrir...

L.E.S. Artistes (Lilly Wood & the Prick, Album : Invincible Friends/Photo C) : la mode des frenchies qui font de la folk à cordes tendues ne va pas tarder à gonfler tout le monde. On peut donc dire que ces deux-là sont dans les temps. Et accrochent avec justesse l'oreille. Grâce à un maëlstrom de références et d'aspirations contradictoires (un coup je me la joue folk, un coup je mets de l'electro ; un coup je la joue doux amer, un coup je suis carrément acide), le binôme a beaucoup tourné cet été. Et avec cette reprise de Santigold, ils ont assuré sur scène (testé, vu et approuvé). A cela, on peut aussi ajouter Cathy de Rodrigo Leao découverte sur une compil promo, une chanson plutôt mélo et qui passait dans l'autoradio quand je suis allé saluer le départ d'un collègue de la BennyCorp qui m'est cher.

La suite, c'est pour demain... et en attendant vous pouvez retrouver plusieurs de ces titres (et beaucoup d'autres) sur une playlist spéciale 2010 en cliquant là.

Bien à vous,
Benny

Six coups avant minuit/Le roman de décembre: "Jouez Violons!" (Ed McBain)

Ambiance fin de cycle. Jouez Violons!, c'est le 55e et dernier roman du 87e District : Ed McBain, auteur de la prolifique saga, est décédé peu de temps après sa parution. C'est aussi un assez beau symbole de ce qu'est le polar façon McBain. A travers une enquête plutôt classique mais suffisamment bien écrite pour retenir l'attention du lecteur, on plonge en effet une nouvelle fois dans l'univers foisonnant de la cité d'Isola. Et en matière de récits immersifs, l'auteur reste toujours une jolie référence...

De l'efficace pour finir
Cette fois, Carella, Meyer et les autres enquêtent sur une affaire de meurtres liés par une même arme. Un violoniste aveugle est d'abord retrouvé mort dans une ruelle, deux balles dans la figure, alors qu'il jouait dans une boîte tenue par un ex-taulard condamné pour trafic de drogue. Peu de temps après, on découvre qu'une représentante en produits de beauté a été abattue chez elle, de deux balles dans la figure. Très vite, on découvre qu'elle avait dans sa jeunesse goûté à tous les fruits défendus, y compris la dope. La liste des victimes va rapidemment s'allonger...
Pris individuellement, les différents pans du récit ne sont pas forcément bluffants: l'enquête est efficace mais pas d'une sophistication absolue, la suite des déboires amoureux de l'inspecteur Kling avec Sharyn Cooke et les développements de la romance qui lie désormais cette truie armée d'Oliver Weeks avec Patricia Gomez ne prennent véritablement leur saveur que pour les fidèles lecteurs... mais l'imbrication des différents éléments donne une énergie singulière à l'ensemble, qui se lit à la vitesse grand V si vous ne connaissez pas encore cette saga (*).

L'ultime épisode, pas la conclusion
Pour les mordus, l'heure des adieux sonne sans fausse note. A ceci près que ce dernier épisode n'est pas une conclusion. Et que tout est possible pour tous les personnages. De la vie sentimentale de Kling à l'avenir de la famille de Carella (sa fille April est sur une pente savonneuse) en passant par l'histoire qu'entretiennent Weeks et Gomez. Cela peut être une sacrée source de frustration... à moins qu'un jour, un auteur un plus fou ou un plus culotté ne propose un jour de donner une suite à cette oeuvre?

