jeudi 4 novembre 2010

"The Wire" (saison 1) : "And all the pieces matter..."

Baltimore, Etat du Maryland au début des années 2000. Le trafic de drogue gangrène les quartiers ouest et les forces de l'ordre ne peuvent pas faire grand'chose pour endiguer l'économie parallèle en place. Alors qu'un procès pour meurtre débouche sur la relaxe du jeune D'Angelo Barksdale, l'inspecteur Jimmy McNulty, de la brigade criminelle, donne un coup de pied dans la fourmilière en parlant au juge Phelan du caïd qui fait tourner tout le business. Un homme dont personne n'a jamais vu le visage. Son nom : Avon Barksdale, l'oncle de D'Angelo.
Le juge monte au créneau et met la pression sur les patrons de la brigade des stups et de la criminelle pour mettre la main sur lui. Une unité spéciale est créée. L'objectif qui lui est assignée : faire des saisies et des arrestations. McNulty est détaché dans cette équipe. Son but: démanteler le réseau.

A la rencontre du roman et du reportage/document
Attention : exercice excessivement casse-gueule. Parler de la saison 1 de The Wire alors que souvent, tout a été dit et beaucoup de choses ont été (très bien) écrites, ce n'est pas la chose la plus facile à faire. C'est peut-être pour ça que je ne m'y résouds que maintenant, alors que j'ai vu le season finale à la mi-septembre.
A l'impossible nul n'étant tenu, voici donc un post qui se concentre sur la singularité structurelle de la série. Sur ce qui fait que ce show est une oeuvre vraiment à part. A la rencontre du roman et du reportage/document.


Et de trois...

De fait, la série est d'abord la rencontre d'un ancien journaliste (David Simon, que l'auteur de ce blog n'est pas loin d'appeler Dieu) et d'un ex-flic (Edward Burns, rien à voir avec l'acteur-cinéaste new-yorkais). Après son livre reportage sur la brigade criminelle de Baltimore (Homicide : A year in the killing street) qui donnera naissance à la plus grande série policière US des années 90 (Homicide, développée par Barry Levinson et Tom Fontana); après une mini-série consacrée aux ravages causés par la drogue dans une famille noire (The Corner, déjà avec Burns), The Wire est la troisième série écrite et tournée in location à Baltimore par Simon. C'est surtout une nouvelle étape dans son parcours narratif. A travers ce show, ce dernier revisite les thèmes qu'il a déjà abordés en les mettant en perspective de manière audacieuse.

Dans la ville, dans la vie

Pourquoi ? Parce que The Wire n'est pas une série policière, ce n'est même pas une série sur le trafic de drogue. C'est une fiction qui enracine profondément son propos dans le phénomène urbain et la façon dont il s'organise. Une série sur la ville, une série sur la vie. En entremêlant l'histoire des Barksdale et celle de la bigade commandée par le lieutenant Daniels, les scénaristes prennent le temps de poser tous les éléments du récit mais c'est ce qui, au final, happe complètement le téléspectateur.


Des icônes sur un plateau d'échecs

A plusieurs reprises, on voit D'Angelo Barksdale et ses dealers jouer aux échecs. The Wire, c'est une partie d'échecs. Où chaque pièce compte et intéragit sur les autres. Un jeu narratif qui met brillamment en relief la prééminence du système sur l'individu et, parallèlement, la volonté de l'individu de se battre pour faire bouger les lignes... Quitte à ce que l'on revienne, à la fin, au constat initial en l'appréhendant avec un autre regard.
Sombre, le show n'est pas complètement pessimiste.
Surtout, ses auteurs ne prennent pas leur série pour ce qu'elle n'est pas. A savoir, un documentaire urbain. Le coup de génie de Simon et de Burns, ce n'est pas "simplement" de nous livrer une série crédible dans les faits, dont le récit est porteur d'un puissant "effet de réel". C'est de jouer avec les codes de la fiction. D'intégrer d'authentiques personnages de romans, des personnages iconiques, dans l'histoire pour jouer subtilement sur les attentes du téléspectateur. A ce jeu, Omar et l'inspecteur Lester Freamon se posent en exemples de choix.

Poupées russes à Charm City

Scripts parsemés de détails réalistes, fine réutilisation des ressorts du polar, multiplicité des trames pour décrire un univers complexe... tous ces éléments, soigneusement imbriqués les uns dans les autres, donnent un ensemble unique, une histoire assez fascinante. Et où all the pieces matter...





Bien à vous,
Benny

1 commentaire:

r lefourbe a dit…

j'ai déjà fait la pub sur le forum de L&O mais il y a un débat intéressant sur l'image que The Wire a donné de Baltimore.
lien : http://seriestv.blog.lemonde.fr/2011/01/21/the-wire-attaquee-simon-replique/#comments