samedi 17 avril 2010

"The Shield", saison 3 : Farmington s'enfonce dans l'ombre

Il y a presque deux ans, j'ai écrit ici même que prendre conscience qu'une bonne série franchit un cap, devient une grande fiction, c'est toujours un moment bluffant. Ça s'apparente surtout à un puzzle dont les différentes pièces, une fois assemblées, donnent enfin à voir ce qu'elles portaient secrètement.
La saison 3 de The Shield, c'est vraiment ça. Les forces en présence de la série de Shawn Ryan sont désormais en place, et c'est sur leur interaction que repose la force du récit qui, ce coup-ci, ne faiblit pas d'un bout à l'autre.

More money, more problems

On avait quitté la Strike Team après le fructueux passage du money train. Vic et ses hommes avaient franchit une nouvelle étape dans leur voyage au-delà des règles et on ne savait pas trop comment les choses allaient évoluer. La vraie bonne idée des auteurs du show, c'est de montrer les conséquences de leur dernier gros coup sur chaque membre de la brigade de choc (comme on dit en VF). Parce que mettre la main sur le money train, c'est une chose. Pouvoir utiliser son contenu, c'en est vraiment une autre.
C'est ce que la série démontre méthodiquement, avec une multitude d'événements qui nourissent une tension en courant continu.
A ce petit jeu, on sent que le binôme Vic/Shane franchit lui aussi un cap : il se place même au coeur de la série et cela ne changera plus. Avec l'épisode Tavon d'abord, avec l'arrivée de Mara surtout. Le duo (j'ai presque envie de dire le couple, pour un peu) que l'on voit dans le pilote et le préquel de la saison 2 (l'épisode Copilot) est sérieusement bousculé, jusqu'à un season finale où l'on voit se dessiner de bien funestes perspectives. La dernière scène le démontre avec force : Vic, cette année, est allé encore un peu plus loin dans la nuit...

Aceveda dans l'oeil du cyclone

Mais il n'est pas seul dans ce cas. Tous les personnages seront mis à rude épreuve cette saison. Absolument tous. Le passage de 13 à 15 épisodes aura été adroitement géré et joue assurément dans l'exploitation du paysage de la série. Parmi les personnages qui occupent le second plan de la série (des guillemets n'aurait pas été superflu, parce que l'expression est peut-être un peu trop forte), celui qui crève l'écran, c'est Aceveda évidemment.
Victime d'une agression ignoble, le capitaine vit une expérience proprement traumatisante, décrite avec beaucoup de justesse. Et surtout beaucoup de cohérence avec la personnalité du chef du Barn. La façon dont il se sortira de cette affaire est précisément ce qui donne du poids à cette affirmation. Confrontés à une situation identique, Vic ou Dutch n'auraient certainement pas agi de la même manière. Mais le bonhomme trouvera une porte de sortie en adéquation avec ce que l'on sait de lui. Et ça, c'est la marque de fabrique d'une série vraiment bien écrite.

Claudette Wyms, 
l'icône ballottée mais vaillante

Le duo Dutch/Claudette ne sera pas en reste. Si le premier prend à bras le corps une nouvelle enquête scabreuse, on le voit également évoluer sensiblement par rapport à la saison un. La seconde, elle, conserve sa place de figure iconique au sein du casting : le repère du téléspectateur, c'est elle. Et quand elle se plante ou qu'elle reste arc-boutée sur ses principes (comme en fin de saison), elle renforce, par ses choix et par son attitude, la complexité du monde dans lequel évoluent Vic, Julian, Danny et tous les autres.
Superbe plongée dans l'ombre, cette troisième saison laisse entrevoir des jours encore plus sombres. Mais on sait qu'avec The Shield, la nuit est définitivement remplie de nuances de gris.

Bien à vous,
Benny

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