mercredi 18 août 2010

"Six Feet Under" (saison 2) : Le menteur, la pute et tous leurs amis

Back to LA. On avait laissé la famille Fisher peu après que David (le fils cadet) a fait son coming out à sa mère, après l'internement de Billy, le frère de Brenda, et surtout, juste après que Nate, le fils aîné, a appris qu'il était atteint d'une Malformation arterio-veineuse (MAV) potentiellement mortelle. Une conclusion magistrale au terme d'une saison inaugurale martelant épisode après épisode que la mort, le deuil, est là pour donner un sens à la vie.

Quand être et paraître s'équilibrent...

Portée par le dynamisme de son récit à entrées multiples (Six Feet Under est un ensemble show remarquablement équilibré : les noms qui défilent au générique de début ont tous une place vraiment importante dans le récit. Il n'y a, ici, pas de faire-valoir), le show d'Alan Ball met sans doute le personnage de Nate un peu plus en avant cette saison. Durant la première année, la pierre angulaire des scripts, c'était plutôt David. Avec ce personnage tiraillé entre sa foi et son homosexualité, et plus globalement entre son image et ses aspirations, le futur créateur de True Blood posait au coeur de son histoire une idée forte : les personnages de Six Feet Under bataillent constamment entre leurs désirs les plus profonds (quitte à ce qu'ils soient absurdes) et le poids du contexte.
Fondamentalement, ce n'est pas quelque chose de foncièrement original (on peut même dire qu'un trèèèès grand pourcentage de shows jouent là-dessus) mais Six Feet Under est sans doute la série où l'équilibre entre être et paraître est instauré avec force. On est loin par exemple de The Wire où la prééminence du système et des institutions dominent l'ensemble, écrasent tout le reste : ici, on est dans un étonnant soap sous acides, avec des personnages parfois franchement borderline.
Confronté à sa propre mort, Nate va aussi se retrouver face à ses contradictions et tous les arrangements qu'il a fait avec sa conscience. Notamment en se rendant à Seattle où il retrouvera Lisa, une fille dingue de lui, et en abordant une multitude de questions en lien avec l'après. Ce sera aussi l'occasion pour lui de croiser Ari, une femme rabbin interprété par la gracieuse Molly Parker, qui démontre que quand elle n'incarne pas Alma Garret dans Deadwood, elle reste une actrice au charme assez unique.

Le malaise Chenowith

Brenda, elle, est confrontée à son propre malaise à mesure qu'elle se dirige vers une "vie rangée" avec Nate. On pouvait penser que la présence de Billy dans sa vie constituait l'essentiel de son côté sombre et imprévisible. Cette saison 2 démontre qu'il n'en est rien et que son personnage est décidément très complexe.
A titre personnel, j'ai du mal avec Brenda Chenowith. J'ignore si c'est le personnage ou si c'est le jeu de Rachel Griffiths mais le fait est que parmi tous les personnages barrés du show, c'est la petite amie de Nate qui décroche la timbale. Et que c'est sans doute un ensemble de choses qui crée le rapport d'attraction/répulsion pour cette drôle de jeune femme. A un point tel que malgré toutes ses caractéristiques (ses choix à la cohérence douteuse, son attitude globale, sa froideur intrinsèque), j'ai quand même envie de voir ce qu'il va advenir d'elle.

Claire is magic...

Les autres poursuivent, de loin en loin, leur chemin : David forme un mignon petit couple gay quand bien même la vie avec son compagnon avant que les choses ne se compliquent salement; Ruth continue de casser peu à peu l'image austère (et la vie qui va avec) qui est la sienne; Rico est confronté à son homophobie alors que Claire poursuit sa quête d'identité. Drôle, émouvante, parfois paumée, la benjamine Fisher est un grand personnage. C'est sans doute l'adolescente la plus intéressante que l'on ait suivi à la TV depuis Angela Chase (My So Called Life) et Jessie Sammler (Once & Again) et la voir grandir est une jolie expérience de télespectateur. A un point tel que l'on a vraiment envie de voir la suite...

Bien à vous,
Benny

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