dimanche 4 juillet 2010

"The West Wing" (saison 7) : l'air chaud de la campagne

Voilà, ça c'est fait. Je n'ai pas de liste des trucs à faire pour cette année 2010 mais il ne fait aucun doute que si c'était le cas, j'aurais rayé la phrase "Regarder la dernière saison de The West Wing" avec une certaine émotion au bout du stylo. Parce que c'est, je l'ai déjà dit, une série à laquelle je suis particulièrement attaché. Mais aussi parce que ces 22 derniers segments étaient dans l'ensemble vraiment réussis.

Un vrai thriller politique
Dans le script à rebondissements qu'aura été l'histoire du show (deux très bonnes premières saisons, un léger coup de mou pour la troisième, une reprise en main pour la quatrième, une transition Sorkin/Wells un peu laborieuse en cinquième année, avant une audacieuse mutation pour la sixième), l'ultime saison marque une nouvelle étape.
Après la redistribution des cartes au sein du casting, The West Wing se transforme en effet dans sa septième année en un thriller politique haut de gamme : Josh Lyman, Leo Mc Garry et Matthew Santos deviennent les figures de proue de la candidature démocrate à la succession de Jed Bartlet à la présidence et ils ont, d'entrée de jeu, un sacré défi. Leur mission: rattraper le candidat républicain Arnold Vinick qui caracole dans les sondages.
Ce qui pourrait ressembler à un copier/coller plus ou moins (mal)adroit de l'intrigue centrale de la saison 6 est autrement mieux maîtrisé. Santos n'est plus le candidat venu de nulle part (enfin, du Texas) qui ne semble pas peser lourd entre John Hoynes et Bob Russell pendant les primaires.
Cette fois, il assume pleinement son rôle: dès le début de saison, on a vraiment l'impression qu'il endosse enfin le costume de candidat à la présidence. Il n'est plus seulement un aspirant président idéaliste mais devient une subtile synthèse de l'homme de convictions qu'il a toujours été et de l' "animal politique" qui sait communiquer avec intelligence avec le public. En résumé, lui et Josh (qui, tout au long de la série, est l'incarnation de cet animal politique) marchent d'un pas beaucoup mieux coordonné.



L'aile Ouest préfère la qualité
Cette saison 7 est, les trois-quarts du temps, structurée autour de la course à la présidence. C'est un peu comme si Wells et ses scénaristes passaient la vitesse supérieure après une année à jouer sur deux tableaux : l'administration Bartlet et la course à l'après-Bartlet.
Assez logiquement donc, l'équipe de la Maison Blanche "canal historique" se fait plus discrète. D'un certain côté, on le regrette un peu (Martin Sheen est un peu trop discret après sa magnifique prestation en saison 6), mais ce choix est d'autant plus cohérent que les scénaristes ont judicieusement privilégié la qualité à la quantité. Les intrigues qui se trament en effet du côté de l'aile Ouest sont souvent très réussies : la palme revenant assez évidemment à celle qui implique Toby Ziegler et Jed Bartlet. C'en est presque fini des "dialogues de couloirs" qui ont fait la marque de fabrique de la série : la course est ailleurs. Mais l'ensemble reste diablement efficace. 

Un débat comme un symbole

La preuve ? Il y a très peu de temps faibles et les moments marquants sont nombreux. Le débat Santos/Vinick (un épisode tourné en direct) en est un assez symbolique: il traduit le chemin narratif parcouru par la série. En cette fin de course, elle n'a plus grand'chose à voir formellement à celle du début des années 2000. Et pourtant, dans le déroulement de ce débat, avec des personnages que l'on ne connaissait pas en saison 5, on retrouve l'idéalisme, le souffle épique, l'intelligence et l'esprit Let Bartlet be Bartlet qui caractérisent le show.
Tout n'est néanmoins pas toujours parfait : avec Election Night, les scénaristes ont voulu intégrer la disparition d'un personnage clef avec le dénouement de la campagne... et ça ne marche pas complètement. A viser le trop plein émotionnel on en arrive paradoxalement un peu à l'inverse. A regret (d'autant que la disparition réelle de l'acteur rend le tout un peu génant: ça fait grosse ficelle émotionnelle que l'on garde pour un temps fort).

Le temps pour conclure
Cette réserve mise à part, la saison est d'autant plus enthousiasmante qu'elle ne se termine pas avec l'élection. Wells et son équipe ont en effet la bonne idée de ne pas escamoter la question de la transition entre l'équipe de Bartlet et celle du vainqueur. Celle-ci est en effet un excellent prétexte pour boucler les intrigues en plusieurs épisodes. Cela avait commencé avec la storyline entre Josh et Donna (conclue de manière adulte et ouverte) et continue jusqu'à Tomorrow, series finale dont le titre est tout simplement excellent.

Un ultime épisode qui ménage son lot d'émotions et de frissons jusqu'au bout, de la dernière scène entre Jed Bartlet Charlie Young à la dernière scène tout court, remarquable trouvaile qui boucle la boucle tout en récompensant le téléspectateur fidèle.
Là où, il y a quelques semaines, Lost se prenait les pieds dans le tapis en privilégiant l'émotion à la vraie résolution des storylines, The West Wing avait su, quatre ans avant, faire les deux. Brillamment. Mais pouvait-il en être autrement d'une série qui a toujours stimulé l'intelligence du téléspectateur, quitte à secouer les idées qu'on pouvait se faire d'une série? Pour moi, la réponse est assez évidente.


Bien à vous,
Benny

Aucun commentaire: