mercredi 5 novembre 2008

W, l'anti-homme d'état

Je suis allé au cinéma... et cela faisait un petit moment que ça ne m'était pas arrivé (la faute à CinéCinéma). Passé le dilemme du choix de film (Hellboy II ou W. ?), je me suis laissé porté par le film d'Oliver Stone et consacré à celui qui est aujourd'hui l'avant-dernier président des Etats-Unis.

Une intrigue miroir
Plus qu'un film qui se distinguerait par sa virtuosité cinématographique, W. s'appuie avant tout sur une solide trame narrative : le récit raconte en parallèle deux époques de la vie de George Walker Bush. D'un côté, la façon dont il accède à la présidence américaine. De l'autre, celle dont lui et son administration vont justifier l'entrée en guerre contre l'Irak. Un scénario particulièrement efficace et dont les deux axes sont un peu comme deux miroirs qui se répondraient.
W., c'est le portrait de l'anti-homme d'état. Un peu comme l'anti-héros qui subit les événements plus qu'il n'agit, Bush apparaît ici comme un imbécile à visage humain. Stone raconte tout au long du film que son héros n'a eu de cesse de composer avec le lourd regard de son père. Un père aux yeux duquel il ne répond jamais vraiment à ses attentes. Le pari est assez culotté : il donne en tout cas une complexité relative à un personnage qu'il est facile de détester au départ.
Le problème, c'est que l'on est ici dans un biopic. On ne sait pas vraiment où commence la fiction et où débute la dimension réaliste du récit, les éléments qui renvoient directement au réel. Et quand on s'attaque à un homme d'état aussi médiatique et aussi décrié que Bush, Jr. ça complique pas mal les choses.

Une drôle d'impression

Constatation évidente : on se retrouve face à un bon film, qui évite assez bien la lourdeur dans laquelle un tel long-métrage aurait pu s'embourber. Et en même temps.. on est un peu gêné par son aspiration "pseudo-documentaire". Le spectateur ne peut s'empêcher de se demander ce qui est vrai dans ce que raconte Stone. Son discours sur l'intervention américaine en Irak est cohérent. Impressionnant parfois. Mais sa propension à faire de George Bush Sr un second rôle plutôt stéréotypé (pour ne pas dire de fiction) casse complètement cette logique. Et c'est ce qui génère l'impression assez étrange évoquée plus haut.
Le casting est lui impeccable : de Josh Brolin dans le rôle titre à Richard Dreyfuss dans celui de Dick Cheney, en passant par Thandie Newton ou James Cromwell. En définitive, on passe un assez bon moment de cinéma. Un film pas désagréable mais un poil destabilisant.

Bien à vous,
Benny

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