Bien à vous,
Benny

(*) : Si l'envie vous prend de vouloir découvrir la saga, commencez par Mourir pour mourir. Le titre français est nul, mais c'est tout le contraire de l'histoire.

mercredi 29 décembre 2010

Sept coups avant minuit / "The West Wing", ce n'est que du bonus

Je suis un sentimental. Si, si. Exemple : le fait de ne pas avoir de nouvelle saison de The West Wing à découvrir l'an prochain, je trouve ça un peu triste. Il faut dire que j'en regardais une par an depuis 2007. La très bonne fiction, c'est comme le très bon foie gras, ça se savoure. Quitte à se mettre carrément à la bourre.
Je suis un sentimental. Oui, oui. Et j'avais gardé pour les fêtes le visionnage des disques 43 et 44 de mon coffret "Intégrale de la série". Sans trop savoir à quoi m'attendre. Quand on regarde les coffrets des différentes saisons et la pauvreté des bonus proposés avec les épisodes, il n'y avait pas de quoi être particulièrement optimiste. Je m'attendais donc à deux ou trois featurettes à regarder un soir entre Noël et le jour de l'An.

D'une découverte à l'autre
Erreur. Et surprises. Les deux DVD en question sont remplis de jolies découvertes, de petits reportages et autre documentaire thématiques. La génèse de la série, les décors, le rôle spécifique de certains personnages (de la Première Dame, campée avec aplomb par Stockard Channing, aux personnages qui incarnent les rédacteurs de la présidence), l'ensemble est très fourni. Il est surtout très très bien fait et propose au fan de plonger dans l'aventure humaine que fut la production de cette série pas comme les autres.
On y apprend entre autres que Bradley Whitford ne devait pas camper le personnage de Josh au départ. Que le set de tournage faisait pas moins de deux kilomètres carrés. Que les accessoiristes faisaient un travail discret mais capital et que Eli Attie, véritable cheville ouvrière de la campagne présidentielle des saisons 6 et 7, était l'auteur des discours d'un démocrate de tout premier plan à la fin des années 2000. Comme on découvre un vrai documentaire sur The Real West Wing avec, derrière le micros, des intervenants qui ont pour nom Harry Kissinger, Gerald Ford, Jimmy Carter et Bill Clinton. Rien de moins.

Je laisse aux vrais mordus et autres fans le plaisir de faire par eux-mêmes ces découvertes sans trop en dire. Car ces bonus sont un vrai bonheur de téléspectateur. On peut néanmoins regretter que les bonus en question ne concernent prioritairement que la période Sorkin (ils sont principalement "pilotés" par le réalisateur Thomas Schlamme, l'homme derrière la caméra derrière chaque épisode majeur (*) ). La perspective de voir John Wells expliquer comment il a complètement remodelé la série au début de la saison 6 était effectivement plus qu'excitante. Mais tant pis...

Et c'est quoi, la suite ?
C'est le dernier post que je consacre à The West Wing, en tout cas le dernier avant un bout de temps je pense. Et comme je suis sentimental, je ne peux m'empêcher de me demander quelle série prendra le relais dans mon imaginaire. Quel show va autant raisonner en moi dans les années en 10. Sincèrement, je doute que ce soit une création d'Aaron Sorkin. Et une partie de moi pense que ça se jouera notamment du côté de Baltimore, mais là aussi, je ne ferai que rattraper mon retard.
Alors oui, curieux et plutôt impatient, je me demande quelle sera pour moi la série dramatique de la prochaine décennie. Car elle est encore à venir, je pense.
En attendant, l'année se termine... et je suis sentimental. Mais seulement jusqu'au 1er janvier.

Bien à vous,
Benny

(*) : Comme le prodigieux Two Cathedrals, final de la saison 2, auquel est consacré... un reportage.

Huit coups avant minuit/"The Big Bang Theory" (saison 1) : pourquoi Sheldon met une claque à Barney

Review. Voui. Mais review anglée histoire de cacher un peu le côté "La cavalerie arrive sur un champ de ruines fûmantes". Ce qui permet de ne pas avoir à s'excuser à longueur de billet (*). Imaginée par Chuck Lorre et Bill Prady (qui avaient déjà travaillé ensemble sur la géniale sitcom Dharma & Greg dans les 90's), The Big Bang Theory, c'est un peu le "Oui mais..." de la comédie télé américaine. Alors que les sitcoms "à une caméra" se multiplient sur les écrans US (de The Office à Modern Family en passant par 30 Rock), portant avec elles un vent de modernité sur le fond et la forme, cette histoire de geeks (Jim Parsons et Johnny Galecki) qui partagent un pallier avec une bombe blonde (Kaley Cuoco) prend le contrepied. Ici, on revient à un format et des techniques connues et super-exploitées, sans pour autant prendre le téléspectateur pour une endive.

