vendredi 28 mars 2008

UNAIRED 2/3 : En février, j’ai vu un passionné prendre une caméra et aller au front

Je l’avais découvert incidemment. Ce soir-là, il présentait en une courte chronique Rocky, diffusé juste après sur Cinécinéma Frisson. Je l’ai revu six mois après, pendant le mois spécial Star Wars, s’excitant avec sa verve toute toulousaine sur la qualité de L’Empire contre-attaque pour mieux vomir sur la Bataille des Clones.
Je venais de tomber sous le charme de Yannick Dahan, chroniqueur ciné passionné comme on en voit peu.

Un éveilleur

Son enthousiasme, son sens de la répartie et son insatiable envie de faire découvrir des films méconnus ou mal jugés m’ont définitivement séduit. Pour moi, c’est LE journaliste. Pas parce qu’il aurait toujours raison, surtout pas. Mais parce qu’il y a chez cet homme une rigueur professionnelle, un souci d’information et une volonté de partage qui me laissent songeur. Le tout enveloppé dans une vraie simplicité que l’on décèle assez bien derrière ses emportements mémorables contre telle « claque mortelle » ou telle « bouse cosmique ».

Ciné transgressif, inventif, et liberté

Pas de chance : je n’ai vu que la fin de ses aventures sur Cinécinéma Frisson. Après cinq ans à présenter l’émission Opération Frisson, il a effectivement décidé de voguer vers d’autres horizons. Plus de « Bonjour et bienvenue », de « Je parle bien sûr de… » et autres « A la semaine prochaine pour de nouvelles aventures… ». C’est dommage : on devient très, très vite accro.
Dans un paysage cinématographique très consensuel, Dahan aura fait date en laissant entendre une autre voix. Celle d’un ciné aussi transgressif qu’inventif. Celui qui prend des risques par amour du spectateur. Et en tant qu’animateur, il aura mis un point d’honneur à se mettre au diapason.
« Un jour, expliquait-il l’an dernier au magasine de DVD Classik, j’ai descendu une édition de Matrix que je trouvais pitoyable ; le lendemain, l’attachée de presse m’a téléphoné pour m’annoncer qu’on ne m’enverrait plus rien. Seulement j’ai fait ce que semble-t-il personne n’avait osé faire auparavant. Je l’ai dit dans l’émission suivante, en prévenant que même s’ils ne supportaient pas qu’on dise du mal de leurs produits, ça ne m’arrêterait pas, quitte à les acheter moi-même pour en parler. 24 heures plus tard, coup de fil du patron de Warner, qui demandait qu’on m’envoie tout sans poser de questions. Depuis, je n’ai jamais été emmerdé. »

Une histoire vraie. Et comme il doit y en avoir très peu aujourd’hui (le fait que l’émission et l’animal étaient sur le câble expliquent sans doute pas mal de choses). Aaron Sorkin adorerait, c’est sûr…

Good bye & good luck

Je peux me tromper, mais je crois que, plus que tout, ce garçon est intellectuellement honnête. Ca impressionne. Ca m’impressionne en tout cas. Et me fait réfléchir à ce que je veux être.
Prendre des risques disais-je plus haut… Chroniquer des films, c’est bien. Mais quand on aime le cinéma, ça ne suffit pas. Dahan est donc parti faire son cinéma. Son premier film est en tournage. Moi, je croise les doigts… je respecte décidément trop ceux qui ont des cojones.

Bien à vous,
Benny

PS : si j’avais été plus malin, j’aurais pondu cette chronique bien plus tôt. Heureusement, Arnaud J. Fleishman, qui lui est un gars bien (et ponctuel), a assuré en temps et en heure. Big up à l’homme de Cicely.

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