dimanche 24 janvier 2010

Mon nouvel ami fore dans mes gencives


On se voit une fois par semaine. Dans un luxueux immeuble du centre de BennyCity. Au début, je n'en menais pas large et en fait, la première fois, j'ai reporté. Pas le temps. Pas l'envie, surtout. En changeant d'année, j'ai pourtant dû m'y résoudre.
Quand je rentre, il me dit de m'installer, de me mettre à l'aise. Après, il me fait basculer en arrière. Tant et si bien qu'à chaque fois, je crois que je fais presque le poirier. Quand je le lui dis, ça a l'air de l'amuser.

J'ai un nouveau dentiste.
Depuis mon retour dans cette ville, je n'avais pas encore choisi de nouveau praticien (Non, ça ne fait pas si longtemps : à peine deux ans. Et ne vous moquez pas). Tout ça à cause des fêtes, des victuailles et d'une couronne qui lâche lâchement le 24 décembre (oui, je sais : la répétition, c'est pas top mais faut dire ce qui est. C'est de la lâcheté. Point, fermeture de parenthèse). Voilà comment j'ai rencontré un tout jeune dentiste, monture de lunettes à la Buddy Holly et plutôt gentil. Toujours prêt à me raconter ce qu'il va faire, super.

Ce Kiefer que je n'ai, enfant, pas trop kiffé

Quand j'étais marmot, j'avais une trouille bleue du dentiste. Forcément : on vous le présente comme le redresseur de torts et de caries que vous allez vous coltiner en fouillant trop au fond du paquet de bonbons. "Mange pas tout sinon, tu vas aller chez le dentiste. Et le dentiste ça fait mal", disait ma mère. Ne nous étonnons donc pas si la trouille est toujours là. Et si, bizarrement, les "Maintenant, je vais enlever les derniers morceaux de la racine, ça va faire un peu mal" me font rarement plaisir.
Pourtant, il est doué. Franchement. Et puis, aujourd'hui, je suis quand même moins douillet. Le truc, c'est que, pour passer le temps, entre deux périodes où il faut "ouvrir grand", j'ai besoin de dire une ânerie. Ca m'évite de penser au boucher qui, quand j'étais enfant, s'occupait de mes dents. Un gars qui doit aujourd'hui être conseiller technique pour les scénarios de 24 heures chrono. Comme aurait pu l'être feue madame Boulanger, mon instit en primaire, mais on s'égare.


Blaguer donc, ça me permet surtout de destresser.
J'ai d'abord pensé que j'avais de la chance : mon nouveau dentiste est plutôt bon public. Quand il m'a dit "Cette couronne, on peut plus la remettre. Vous pourrez vous en faire un collier". J'ai eu la brillante idée de répondre "Mince, je voulais la vendre sur eBay". Il a riffougné.
Erreur grave de ma part, je l'avoue aujourd'hui.

La roulette du rire

Parce que depuis, on est en compet' tous les deux. C'est à celui qui sortira la prochaine vanne plus ou moins pourrie. Sous les yeux de la gentille assistante qui, je le vois bien parfois, se demande vraiment ce qu'elle fait là.
Vous allez me dire : "Tu n'as qu'à arrêter". Mais je peux pas : c'est thé-ra-peu-ti-queuh !
Non, le problème c'est lui. Il a un humour de dentiste.
Et ça mes amis, c'est terrible.
Exemple : juste après m'avoir creusé l'équivalent du grand Canyon dans la bouche pour l'installation d'une prothèse (oui, on peut pas reposer une couronne ; oui, financièrement, ça va me coûter l'équivalent d'une SuperCinq d'occase dans les années 90 ; non, je voulais pas d'un dentier. Mais c'est gentil qu'il ait proposé) ; après forage du Grand Canyon, disais-je, il m'a dit "Maintenant, il faut que ça cicatrise. Le mieux c'est que quand vous sortez dehors, vous gardiez la bouche ouverte", il a ponctué sa réplique d'un regard qui vaut tous les coups de cymbale façon gag de stand up.

Exemple 2 : Quand il me glisse un produit qui nettoie la dent et qu'il me signale que ça a un goût désagréable. Je lui fais remarquer après coup, que ça a un goût moins terrible que celui de la dernière fois. Il me répond : "Normal, l'autre fois c'était de la javel" (1). Le tout en pouffant alors que j'ai la bouche grande ouverte.

Parfois, il y a du Zola dans ma bouche...

Et nous voilà donc, tous les trois, le dentiste, l'assistante et moi, dans une grotesque et épuisante surenchère comique. Qui ne s'arrête finalement que quand le docteur sort pour faire tel ou tel truc... et que l'assistante me parle du temps.
Moi quand on me parle du temps, ça me stresse.
Je vous laisse deviner ce que je fais à ce moment-là...
Tant et si bien qu'à la fin d'une séance, je suis ex-té-nu-é. Je me dis que c'est ça que Ray Romano ou Eddie Murphy devaient ressentir en descendant de scène après un spectacle. Sauf que eux, en ce moment, ils n'ont pas un énooorme trou dans un coin de la bouche.
Tiens : et si j'appelais les ayant-droits de Claude Berri ? S'il y a un casting pour Germinal 2, j'ai le sourire de l'emploi pour postuler. Pendant plusieurs jours je crois.
Sauf si l'homme qui m'a dit ça m'a fait une blague. Encore.
Au. Secours.

Bien à vous,
Benny

(1) : Renseignement pris, c'est effectivement de la javel. Sauf que ça a un autre nom chez le dentiste. On se demande pourquoi.

9 commentaires:

aussielilie a dit…

'Tain tu aurais peut-être vraiment dû éviter les illustrations pour ce post... J'ai eu mal, vraiment. Et je compatis, beaucoup. J'ai une dentiste charmante mais tellement bavarde que je ressors presque saoulée, au sens littéral, à chaque fois. Mais la vraie question demeure, c'est quoi ta "killer joke" ?! Allez, avoue, tu as une préférée !

Cafeinette a dit…

Pour ma part, ce ne me stresse pas, ca m'énerve et m'agace, je préfère qu'on se taise plutot!
Comment ça les discussions autour du temps n'étaient pas l'élément central du texte ???
Non, non, non je n'évite pas du tout le sujet !
;)

Benny a dit…

@ aussielilie : désolé pour les images. Si ça peut te consoler, il y avait bien pire dans ma première sélection.
Sinon, la pire vanne ? Mmm, difficile. Non, parce que ce qu'il faut comprendre c'est qu'on fait plus dans la quantité, pas dans la qualité.
Alors tu as le choix : soit la vanne de l'empreinte, quand il a voulu faire un mako moulage de ma dentition, en disant "Je vais prendre vos empreintes" et que j'ai tendu la main en disant "On commence par la gauche ?" (J'ai honte de la raconter. C'est affreux. Mais je le répète, je ne suis pas dans mon état normal).
Soit ma réponse quand il m'a dit "Je vais toucher la gencive, ça va vous faire un peu mal", pile à l'instant T : je lui ai dit "Vous savez que c'est avec ce genre de méthodes que l'Otan s'est mis une partie du monde à dos ?"
Je suis honte, grosse honte.

@Cafeinette : c'est dingue, je crée le malaise chez les gens sans parler des multiples bruits d la roulette. Ca m'étonne... :p

Une blonde dans la ville a dit…

quand on te parle du temps ça te fait stresser ?
Intéressant, je le note

Benny a dit…

@ The Amazing Blonde : toi, tu es capable de me parler cumulonimbus juste pour me voir changer de couleur...

Benny a dit…

Je me trompe ?

Une blonde dans la ville a dit…

oui, (enfin non, tu ne te trompes pas) je peux parler de la neige qui tient pas, aussi. Et puis de ces fichues variations de température qu'on n'arrive même plus à s'habituer au froid quand il revient.
C'est quand l'été ?

Benny a dit…

Oh misère....
Tu sais quels sont les derniers mots que Jésus a entendu avant de mourir ?
"Croise les pieds, j'ai plus qu'un clou"
Et merde. J'ai recommencé.
C'est vraiment compulsif...

Une blonde dans la ville a dit…

T'es qu'un mécréant, c'est moche (mais ça m'a fait rire et je vais devoir aller me confesser maintenant, c'est malin)