Des geeks, une fille
Avec The Big Bang Theory, on joue en effet un peu sur la nostalgie du télespectateur qui a été bercé par ce type d'histoires dans son enfance et son adolescence. Un couple improbable, des rires en boîte, des seconds rôles plus ou moins décalés et, au milieu, un personnage un peu plus barré que tous les autres. Plus imprévisible et délirant. Ca marche comme ça depuis Happy Days et Taxi, ça s'est perpétué avec Friends et aujourd'hui, ce sont les physiciens de TBBT et la bande de copains de How I Met Your Mother qui prolongent la tradition.


En toute connaissance de cause, le télespectateur sait ce qu'il "achète" en regardant ce genre de fictions: c'est souvent sympa, léger (parfois vraiment léger) mais ça possède un véritable charme. Personnellement, pourtant, je préfère la série qui nous intéresse aujourd'hui à celle des cinq New Yorkais de How I Met... De mon point de vue, si les personnages de Sheldon Cooper et Barney Stinson sont tous deux des aimants à rire dans les scripts, c'est en effet la capacité de Prady et Lorre à développer des "héros périphériques" plus solides qui permet à The Big Bang Theory d'embarquer le morceau. Et même assez nettement parfois.

Wolowitz plus drôle que Lilly = équation à succès
Peut-être parce que l'on s'investit plus facilement dans les histoires de coeur de Leonard que dans celles de Ted (dont on sait qu'elles seront longtemps vaines). Sûrement parce que Raj et Wolowitz sont de bien meilleurs side-kicks que Marshall et Lilly (mais c'est peut-être parce que j'ai plus de tendresse pour les loosers aussi. Et que je trouve Allyson Hannigan et Jason Segel (**) bien fades dans leurs rôles).





Dans les deux cas, quand on compare les deux saisons un de la série, on se dit que The Big Bang Theory dépasse un petit peu plus le jeu de piste avec nos souvenirs sitcomiques. L'ensemble semble un petit peu mieux abouti. Et c'est pour ça que je préfère Sheldon à Barney.

Bien à vous,
Benny

(*) : et merde...
(**) : paradoxe, Segel est excellent dans Sans Sarah rien ne va. Et il en a signé le script.

Neuf coups avant minuit/Clip, clip, clip Hourra: "Praise You" (Fatboy Slim, 1999)

Avis aux amateurs de billets en rafale : Le Monde de Benny finira la décennie en trombe avec une grosse pelletée de posts pour terminer. Au menu, du clip, de la série télé, de la musique, du DVD sans oublier la traditionnelle rétro finale. L'idéal aurait bien évidemment été de poster au fur et à mesure ce mois-ci sauf que... ben, je n'avais soit pas le temps, soit pas l'envie.

On va commencer en enrichissant la courte série dédiée aux clips qui valent le coup d'oeil. Et en programmant la DeLorean en 1999 pour redécouvrir un clip de Fatboy Slim. Praise You n'est pas le titre ni le clip les plus connus de You've come a long way, baby, l'album phare du garçon. Certains d'entre vous se souviennent sans doute bien de Right Here Right Now, où l'artiste retrace l'évolution à vitesse grand V. D'autres (peut-être moins nombreux) ont en mémoire The Rockafeller Skank, où un gars danse dans toute une série de lieux publics. Mais Praise You, c'est aussi un joli morceau de clip. Tourné à Los Angeles dans un ciné sans l'autorisation des propriétaires et au milieu de la foule, on y voit une compagnie de danse fictive, le Torrance Community Dance Group, qui danse sur le titre à l'honneur (diffusé sur un radiocassette) sous le regard des spectateurs étonnés.





