dimanche 25 avril 2010

"Dead Like me" (saison 1) : les émouvants faucheurs

Si on devait définir Dead like me, série imaginée par Bryan Fuller (qui créera par la suite Wonderfalls et Pushing Daisies) en une seule petite phrase, on pourrait dire que c'est une drôle d'histoire. Et j'ai moi-même une drôle d'histoire avec cette drôle d'histoire. Ça fait plusieurs mois que le coffret de cette saison produite par John Masius (figure ouvrière de St Elsewhere, l'ancêtre d'Urgences) prenait la poussière sur une étagère. Non pas que le pilote m'ait déplu au contraire. Mais j'ai eu un mal fou à rentrer dans ce show... sans avoir de vraie raison objective. Si ce n'est que j'avais à chaque fois une comédie ou un drama a priori plus "attirant" à regarder avant.

La station Mir, c'était un truc vraiment dangereux

Le pilote est pourtant un modèle du genre, puisqu'il pose un univers riche avec des codes spécifiques, un ton original et des personnages réussis. Le pitch ? Tout juste âgée de 18 ans Georgia "George" Lass est une espèce d'ado qui n'aurait pas vraiment fini sa crise. Elle est d'un tempérament geignard, elle n'est pas motivée par grand-chose et n'a pour ainsi dire pas d'amis.
Sa mère aimerait bien qu'elle se bouge, qu'elle se prenne en main. Le destin ne lui en laissera pas vraiment l'occasion : lors de la pause déjeuner de son premier jour de boulot, George va mourir. Et pas n'importe comment : elle décedera en se ramassant la cuvette des toilettes de la station Mir en plein figure. Et autant vous dire qu'un météore qui vous frappe de plein fouet en centre-ville, ça a de quoi retenir l'attention.
Voilà, c'est fini ? Pas vraiment : George va devenir une entre-deux, plus précisément un Faucheur. Un mort qui évolue au milieu des vivants sous de nouveaux traits et dont la mission est de recueillir l'âme des personnes qui s'apprêtent à mourir.
Pourquoi ? Pour qu'elles rejoignent un autre monde. Où ça ? "On ne sait pas", explique Ruben, à la tête d'une équipe de faucheurs que rejoint George. Chaque jour, tous les deux se retrouvent avec Roxy (une contractuelle), Mason (un bon à rien) et Betty puis Daisy (une actrice) pour connaître la liste des âmes à faucher. Des personnes qui, la plupart du temps, mourront dans des circonstances tragi-comiques dans la droite lignée du décès de George.

Vous avez dit "Equilibre" ?

Il en aura donc fallu du temps, pour que je visionne cette saison un. Et le constat est là, imparable : c'est peut-être la série la plus équilibrée que j'ai jamais vue. Tout au long des quatorze premiers épisodes, Dead like me garde toujours le bon rythme pour passer du rire aux sujets plus profonds sans jamais faire preuve de lourdeur.
A ce sujet, la façon dont George fait face à son propre deuil est une très belle histoire. Touchante et juste : on suit en effet la famille de George tout au long de ce processus et on ne peut qu'être bluffé en voyant comment les scénaristes racontent, en parallèle et avec simplicité, un puissant drame intime. La mort de George va en effet provoquer la lente destruction du couple Lass. Et il faut énormément de talent pour arriver à parler de ça au milieu de décès plus délirants les uns que les autres.
Dead like me le fait avec brio. Voilà pourquoi je ne peux que vous recommander, si ce n'est déjà fait, de visionner au plus vite cette drôle d'histoire.

