lundi 6 octobre 2008

The Kill Point : de la guerre psychologique à la défaite narrative

Oui, je me suis fait avoir. En septembre , alors que la série était au début de sa diffusion sur France 2, j’ai bien cru qu’on tenait avec The Kill Point une grosse nouveauté. Une mini-série de poids. Hélas, les promesses des prémices n’ont pas tenu sur le long terme. Et je m’en vais vous dire pourquoi…

Un point de départ imparable

The Kill Point, c’est quoi ? C’est l’histoire du braquage d’une banque de Pittsburgh, la Three Rivers trust qui tourne à la prise d’otages quand les hommes emmenés par Mr. Wolf (John Leguizamo) se retrouvent sous les tirs des forces de l’ordre alors qu’ils tentent de prendre la fuite.
Très vite, des équipes d’intervention rejoignent le théâtre des opérations. Un négociateur, le capitaine Horst Cali (oui, il a un nom idiot. Mais comme c’est l’excellent Donnie Wahlberg, on s’en fiche), prend le commandement.
Là où la prise d’otages devient originale, c’est qu’elle est menée par des anciens combattants qui étaient quelques mois plus tôt en Irak. Et que Mr. Wolf, alias le lieutenant Jake Mendez, entend profiter des caméras pour faire de cet événement un acte politique fort. Ses exigences pour sortir de la banque ? Un gilet pare-balles pour ceux qui sont encore en Irak, l’engagement dans le service actif des fils de sénateurs qui ont voté cette guerre et… un bus pour s’en aller. C’est en tout cas ce qu’il affirme torse nu, sous les yeux des badauds, des caméras et des forces de l’ordre. En exhibant une multitude de cicatrices.

L’affrontement de deux personnalités

Tout l’intérêt de The Kill Point, c’est la guerre psychologique qui se met en place entre Mr Wolf et Cali. Une guerre où les dangers viennent de toutes parts, notamment à l’extérieur. D’un côté, il y a les anciens hommes de Mendez, bien décidés à l’aider à sortir. De l’autre, le père d’une des otages, un riche magnat prêt à tout pour sauver celle-ci.
Cet affrontement, passe par toute une série d’actions qui permettent tour à tour à Wolf et Cali de prendre moralement l’ascendant sur son vis-à-vis. Et c’est définitivement la partie la plus excitante de la série. Le gros problème de James De Monaco, producteur exécutif du show, c’est qu’il donne l’impression de maîtriser tous les enjeux de son récit, la complexité des questions qu’il soulève… et en fait pas vraiment.

Ni un thriller ni une série de société

Quand il décrit Wolf comme un homme brisé par la guerre, psychologiquement au bord du précipice, déterminé à placer la signification profonde de cette prise d’otages sur un terrain politique, on est en droit d’attendre que l’intégralité de son parcours au fil des épisodes traduise cela. Mais pas du tout. Cela parait surtout évident dans le dernier épisode où De Monaco essaie de surprendre le spectateur avec un final plutôt haletant mais où la dimension psychologique de la série est grandement évacuée. Le personnage de Wolf - brillamment campé par Leguizamo – devient en effet un prétexte pour brouiller le plus longtemps possible les cartes sur l’issue de l’aventure.
Au final, on a ni le thriller à rebondissements que souhaite présenter le scénariste, ni la série ancrée dans une réalité sociale forte qu’on semblait nous proposer. Wolf est-il un opportuniste au sang froid ? Ou cherche-t-il vraiment à éveiller les consciences sur ce qui se passe au Proche-Orient ? Au final, on en sait rien du tout, parce que la conclusion est franchement escamotée. C’est vraiment, vraiment dommage.
Si on a envie d'écrire un jour un scénario, on retient quand même quelque chose : dans un script réussi, l'évolution d'un personnage est cohérente de bout en bout et c'est elle qui impulse les twists dans le récit. Si on veut surprendre le spectateur avec un élément original mais qui tombe un peu du ciel, on prend le risque de se planter.

Bien à vous,
Benny

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