dimanche 27 avril 2008

Le DVD d’avril : "Abandonnée"

Attention, film choc. Quadragénaire, Marie revient en Russie pour en savoir plus sur ses origines. Adoptée dans de troubles conditions (elle ne sait rien de ses parents), mère d’une fille avec laquelle a du mal à communiquer, elle est aujourd’hui perdue, égarée. C’est donc pour savoir où aller qu’elle décide de savoir d'où elle vient, qu’elle entreprend un retour aux sources dans une maison à l’abandon dont elle vient d'hériter, et où se cache un terrible secret.

Psychologie de la peur

Bayona avec L’Orphelinat, Balaguerro et Plaza avec REC, Cerdà avec Abandonnée… En Europe, les réalisateurs espagnols donnent aujourd’hui un nouveau souffle au film fantastique/film d’horreur. En inscrivant effectivement leur propos dans un contexte émotionnel dense, Bayona comme Cerdà proposent des longs-métrages très particuliers.
Avec Abandonnée, on n’est pas dans le film qui cherche « simplement » à faire peur, à jouer sur les attentes du spectateur comme dans bon nombre de slasher movies americains : on est beaucoup plus dans le drame psychologico-fantastique. Les scènes chocs matérialisent avec force les peurs les plus intimes de Marie et Nikolaï.

Un cauchemar énigmatique

Au fur et à mesure qu’avance le film, la narration prend un caractère syncopé : Cerdà tente alors de jouer sur les affects et l’inconcient du public. Le spectateur bascule dans une sorte de cauchemar énigmatique au terme duquel le réalisateur révèle l’abominable vérité sur ce qui s’est passé quatre décennies plus tôt.
Abandonnée est un film troublant, remarquablement mis en scène par un metteur en scène qui signait là son premier long-métrage. Que l’on soit dehors (les images d’une Russie tour à tour belle et hostile) ou que l’on soit dedans (les scènes dans la vieille maison sont source de tension permanente), le film revisite avec succès plusieurs thèmes fondateurs de la psychanalyse (le double, le meurtre du père, le refoulé) et c’est ce qui en fait un objet intéressant. A la fois déroutant et bluffant. Une tragédie horrifique qui vous marque un petit moment après la fin du générique.

Bien à vous,
Benny

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