Une idée mise en images par Spike Jonze, réalisateur de Dans la peau de John Malkowich et qui a plu à l'époque. Avec ce petit film où on voit notamment le directeur de l'établissement essayer de couper la musique, Jonze et Fatboy Slim ont en effet décroché le MTV Video Music Awards 1999 de la meilleure découverte, la meilleure direction (attribuée au Torrance Community Dance Group) et la meilleure chorégraphie.

Bien à vous,
Benny

mardi 14 décembre 2010

L'album de décembre : "As I call you down" (Fistful of Mercy)

J'ai toujours tendance à porter un regard un peu suspicieux sur ce qu'on appelle de manière ronflante les supergroupes. Vous savez, ces formations qui réunissent des musiciens de renom autour d'un projet commun. The Dead Weather en est un par exemple et j'ai beaucoup de mal à m'enthousiasmer avec ses albums, quand bien même Jack White est de la partie.
Fistful of Mercy en est un autre. Il réunit Ben Harper, le trop méconnu (mais très costaud) Joseph Arthur et Dhani Harrisson, le fils du Beatle George. L'histoire veut que l'album ait été enregistré à vitesse grand V dans un studio de LA, pour produire un disque à l'avenant, empli de spontanéité et dans lequel la notion de plaisir musical est assez évidente.
As I call you down, ce sont neuf titres folk dans lesquels l'alliance des voix porte l'émotion du projet. Projet dans lequel Ben Harper est un comparse subtilement présent mais un peu en second plan, a contrario de Joseph Arthur qui lui, est très présent. In vain or true, titre inaugural, pose d'entrée de jeu l'ambiance. Entre cordes sèches et cordes vocales, les compos sont portées par une belle énergie folk rock qui joue sur de multiples modulations pour séduire. Et perso, je trouve que ça marche vraiment bien.



Plusieurs voix s'élèvent pour regretter un ou deux titres phares pour vraiment convaincre les plus exigeants (ou soupçonneux, choisis ton camp). Pas faux. En même temps, il y a une vrai constance dans la qualité mélodique. Father's son (porté par Harrisson, comme une évidence), Things Go'Round et Restore me sont vraiment réussis et arriver à un tel résultat en très peu de temps (trois jours), c'est quand même assez énorme.

Bien à vous,
Benny

dimanche 5 décembre 2010

The Shield (saison 4) : celle où la guest star s'appelle Monica

Aujourd'hui, on solde les vieux comptes, on remet la pendule à l'heure, on essaie de rattraper le temps perdu. La quatrième année des aventures de la Strike Team, je l'ai en effet vu cet été... il est donc plus que tant d'en parler.
Pour rendre ça un chouya dynamique, on va un peu changer la formule. Car oui, ce post aurait pu s'appeler "Les cinq questions auquel il faut répondre en voyant la saison 4".

Question n°1 : Qu'est-ce que ça raconte, 
ces 13 nouveaux épisodes ?
Aceveda quitte le bureau de capitaine alors que la Strike Team est démantelée. Vic et Ronnie bossent toujours à Farmington, alors que Lem bosse à la brigade des mineurs et que Shane est affecté aux moeurs. Monica Rawling (Glenn Close) prend la tête du Barn et entend mettre en place une ambitieuse politique de saisies des biens issus du trafic de drogue. Elle compte sur MacKey pour installer ce dispositif. Sur le papier, l'idée est bonne. Dans les faits, sa mise en place est plus complexe. Surtout quand Aceveda leur met des bâtons dans les roues. Et encore plus quand Antwon Mitchell, caïd qui se déclare repenti, refait son apparition dans les rues...

