vendredi 26 novembre 2010

"Damages" (saison 2) : Patty Hewes et Ellen Parsons pédalent dans le vide

L'an passé, j'avais fait une looooongue analyse de la première saison de Damages. Même que c'est encore lisible en cliquant là, ici et aussi là. Et je me souviens avoir (notamment) dit que la série imaginée par les Kessler et Zelman reposait sur une vraie  mécanique de précision. Où la forme et la fond (encore, décidément...) étaient inextricablement liées. J'avais même dit que l'ensemble ne supporte sans doute pas le moindre grain de sable entre ces rouages.
En voyant la saison 2, je me dis que je n'avais pas tort. Et je n'en tire absolument aucune gloire. Parce que la mécanique, dans ces treize épisodes-là, est plutôt grippée.

Petit rappel...

Le final de la saison un avait posé les jalons de ce qui nous attendait. Consciente que c'est à cause de Patty qu'elle a perdu tous les repères qui faisaient sa vie avant de rejoindre Hewes et associés, Ellen acceptait le deal proposé par le FBI.
Ce faisant, elle se rapproche encore plus de son sombre mentor. Avide de justice, elle se lance aussi dans une croisade vengeresse toute personnelle. Elle veut faire tomber sa cible. Comme Patty voulait faire tomber Arthur Frobisher, finalement.
Un postulat plutôt réjouissant... que Glenn et Todd Kessler et Aaron Zelman ont lié à une nouvelle affaire impliquant une très grosse entreprise. Imposer Damages comme LA série judiciaire de la criminalité en col blanc, c'est une excellente idée. Ca colle en tout cas parfaitement avec la forte dimension symbolique des histoires et des personnages qui font la série. Sauf que ça ne peut marcher que si l'on part justement de personnages dont la complexité est pleinement mise en lumière.


Globalement décevant

Cette année, dans ce rayon, on a l'avocate Claire Maddox (Marcia Gay Harden). Et c'est tout. Jamais les Walter Kendrick, Daniel Purcell et autres David Pell, principaux protagonistes de "l'affaire" de la saison 2 n'atteindront la dimension de leurs devanciers. Et cela n'a rien à voir avec la qualité des acteurs qui les incarnent : John Doman, Clark Peters (The Wire) et William Hurt (Into the Wild, entre autres) ont montré par le passé qu'ils avaient tout le talent nécessaire. Le problème est ailleurs, dans la construction de l'histoire.
Cette saison 2 ne manque pas de rebondissements, elle compte même son lot de bons épisodes et de moments forts. C'est sur le temps long, la globalité, qu'il y a un souci. Un souci d'autant plus gros que la série, on le rappelle pour ceux qui n'auraient toujours pas suivi, repose sur un récit à double détente et avec quantité de flashforwards.Quelque part, c'est ce qui syphonne bien comme il faut le récit. Tout au long de la saison, on se dirige vers une confrontation dantesque et tous les twists sont bons pour y arriver. Sauf que cela se fait plutôt au dépens du développement des personnages, de leur complexité.


Un douloureux comparatif

Faites un test : regarder le pilote de la série et le season finale n°2. Le constat est flagrant : d'un côté, on a une maîtrise brillante des enjeux, ce que Aaron Sorkin désigne comme "L'autel des intentions et des obstacles" dans une interview consacrée au scénario de The Social Network. On sait qui fait quoi, qui représente quoi et quelles sont les aspirations des uns et des autres, fussent-elles contradictoires ou non. De l'autre, on se retrouve face à une succession de rebondissements plutôt surprenants mais émotionnellement vains. Ce qui est assez terrible.

Résultat : Patty Hewes et Ellen Parsons pédalent dans le vide. Désespérement. Ce qui est d'autant plus dommage qu'il y a de vraies bonnes idées dans cette saison deux : notamment la façon dont Ellen fait face au deuil. Mais ce thème est abordé de manière trop maladroite pour nourrir l'histoire principale, et faire qu'on soit vraiment ému par ce qui se passe.



Tout ça, c'est un beau gâchis.

Bien à vous,
Benny

2 commentaires:

Une blonde dans la ville a dit…

Raaaah... mais heu !
je viens tout juste de commencer à regarder cette saison après avoir longuement hésité à l'acheter... trop tard :)

Benny a dit…

@ La Blonde légitimement en colère :

Merdum ! Mais je savais même pas que tu avais vu la saison 1. Et tu n'as jamais dit ce que tu en pensais... c'est mal !

Sinon, c'est pas grave : tu auras peut-être un autre avis et tu pourras le faire valoir ici (oui, c'est de la récupération).