Bien à vous,
Benny

vendredi 23 avril 2010

Vracorama d'avril

Tristes oreilles

Les vacances approchent et ça, c'est pas dommage : j'aurais enfin l'occasion de régler mes problèmes de PC (le BennyOrdi, pas un communiste) et surtout de souffler. On me demande souvent ce que je ferai quand je pourrais enfin partir. En ce moment, j'ai tendance à répondre : "Acheter un sarcophage et attendre que ça passe". Mais je songe plutôt à aller faire un tour dans la Grande Méchante Ville, histoire de me changer les idées.
En attendant, ce n'est pas la répétition des semaines qui me lassent, c'est plutôt la perte de mon lecteur MP3. J'ai peu de vices dans ma vie (hormis le chocolat et My Name is Earl) mais moi, mon carburant, c'est la musique pour partir au boulot. Et là, je me sens un peu comme un joueur de Motus qui doit épeller le nom du volcan islandais en erruption qui n'aiment pas les avions (1) : à la rue. Va donc falloir vite trouver une solution.

Plus de doigts ?

A ce propos, e-lecteur : que se passe-t-il ? Vas-y, assied toi et parle moi, tu ne dis plus rien en ce moment. C'est moi, j'ai fait quelque chose de mal ? Tu as des soucis ? Tu ne dis plus rien alors moi, je m'inquiète hein... Que faut-il que je fasse, que je mette une photo de mon caleçon nonchalamment accroché à l'abat-jour de ma lampe-bouteille pour satisfaire tes bas instincts. Ou pire encore ? Méfie-toi : chuis cap. Ou alors tu es très occupé, c'est possible aussi.

Nous sommes tous des Mike Flaherty

Avis aux adeptes des rediffs qui font rire : Jimmy repasse en ce moment les aventures de Michael J. Fox dans Spin City. Et franchement, ça vieillit super bien, parce que l'éventail des vannes (comique de situation, répliques, histoires) est large et parce que c'est quand même foutrement bien écrit. Tout ça, c'est à voir du lundi au vendredi à 19h

L'instant musique
C'est typiquement le titre qu'on retrouve dans plein de film et de séries : Deadwood, 24, Babel et que sais-je encore... aujourd'hui pour finir la semaine en beauté on va écouter quelqu'un qui a une guitatre et qui aime la gratter : Gustavo Santolalla avec Iguazu. Je l'ai dans la tête depuis ce matin et il faut que je m'en débarasse. Moi, je vous laisse j'ai des playlists à refabriquer...



Bien à vous,
Benny

- (1) : c'est le Eyjafjöll. C'est étonnant que les médias ne le nomment pas plus souvent...

jeudi 22 avril 2010

"The Office" (saison 4) : le coup de la panne

Il fallait bien que ça arrive. Le coup de moins bien. La baisse de régime. Le dérapage au bord de la chaussée. Eh oui les amis : la saison 4 de The Office, c'est malheureusement une petite déception. Pas le désastre tchernobylien (il faut savoir raison garder, comme dirait Nadine de R.) mais la petite alerte qui fait dire que la série n'est pas à l'abri du problème de carburation.
Les raisons de tout cela, on va les analyser de ce pas...

Une année de production compliquée

La première chose à dire sur cette saison à Scranton, c'est qu'elle est différente dans la forme et dans le fond. D'un point de vue purement formel, la série ne compte que 19 épisodes et une petite floppée d'histoires en deux parties (même si cette appellation peut prêt à débat : on y reviendra).
Les raisons ? Il y en a deux. La première : cette saison était marquée par la grève des scénaristes qui a singulièrement compliqué le développement de pas mal de séries.
La seconde : la direction de NBC, qui diffuse le show, a voulu booster ses audiences en exploitant à mort (et surtout n'importe comment) une de ses valeurs sures.
Résultat : la série connaît de très sérieux problèmes de rythme. Les épisodes ne sont pas vraiment des histoires en deux parties et encore moins des épisodes indépendants... et franchement, le potentiel comique s'en ressent.

