lundi 30 mars 2009

"Damages" et les ombres de l'ambition (Partie 1 : Ellen Parsons, Patty Hewes 2.0 ?)

Amateurs de trilogies, Le Monde de Benny remet ça en chroniquant une série complexe et dont il est difficile de dire un maximum de choses en un seul post. Voilà pourquoi, au moment de m'intéresser à la série de Todd Kessler, Glenn Kessler et Daniel Zelman, j'ai pris le parti d'attaquer la saison un sous trois angles. Le premier étant les liens qui unissent les deux héroïnes de la série Ellen Parsons (Rose Byrne) et Patty Hewes (Glenn Close).

La force et ses symboles

Un premier thème incontournable quand on veut parler de ce drama, parce qu'il met également en exergue un des principaux aspects de cette singulière série judiciaire : Damages, c'est une série qui met en scène avec acuité la violence symbolique.
Ne nous y trompons pas : la violence physique existe dans la série, le sang coule à plusieurs reprises. Les scènes autour desquelles se stucturent tous les flash forward (puis les flash back dans le dernier épisode) fonctionnent principalement autour de ces actes. Mais toute la tension, l'atmosphère oppressante qui caractérisent la série, reposent sur l'évolution du rapport de force qui existe entre Patty et Ellen.

Duel et dualités

Dans le pilote, Ellen Parsons s'apprête à rejoindre le cabinet de Hollis Nye lorsqu'elle reçoit une proposition de Hewes & Associates. Le cabinet est sous les feux de l'actualité. C'est lui qui défend la plainte au civil des salariés d'Arthur Frobisher (Ted Danson). Ces derniers accusent leur ex patron d'avoir vendu ses actions juste avant que ne coule l'entreprise. L'homme d'affaires se serait ainsi grassement rétribué alors que ses employés ont tout perdu.
En deux échanges (dans les couloirs du cabinet... et au mariage de la soeur d'Ellen. Dans les cabinets. Désolé), Patty parvient habilement à convaincre Ellen de rejoindre son équipe. Comment ? En jouant sur sa fine connaissance des sentiments humains. Ellen est foncièrement ambitieuse, Patty le sait. Et Patty sait aussi qu'elle fascine la jeune avocate.
Rien d'étonnant à dire vrai : véritable pitbull quand il s'agit de négocier avec ses pairs, Hewes est également une très bonne oratrice. Notamment quand il s'agit de convaincre les salariés d'Arthur Frobisher qu'elle ne pense qu'à défendre leurs intérêts.

Ellen et la quête de justice


Pourtant, très vite, Ellen comprend que Patty est manipulatrice. Dans un premier temps, confortée par Tom Shayes (Tate Donovan), elle se voile la face et refuse de l'admettre.
Convaincue que Patty ne pense comme elle qu'à la justice (même si ses méthodes ne manquent pas de poser question), elle va peu à peu évoluer dans sa façon de concevoir les choses.
Insidieusement, Patty fait évoluer le point de vue d'Ellen. En évoquant la difficulté à assouvir ses ambitions quand on est en couple. En lui conseillant de congédier son assistant empoté. Tout cela par petites touches. Mais de manière très efficace. A un moment, on se surprend même à penser qu'Ellen change physiquement. Quand Ellen retrouve Greg Malina dans le prologue de l'épisode 1.06, la jeune femme à les cheveux en chignon, le visage dur et des yeux cachés derrière des lunettes noires.
A ce moment, alors qu'elle menace le jeune homme de représailles s'il n'apporte pas son soutien à Hewes & Associates, on se dit qu'elle devient de plus en plus comme Patty. Une femme qui veut la fin.
Pour elle pourtant, les moyens de parvenir à son but font encore l'objet d'une vraie réflexion. En particulier, dans le cercle intime, lorsqu'elle évoque l'affaire avec son fiancé David. On ne peut s'empêcher toutefois de se demander : dans un univers si particulier, combien de temps cela va durer ?

Patty et l'ivresse du pouvoir

Ce qui attire Patty, c'est le pouvoir. Dans les médias, face aux juges. Face aux plaignants, devant ses collaborateurs. Au cabinet, on craint Patty Hewes. Littéralement. Il suffit de voir le parcours de son bras droit Tom Shayes, un formidable personnage. Aspirant au pouvoir mais incapable d'assumer, dans un contexte dur, ses aspects les plus violents (la confrontation avec ceux qui vous ont fait, la peur de ne pas être à la hauteur), Shayes est un faible.

Là aussi, il suffit à Patty d'utiliser sa brillante connaissance des rapports humains pour, en une seule conversation, écraser les velleités de Tom. C'est un numéro deux, un passe-plat. Point barre.

L'étrange écho des entourages

On peut imaginer, au départ de l'histoire, que Patty Hewes considère Ellen de la même façon que Tom. A ceci près, que la jeune femme lui ressemble en de multiples points. Elle est brillante, opiniâtre. Elle a du tempérament et du répondant. Et elle est surprenante.
A plusieurs reprises, Ellen fera valoir toutes ses qualités alors que Patty ne s'y attend pas. L'avocate va devoir changer d'avis sur sa jeune collaboratrice tout en ayant à gérer des problèmes personnels. Michael, son jeune fils prend effectivement un malin plaisir à lui contester dans la sphère privée ce pouvoir que personne d'autre ne lui dispute.
Leur situation personnelle se répondent d'ailleurs dans un bien étrange écho. Pour Ellen, David est la stabilité, le garant de certaines valeurs. Pour Patty, Michael est celui qui destabilise. Celui qui, en l'obligeant à réagir à ses provocations, lui fait prendre conscience de ce qu'elle est devenue.

Deux doubles fragiles
au bout du chemin


Alors que le dénouement approche, Patty va enfin s'apercevoir qu'Ellen est son double. Peut-être ce qu'elle était il y a de nombreuses années avant d'être soulée par le pouvoir et ses compromissions. Prise au piège entre sa volonté de garder ce pouvoir et le désir de garder auprès d'elle cet autre "moi", garant de certaines valeurs morales (ne serait-ce qu'en apparence), Patty paraît, en fin de saison, considérablement fragilisée. Au point de bientôt chanceler ? Rien n'est moins sûr...
Ellen, elle, semble toute aussi fragile. Plus que jamais portée par la volonté de faire triompher la justice, elle veut aussi se venger de tout ce qu'elle a subit, de tout ce qu'elle a perdu pendant l'instruction de l'affaire Frobisher. Et la vengeance emprunte des chemins autrement plus tortueux, autrement plus dangereux. Parviendra-t-elle, seule contre les autres, à atteindre son objectif sans se perdre ? Alors que sa vie devient finalement un mensonge, le doute est réel.

Bien à vous,
Benny

PS : bon, ben pour le texte court, on repassera... Damn you, Damages !

Aucun commentaire: