lundi 11 janvier 2010

"In Treatment" (saison 1) : Au jeu de l'amour et du bazar (Partie 1)


Paul Weston (Gabriel Byrne) est un homme qui sait écouter. Il en a même fait son métier : il est psychanaliste dans un quartier résidentiel américain. Son cabinet est installé au rez-de-chaussée de sa maison. Jour après jour, heure après heure, tandis que sa femme et ses enfants vivent leur vie dans les autres pièces de la maison, lui reçoit des patients qui lui confient leurs doutes, leurs craintes ou leur colère. Tout cela, souvent, avec quantité de silences et autres non-dits.

Le pitch/emploi du temps

Chaque lundi matin, il accueille Laura (Melissa George, vue dans Alias), médecin anesthésiste à la vie sentimentale et sexuelle assez cahotique. Le mardi, en milieu de matinée, c'est Alex (Blair Underwood, La Loi de Los Angeles), un pilote d'avion qui vient lui rendre visite : ce dernier a réussi tout ce qu'il a entrepris jusqu'au jour où il a bombardé par erreur une école au cours d'une mission.

Mercredi après-midi, place à Sophie (Mia Wasikowska) une ado qui prépare les sélections aux Jeux olympiques en gymnastique et vient parler d'un troublant accident de vélo (elle semble avoir foncé dans une voiture) qui inquiète son entourage. Jeudi en fin de journée, Jake et Amy (Josh Charles et Embeth Davidtz), un couple en crise, vient s'affronter sur son canapé...
Mais Paul a un problème : il a du mal à rester concentrer. Comme il le dit lui-même, il perd patience avec ses patients. Voilà pourquoi, en fin de semaine, le vendredi soir, il va voir Gina (Dianne Wiest), une thérapeute qui fut aussi son mentor, pour mettre des mots sur ses propres doutes.

A la rencontre du docteur Weston


La structure d'In Treatment est vraiment singulière. Pas seulement parce que chaque épisode dure une grosse vingtaine de minutes et que la saison un compte quarante-huit épisodes (un épisode, une séance... à quelques exceptions près). Ce qui frappe avec cette série, c'est qu'elle est structurellement ce dont elle parle.
Si vous imaginez que vous allez regarder une fiction racontant cinq histoires indépendantes les unes des autres, vous faites fausse route. A l'image d'une thérapie révélant qu'un problème tire sa source d'une multitude de facteurs entremêlés, les épisodes d'In Treatment sont subtilement liés les uns aux autres. Pour comprendre la richesse de l'histoire (et même pour la comprendre tout court), on ne peut pas faire l'impasse sur tel ou tel segment.

 Parce que Paul fait évidemment le lien entre les différentes thérapies mais aussi et surtout parce que sa personnalité, plutôt complexe, se révèle lentement mais sûrement. Et que c'est parce que l'on apprend à le connaître, avec ses défauts (son intransigeance dans la vie privée par exemple) et ses qualités (il est très - trop ? - empathique avec ses patients) que l'on prend conscience de la grandeur de son désarroi.

Une vraie expérience télé


Ce qui fait aussi la singularité de cette fiction, c'est qu'elle mêle des éléments plus ou moins réalistes (la nature de la relation qui lie Paul et Laura, sa complexité et surtout son évolution) avec de superbes portraits de personnages. Les premiers nourrissent la fiction, lui donnent du rythme et asseyent son caractère feuilletonnesque de façon plus ou moins légère.
Les seconds donnent du poids à la narration : In Treatment, c'est une série qui vous happe et vous touche. La densité des émotions qu'elle évoque - et souvent suscite chez le téléspectateur - est assez impressionnante. Comme la densité de son propos.

On peut ne pas accrocher à tel ou tel élément, telle ou telle storyline, tel ou tel personnage, mais la variété de façons dont les scénaristes abordent le thème central de l'amour (amour de sa famille - la place du père est centrale dans toutes les histoires de la saison 1 ; mais aussi amour de l'autre, amour de soi) fait que l'on ne peut rester complètement indifférent à In Treatment.
Avare d'effets tape-à-l'oeil, cette série raconte comment des hommes et des femmes essaient de faire face au bazar qu'est parfois la vie, et face auquel ils se sentent à un moment précis démunis.
Ca s'appelle une vraie expérience télé. Assez sombre (c'est tout de même rarement gai, ces histoires...), riche en symboles  mais écrite de manière bluffante.

Bien à vous,
Benny

5 commentaires:

aussielilie a dit…

Ça a l'air effectivement complètement spécial. Mais pourquoi pas, ça peut être intéressant. Et puis bon Gabriel Byrne quoi !!!

Benny a dit…

@ aussielilie : spécial mais intéressant, je n'aurais pas dit mieux. Bon, moi, à un moment j'ai une pause parce que c'est dense comme j'ai dit (et parce que j'ai eu des problèmes de lecteur de DVD, il faut le dire aussi) mais c'est bien fichu.
Et Gabriel Byrne est très bon. C'est bien de ça dont on parle hein ? :p

aussielilie a dit…

Evidemment ! Loin de moi l'idée d'évoquer autre chose que son immense talent... :)

Une blonde dans la ville a dit…

Mais dis-moi, avec toutes ces séries que tu regardes, ton appart doit être envahi par les DVD, non ? (c'était le commentaire intéressant et constructif du jour)

Benny a dit…

@ Une Blonde dans la ville : eh bien paradoxalement, pas tant que ça maintenant que j'y songe... et ça m'étonne. comme quoi c'est vraiment constructif ^^