mercredi 30 juin 2010

"Boomtown", Los Angeles sous tous les angles

En début d'année, j'ai lu, sur plusieurs blogs et autres sites consacrés aux séries, des classements des meilleures shows de la décennie passée. J'ai souvent, très souvent été d'accord avec ce qui était écrit. Mais j'ai tout aussi souvent constaté que l'on avait tendance à oublier une série policière qui avait recueilli de très nombreuses critiques élogieuses avant de s'éclipser des écrans radars. C'était avant de disparaître des mémoires de manière un peu injuste.
Cette série, c'est Boomtown, de Graham Yost avec Donnie Wahlberg, Neal McDonough (Band of Brothers), Jason Gedrick (Murder one) et Mykelti Williamson (Forrest Gump au cinéma).
Je viens de finir son revisionnage et il est clair que cette série a très bien vieilli. Mieux : elle mérite toujours le titre de petit bijou télé.

Si vous aimez les puzzles...

L'histoire ? C'est celle de deux flics, deux inspecteurs, un procureur, une secouriste et une journaliste qui se retrouvent, épisode après épisode, confrontés à des crimes. Chacun d'un a son point de vue sur l'histoire et c'est en découvrant leur regard sur le délit que l'on appréhende la complexité de l'affaire.
Reprenant à son compte la vieille formule du linguiste suisse Ferdinand de Saussure "Le point de vue fait l'objet", Boomtown propose au téléspectateur des intrigues puzzle, dans lesquelles la narration est souvent syncopée. Les mêmes scènes sont parfois abordées sous plusieurs points de vue, pour mieux décrire la complexité des situations.
Un exercice virtuose qui a un double avantage : elle instaure d'entrée un jeu de piste avec le téléspectateur et permet de développer des portraits très finement dessinés. Plus que l'astuce scénaristique seule, c'est bien l'équation "multiplication d'angles d'approche + personnages complexes" qui fait la richesse de la série.

Une équation géniale


A ce titre, les personnages de Joël Stevens (Wahlberg), Bobby "Fearless" Smith (Williamson) et David McNorris (McDonough) sont vraiment très réussis. Dans le rôle de procureur ambitieux en proie à des démons autodestructeurs, ce dernier personnage est peut-être un des plus beaux de la décennie télé. Il doit pour cela beaucoup à son interprète, qui l'habite avec une conviction vraiment marquante.






Définitivement audacieuse, Boomtown n'aura pas eu une vie très tranquille. Si la critique a porté aux nues la création de Graham Yost (scénariste de De la Terre à la Lune et Band of Brothers, avant de rebondir avec Justified cette année sur FX), l'audience, elle, n'a jamais vraiment accroché. C'est ce qui a conduit les scénaristes à revoir leur copie pendant la seconde partie de la saison 1, histoire de simplifier la compréhension de l'ensemble. Si cela porte un coup à la particularité narrative du show, cela ne pèse cependant pas trop lourdement : la qualité des histoires et l'évolution des héros font que cette modification est facilement tolérable.

Une saison 2 pas inoubliable

Contre toute attente, la série aura droit à une seconde saison... alors que personne n'y croyait. Cette fois, les changements sont plus lourds. Exit le personnage de la journaliste (joué par Nina Garbiras), remplacé par un inspecteur de plus (une femme : Vanessa Williams, période pré Ugly Betty). La série devient un cop show plus classique, moins surprenant. L'aventure ne dure que six épisodes, avant l'annulation définitive.
On peut nourrir des regrets devant cette suppression et, en même temps, ces ultimes épisodes laissent un goût franchement mitigé. On a l'impression que les exécutifs de NBC ont voulu donner un aspect polar beaucoup plus basique à la série et cela pèse sensiblement sur le résultat final.
On a un peu l'impression de voir la dernière saison de Third Watch, une série pas mal mais différente de celle qu'on avait aimé au départ...
Une conclusion un peu bâclée qui ne remet pas en cause l'essentiel : par ses parti pris narratifs culottés, par sa mise en images inventive (signée Jon Avnet, Beignets de tomates vertes), avec ses héros émouvants et sur un fil, Boomtown reste un must des années 2000.
Voilà, c'est dit.

Bien à vous,
Benny

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