Un tournant plutôt mal négocié

Le souci, c'est que ces difficultés ponctuelles intervienent à un moment où narrativement, la série doit négocier un tournant particulièrement important. Et c'est là que l'on retrouve les problèmes de fond.
Le succès de The Office, pendant trois ans, repose sur une combinaison simple mais d'une efficacité imparable : c'est une comédie romantique et une satire de la vie de bureau. Or, le season finale de la troisième année vient clairement bousculer la partie comédie romantique.
Après s'être tournés autour pendant trois ans, Jim et Pam finissent ensemble. Un des moteurs du récit arrive un peu en bout de course et la façon dont ce couple évolue est plutôt satisfaisante. Pas d'atermoiements à la Ross et Rachel, pas de moments gonflants à la Monica et Chandler : le duo devient un couple normal. Assez drôle (en tout cas pas chiant) et plaisant.
Reste alors à trouver une parade : l'idée de bousculer la paire Dwight/Angela en était une. Vraiment. Sauf que le traitement est plutôt terne, fade. Peut-être aurait-il fallu raconter une version antagoniste, délirante mais émouvante de l'histoire Pam/Jim. Jouer à fond la carte du nemesis comique, un peu comme dans Dharma & Greg, où Pete et Jane, les amis du couple vedette, jouent à mort la carte du décalage. Mais ce n'est pas le cas et il y a comme une sensation de vide à ce niveau.

Une satire en berne

L'autre vrai problème de The Office cette saison, c'est que la satire de la vie de bureau est moins mordante. Les scénaristes jouent beaucoup sur le côté délirant de Michael Scott mais zappent un peu souvent l'aspect "crise du management moderne" qui faisait le sel de la série. La promotion de Ryan et son évolution étaient une bonne idée, mais pas complètement exploitée par exemple.  Au bout du chemin, on se retrouve avec un boss bouffon qui en fait des tonnes mais n'atteint pas pleinement son potentiel comique. Ça tourne à vide. Encore.
C'est dommage. D'autant plus dommage que par à-coups, le show retrouve les ingrédients du succès. Que ce soit le soir du dîner chez Jan et Michael ou en fin de saison avec l'arrivée de Holly Flax. Une fin de saison qui fait espérer que la série saura rebondir.
Ce serait bien parce que The Office, en période faste, c'est juste in-con-tour-na-ble.

Bien à vous,
Benny

mercredi 21 avril 2010

Ego, go, go...

Quand je regarde une série, j'aime bien les épisodes qui ont des suites ou des répercussions d'une saison à l'autre. On dit que ça flatte le téléspectateur qui est récompensé pour sa fidélité. C'est ce qu'on va faire dans le post d'aujourd'hui. Une façon comme une autre de flatter mes nombreux e-lecteurs (en gros, toi et toi).
L'an dernier donc, je vous avais parlé d'un gars que j'avais rencontré au boulot, coach sportif de son état, dont le discours m'avait plutôt bluffé. Surtout une phrase en fait, quand je lui avais demandé pourquoi il avait continuer à bosser alors qu'il n'avait toujours pas les moyens qu'il réclamait. Sa réponse était empreinte de sincérité: "Rester ici en début de saison, c'était le choix du coeur. Je fais parfois des choses qui défient la logique alors que d'autres, dans les mêmes conditions, seraient partis (...) Il y a des sentiments qu'il faut parfois laisser de côté mais je n'y arrive pas". Elle m'avait d'autant plus touché qu'il était en train de remporter son pari.
Et effectivement, il a gagné la partie.

Au bout des idées et du chemin


Avec le temps, je me suis rendu compte que cet homme n'était sans doute pas le héros romantique qu'il semblait être. Qu'il paraissait au contraire, par certains côtés, assez imbus de sa personne. Un peu comme si le succès de son équipe, c'était d'abord le sien parce qu'il y a cru avant beaucoup d'autres. Au bout du compte, il oubliait parfois que c'est d'abord un succès collectif. Un gars finalement moins naïf, peut-être très malin dans sa communication. C'était un peu décevant. C'était surtout humain.
Cette année, il est toujours là. Mais le succès, lui, est parti. L'année aura été catastrophique. Pourtant, je dois dire que le bonhomme, finalement très complexe, me laisse toujours songeur. A sa place, beaucoup aurait lâché l'affaire et ils n'auraient pas forcément eu tort. Lui a continué, affirmant à qui voulait l'entendre qu'il croyait qu'ils pourraient, lui et ses joueurs, faire la passe de deux. Démontrant peut-être dans la défaite que ce qu'il disait il y a presque 16 mois était vrai, sincère.