Question n°2 : Glenn Close, c'est une guest qui tient la route ou pas ?
Son personnage est plutôt pas mal. Son arrivée permet en tout cas de donner une nouvelle impulsion aux oppositions entre les personnages principaux. Principalement celle entre Aceveda et MacKey. Mais ç'aurait pu être plus réussi. La mise en valeur de sa farouche volonté de faire bouger les choses  - et son incapacité à y parvenir dans un contexte défavorable - aurait pu être plus forte. Le vrai second rôle qui crève l'écran, c'est évidemment Anthony Anderson dans le rôle d'Antwon Mitchell. Il reprend la place de l'adversaire de la saison pour la Strike Team, occupée en saison 2 par Armadillo Quintero, et on franchit un nouveau cap en la matière.

Question n°3 : C'est quoi, l'enjeu de cette saison ?
Cette année, The Shield revient plus directement à un de ses thèmes fondateurs, sa marque de fabrique : la notion de territoire. Comment on le défend et comment on l'occupe. McKey, Rawling, Mitchell, Aceveda : chacun à sa façon de le percevoir. Zone de combat, zone de droit, zone de business, zone politique : chaque couche se superpose dans le script et c'est ce qui fait son dynamisme, sa force.

Question n°4 : Sinon, c'est lequel l'épisode qui tue ?
Back in the hole, l'épisode 10, porté par une confrontation très attendue, se pose un peu comme le sommet narratif de la saison. Pourtant, je dirai que l'épisode 5, Tar Baby et son final, qui place Shane dans une situation qui paraît inextricable, est sans doute celui qui m'a le plus marqué. Mais c'est peut-être parce que j'attendais trop de Back in the Hole...


Question n°5 : Bon, mais à part ça, c'est bien ?
C'est du The Shield, donc c'est très solide, très cohérent et électrique. On est dans le prolongement direct de la saison trois qui m'avait particulièrement impressionné. Mais je dois dire que la façon dont les principaux protagonistes, un moment séparés, finissent par tous se réunir sans s'appesantir sur la force des antagonismes qui les opposait au début de la saison, m'a plutôt gêné. C'est donc, selon moi, une bonne saison mais elle n'est pas supérieure à la précédente.

Bien à vous,
Benny

vendredi 3 décembre 2010

Mon adolescence avec Mellon Collie...

Ce matin, je me suis réveillé avec une intro mortelle en tête. Celle du titre qui ouvre le disc B de Mellon Collie & the Infinite Sadness des Smashing Pumpkins : Where Boys fear to Tread. Je l'ai donc cherchée sur YouTube, pensant que Deezer ne l'avait toujours pas dans ses archives. Erreur ! L'album est désormais en écoute.
Tout ça, ça m'a imparablement renvoyé au milieu des années 90. Au Noël où je l'ai eu en cadeau, au voyage en Grèce avec la classe de philo et pour lequel je l'avais copier sur une cassette de 90 minutes (une cassette Type II, s'il vous plaît : le son était quand même nettement meilleur).



J'ai repensé aux heures passées et repassées à l'écouter, pour les dernières heures de cours avant le bac, pour les longues nuits d'été où j'étais avachi dans un vieux fauteuil pas pratique (et où je me faisais bouffer par les moustiques)... Au point que je l'ai singulièrement usé. Aujourd'hui, je me dis que je devrais le racheter.



Mellon Collie, c'est le premier album rock que j'ai eu, donc c'est forcément particulier. Il y a, évidemment, Bullet with Butterfly wings, mais pas que. Tonight, tonight me fait toujours de l'effet, JellyBelly et Muzzle me font gueuler les paroles (oui, j'ai abandonné ma comparaison avec le chanteur Billy Corgan à 23 ans), Galapagos me donne toujours un petit sourire, les premières notes au piano de Thru the Eyes of Ruby m'électrisent (et me rappellent quand, plus tard, je bossais de nuit et que je l'écoutais pour rentrer)...



Ce n'est pas un double album : ce sont deux heures et une minute de mon adolescence et  un peu plus que ça. C'est ce que j'étais, et ce que je suis aussi.


Thru the eyes of ruby live
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Et vous, c'est quoi le disque ultime de vos années d'ado ?

Bien à vous,
Benny