8h15 : le réveil sonne. Je m'extirpe de la couette en me débattant. Je me suis encore enroulé dedans comme un feuilleté au jambon.
8h25 : En me levant, je me sens nauséeux, pour la deuxième fois cette semaine. Sous la douche, je me demande qui pourrait être la mère si j'étais enceint. Non, au réveil, je ne suis pas toujours très malin.
9h15 : déjeuner sommaire, rapport au mal de ventre. Direction la BennyCorp en laissant un message sur le répondeur de ma meilleure amie qui, elle, est vraiment enceinte et fête ce jour-là ses 32 ans.
9h30 : arrivée à la BennyCorp. Un coup d'oeil sur le net pour voir où se trouve mon rendez-vous. Une impression mappy plus tard, direction le lieu en question avec une stagiaire photo. Je dois pas traîner à midi, je dois livrer... une pelle à neige pour une vidéo Halloween et faire une interview.
10h20 : arrivée au local, pour rencontrer la responsable d'une association qui vient en aide aux femmes SDF. Deux d'entre elles doivent venir témoigner, une autre qui s'en est sortie est également attendue. Ce sera la seule à venir. Juste avant qu'une autre, la vingtaine, débarque au local après un coup de fil du 115. Vous savez à quoi ça ressemble une femme SDF ? Certaines se masculinisent pour faire face à un milieu dur, violent, machiste. Mais la majorité font tout pour ressembler à n'importe qui. Celle qui entre ce matin-là porte un ensemble blanc. Elle a l'air d'une femme tout ce qu'il y a de plus normal. Quelqu'un qu'on peut rencontrer sans se douter de quoi que ce soit. "Parce que dans la rue, quand vous êtes une femme, vous êtes une proie alors vous faites très attention". J'ai l'estomac qui se noue, mais ce n'est plus la nausée.
10h40 : la femme qui était dans la rue parle de son parcours avec la stagiaire photo et moi. "Soyez discret", avait glissé la responsable avant le début de l'entrevue. Ca ne me pose en général pas trop de problème : j'explique que l'on est là pour établir une relation de confiance, que je ne suis pas là pour lui compliquer la vie davantage. Vous me dites ce que vous voulez me dire, et vous me dites ce que vous ne voulez pas que je note. Elle répond qu'elle ne veut pas faire de photo. Je joue franc jeu : ça ne m'arrange pas trop mais je respecte. Commençons d'abord par l'entretien. Sans faire exprès, son pied heurte le mien. Je lui dit, étonné, que ça faisait une paye qu'on ne m'avait pas fait du pied. Elle rit.
11h55 : Oubliée, la pelle à neige. Pas le temps. On est dans la rue, la photographe, l'ex SDF et moi... pour faire une photo. On tente le coup de dos, et en faisant le point sur la rue, pour qu'elle soit floue. On fait l'image... et elle dit que ça la gêne trop, qu'elle ne veut plus. La photographe efface les clichés devant elle, pour lui montrer qu'on joue le jeu.
12h30 : pause déjeuner. Et un petit tour sur le net au bureau. Aujourd'hui ce sera salade devant ordi. Plus un petit tour sur mon blog pour changer la barre des vidéos consultables. Je veux une sélection de vidéos sur
My name is Earl. Je me retrouve avec des clips de variété dont Bonnie Tyler et Kareen Anton. La barbe.
13h30 : la stagiaire photo et moi débauchons une collègue de l'étage du dessous pour servir de modèle pour la photo. Photo principale + photo de une : la plus chiante des formules. La photographe joue la carte contre-jour pour donner du style à l'image. Ca rend pas mal à première vue : je croise les doigts pour que l'on ait L'image.
14h45 : direction le centre-ville, pour rencontrer un artiste qui colle... des moutons sur les façades des immeubles de BennyCity. Un gars après lequel on court depuis une semaine et qui est très discret. Là encore, il faut jouer sur du velours, mettre le gars en confiance. Bien se mettre d'accord sur la façon dont il perçoit son activité. Pas question de faire relire le papier (jamais, c'est la règle) mais prendre le temps de lire les notes pour être sûr qu'on est sur la même longueur d'onde. Le courant passe bien, le mec est cool. Un joli moment.
16h : retour à la BennyCorp en bus. Re-coup de fil à ma meilleure amie. Elle a une bonne voix, c'est cool parce que je crois la grossesse suit assez normalement son cours.
16H30 : chasse au footballeur pour interview téléphonique, histoire de gagner du temps et ne pas aller, pour une fois, à l'entraînement vendredi. Impossible de mettre la main sur son portable. Coup d'oeil sur les pages blanches : il est dedans. Toujours, toujours, toujours revenir à la simplicité. Il n'est pas là : je laisse un message.
17 h : interview téléphonique avec l'adjoint au maire en charge du social, pour faire le point sur les SDF dans la ville.
17h30 : coup de fil et re-coup de fil à monsieur ballon rond. Pas de réponse. Demain, j'irais à l'entraînement. Merdouille.
18 h : début de la rédaction du reportage sur l'artiste.
18h15 : retour sur mon blog. La tronche de Bonnie Tyler me gave. Je mets des vidéos de
The Big Bang Theory en ligne.
18h45 : je rédige mon papier... et on me montre la fausse Une réalisée pour deux gars qui partent faire un tour du monde et doivent la montrer partout où ils iront. De la pub à moindre coup et sympa. Dans un coin, mes collègues ont mis... ma photo avec en sous-titre "C'est le nouveau Polanski". Ils rient deux minutes, je les méprise pendant un quart d'heure.
19h30 : fin de journée. Je suis têtu : je retente l'opération
My Name is Earl... et revoilà Bonnie Tyler. C'est la quatrième vidéo visible dans la sélection dans le coin à droite. Fais chier. Je rentre chez moi.Demain, j'ai un footeux à choper, un dossier à rédiger et une chanteuse has been à dézinguer. Mais après, c'est le week-end.
Bien à vous,
Benny