Comme une figure qui se casse...

Il se peut que je me trompe. Il se peut que ce gars soit un opportuniste, qui est resté pour encaisser son chèque mensuel (je suis naïf, ne l'oublions pas). Mais il y a une chose dont je suis sûr, et que je trouve assez fascinante. Ce mec est un monstre d'ego. C'est ça qui lui a permis de réussir quand les autres se payaient sa tête. C'est ça qui l'a fait tenir en pleine tempête, quand on se retrouve seul avec ses idées et ses convictions. C'est peut-être ça, aussi, qui le conduira à sa perte. En tout cas à une sortie vraisemblablement peu glorieuse. Lui qui aurait pu filer plus tôt, avec les honneurs.
Tout ça, ce n'est jamais que du sport. Ce bonhomme, c'est un entraîneur comme il y en a plein dans plein de sports. Mais c'est ce genre de figures qui me fera toujours pensé qu'autour d'un terrain de jeu, on peut croiser des personnalités qui ne feraient pas tâche dans un récit dramatique...

Bien à vous,
Benny

samedi 17 avril 2010

"The Shield", saison 3 : Farmington s'enfonce dans l'ombre

Il y a presque deux ans, j'ai écrit ici même que prendre conscience qu'une bonne série franchit un cap, devient une grande fiction, c'est toujours un moment bluffant. Ça s'apparente surtout à un puzzle dont les différentes pièces, une fois assemblées, donnent enfin à voir ce qu'elles portaient secrètement.
La saison 3 de The Shield, c'est vraiment ça. Les forces en présence de la série de Shawn Ryan sont désormais en place, et c'est sur leur interaction que repose la force du récit qui, ce coup-ci, ne faiblit pas d'un bout à l'autre.

More money, more problems

On avait quitté la Strike Team après le fructueux passage du money train. Vic et ses hommes avaient franchit une nouvelle étape dans leur voyage au-delà des règles et on ne savait pas trop comment les choses allaient évoluer. La vraie bonne idée des auteurs du show, c'est de montrer les conséquences de leur dernier gros coup sur chaque membre de la brigade de choc (comme on dit en VF). Parce que mettre la main sur le money train, c'est une chose. Pouvoir utiliser son contenu, c'en est vraiment une autre.
C'est ce que la série démontre méthodiquement, avec une multitude d'événements qui nourissent une tension en courant continu.
A ce petit jeu, on sent que le binôme Vic/Shane franchit lui aussi un cap : il se place même au coeur de la série et cela ne changera plus. Avec l'épisode Tavon d'abord, avec l'arrivée de Mara surtout. Le duo (j'ai presque envie de dire le couple, pour un peu) que l'on voit dans le pilote et le préquel de la saison 2 (l'épisode Copilot) est sérieusement bousculé, jusqu'à un season finale où l'on voit se dessiner de bien funestes perspectives. La dernière scène le démontre avec force : Vic, cette année, est allé encore un peu plus loin dans la nuit...

Aceveda dans l'oeil du cyclone

Mais il n'est pas seul dans ce cas. Tous les personnages seront mis à rude épreuve cette saison. Absolument tous. Le passage de 13 à 15 épisodes aura été adroitement géré et joue assurément dans l'exploitation du paysage de la série. Parmi les personnages qui occupent le second plan de la série (des guillemets n'aurait pas été superflu, parce que l'expression est peut-être un peu trop forte), celui qui crève l'écran, c'est Aceveda évidemment.
Victime d'une agression ignoble, le capitaine vit une expérience proprement traumatisante, décrite avec beaucoup de justesse. Et surtout beaucoup de cohérence avec la personnalité du chef du Barn. La façon dont il se sortira de cette affaire est précisément ce qui donne du poids à cette affirmation. Confrontés à une situation identique, Vic ou Dutch n'auraient certainement pas agi de la même manière. Mais le bonhomme trouvera une porte de sortie en adéquation avec ce que l'on sait de lui. Et ça, c'est la marque de fabrique d'une série vraiment bien écrite.

Claudette Wyms, 
l'icône ballottée mais vaillante

Le duo Dutch/Claudette ne sera pas en reste. Si le premier prend à bras le corps une nouvelle enquête scabreuse, on le voit également évoluer sensiblement par rapport à la saison un. La seconde, elle, conserve sa place de figure iconique au sein du casting : le repère du téléspectateur, c'est elle. Et quand elle se plante ou qu'elle reste arc-boutée sur ses principes (comme en fin de saison), elle renforce, par ses choix et par son attitude, la complexité du monde dans lequel évoluent Vic, Julian, Danny et tous les autres.
Superbe plongée dans l'ombre, cette troisième saison laisse entrevoir des jours encore plus sombres. Mais on sait qu'avec The Shield, la nuit est définitivement remplie de nuances de gris.

Bien à vous,
Benny

vendredi 16 avril 2010

L'album d'avril : "Slash" (Slash)

Bon, les enfants, à la casa Benny, le PC me fait le coup du rhume des foins. Du coup, pour poster en ce moment, c'est aussi facile que d'instaurer une taxe carbone dans notre pays : un coup, je crois que c'est bon ; un coup, je me dis que c'est non.
Tout ceci ne doit pas nous éloigner de l'essentiel, en l'occurence la chronique musicale de ce mois-ci. Et cette fois, c'est un des monstres sacrés des manches à cinq cordes qui s'y colle avec un album eponyme.
Un album de guitariste, c'est toujours un rendez-vous un peu particulier parce qu'on ne sait jamais trop à quoi s'attendre. Est-ce qu'on va avoir droit à une dizaine de plages instrumentales, marquant une fois sur deux le talent de l'artiste mais aussi l'absence de ses comparses passés (Jeff Beck, des Yardbirds, nous fait un peu ce coup-là ce mois-ci) ? Ou est-ce qu'on va avoir droit à une tripotée de chanteurs venus jouer les opportunistes/faire-valoir au détour d'un enregistrement ?

Des invités bien soignés

Ici, rien de tout ça. Enfin, disons plutôt que l'ex-guitariste des Guns & Roses évite ces deux pièges. Alors oui, clairement, la liste des artistes venus pousser la note sur cet album est ébourrifante. Ozzie Osbourne (Black Sabbath), Lemy Kilmister (Motorhead), Fergie (Black Eyed Peas), Andrew Stockdale (Wolfmother), Dave Grohl (ex-Nirvana, Foo Fighters), Iggy Pop... ils sont tous là et ne sont pas là pour jouer les figurines cartonnées sur scène.



Chaque titre s'apparente en effet à une plongée dans un univers rock aux subtilités différentes. On n'imagine pas Osbourne chanter le titre de Stockdale par exemple. Du coup, cet album est vraiment une collaboration dynamique... et elle fait ressortir avec puissance le talent du guitariste vedette. Inventif, énergique, il fait valoir toute la palette de ses capacités et celle-ci est vraiment bluffante. Une vraie, grande réussite. Chapeau, l'artiste.
L'album est consultable en cliquant là.

Bien à vous,
Benny

vendredi 9 avril 2010

Clip, clip, clip hourra : "Anna Molly" (Incubus, 2006)

On reste dans les années 2000 pour notre voyage au pays des clips... et on s'intéresse à un extrait de l'album Light Grenades des Californiens de Calabasas : Incubus.
On survolera rapidement le joli jeu de mots du titre (Anna Molly/Anomaly) pour s'intéresser à un clip pas super, super gai mais néanmoins efficace dans sa capacité à gérer la tension dramatique. Une assez jolie réussite que l'on doit à The Oil Factory Inc.
Le reste se passe de commentaires...




Bien à vous,
Benny

mardi 6 avril 2010

Le film d'avril : "Anvil !"

Lundi, j'ai fait deux trucs assez rares, finalement. Je suis allé au ciné et j'ai vu un vrai film qui parle d'amour. Le plus beau, c'est que je m'y attendais pas forcément. En tout cas, pas comme ça... J'ai vu Anvil !, de Sacha Gervasi (auparavant scénariste du Terminal de Spielberg).
Ce film, c'est d'abord un documentaire, un documentaire rock. Le pitch est redoutablement efficace. Dans les années 80, quatre groupes de rock sont partis en tournée au Japon alors qu'ils commençaient tout juste : il y avait Scorpion, WhiteSnake, Bon Jovi et Anvil. Trois d'entre eux sont devenus célèbres. Le quatrième n'a jamais décollé. Et c'est celui-là que Gervasi est allé filmer.

Chronique du fond du trou

Anvil, c'est un groupe de metal pur et dur. Avec son gros son de guitare, sa batterie à la fois lourde et martelée et ses chevelus qui secouent la tête dans tous les sens. C'est aussi et surtout deux quinquas, le chanteur Steve "Lips" Kudlow et le batteur Robb Reiner. Deux juifs canadiens qui se sont connus à quatorze ans et ont fait un rêve : devenir des stars du rock ensemble. Leur musique va influencer les plus grands, de Metallica à Slash de Guns & Roses, mais eux vont disparaître du devant de la scène. Lorsque la caméra s'allume, ils ont cinquante balais et ils y croient encore : ils peuvent revenir en force. Ils sont presque les seuls ? Ouais, peut-être. Mais ils s'en foutent : après tout, ils n'ont besoin d'être que deux.
Pourtant, les raisons de lâcher l'affaire existent : Steve bosse comme livreur dans une cantine chaque semaine. La famille de Robb n'y croit plus. Leurs derniers albums ont eu un succès confidentiel. Mais les deux chevelus ne lâcheront rien. Jamais. Quitte à faire une tournée en Hongrie ou en Roumanie où les salles sont vides. Tant pis s'il faut enchainer les bides avec une improbable manageuse italienne complètement larguée : ils ont un coeur énorme, et c'est ce qu'il faut pour aller encore un tout petit peu plus loin...

Le plein d'émotion

Authentique morceau d'humanité, le documentaire de Gervasi est un de ces films qui vous poursuit dans la rue, quand vous sortez de la salle obscure et que vous rentrez chez vous en silence. Parce qu'il est drôle (les deux gugusses font souvent rire malgré eux) et surtout vraiment émouvant.
A plusieurs reprises, comme dans la bande annonce, les garçons loupent le train qui les emmènent au prochain concert et l'image est forte, symbolique. La loose, celle qui vous colle aux pompes bien comme il faut, les Anvil connaissent. Les claques, ils en ont ramassé un sacré paquet. Est-ce que, pour autant, ils vont lâcher ? Non. Parce qu'ils sont restés des gosses attachés à leur rêve. Et que s'ils courent après la gloire, si la perspective d'échouer les hantent, c'est finalement le plaisir de la rencontre, l'émotion de la scène qui les fait encore et toujours avancer.
Ce qu'ils cherchent avec le succès ? Sans doute juste la possibilité de partager ces sensations avec plus de monde. Les ados qu'ils ont été sont toujours là. Et tant pis si le temps passe plus vite que les rêves.


Anvil Bande-annonce
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Les grands films, ce sont ceux qui transcendent leur propos initial pour effleurer des questions universelles : l'amitié, le vieillissement, la solidarité, la solitude, le doute qui vous mine, le jusqu'au-boutisme qui frôle le pathétique, l'opiniâtreté qui réchauffe les coeurs, emportant tout et tous dans son sillage... Tout ça, vous le trouverez dans Anvil !. Un film d'amour, avec des cheveux longs, des guitares et du poil au menton. Un monument à une époque où l'on vous dit que si vous n'avez pas de rolex à cinquante ans, vous avez raté votre vie...

Bien à vous,
Benny