mercredi 20 octobre 2010

Le film d'octobre : "The Social Network" (ou quand Sorkin découvre l'anti-héros)

L'affiche avait de quoi retenir mon attention. Un peu comme une formule mathématique dont le résultat serait incontournable. "David Fincher + Aaron Sorkin + création de Facebook = film à voir". Je ne m'attendais pas à quelque chose de précis mais il est clair que je voulais en être.
Petit pitch : The Social Network raconte comment Mark Zuckerberg, geek surdoué étudiant à Harvard, a créé et développé le réseau social numéro 1 aujourd'hui, et comment son succès tout juste naissant (le film raconte une période qui va de 2003 à 2006, sauf erreur de ma part) a généré des poursuites judiciaires entre différents élèves de la prestigieuse université américaine.
La première chose qui m'interpelle, c'est que ce n'est pas un film sur les geeks, et pas vraiment un film sur l'adolescence comme j'ai pu le lire ici ou là. En tout cas, pas de mon point de vue. Ce n'est pas non plus un long-métrage qui raconte d'un point de vue documentaire la naissance du réseau où tout le monde se poke. Même si le script du scénariste Aaron Sorkin repose sur des recherches, des échanges avec les principaux protagonistes ( sauf Zuckerberg : on raconte d'ailleurs que ce dernier était un fan de Sorkin pour son boulot sur A la Maison Blanche... jusqu'au jour où il a vu le film de Fincher), cette histoire vraie est surtout l'occasion de donner un point de vue sur cet avénement, et de s'en servir pour développer une histoire dramatique brassant de multiples thèmes.
Et de ce point de vue-là, qu'est-ce qu'on peut en dire ? Que ça marche. Que ça marche vraiment bien. Que ça marche d'autant mieux que Fincher comme Sorkin surprennent le spectateur en explorant des facettes de leur talent jusqu'ici peu mises en valeur.
Dans ce film, le réalisateur de Se7en fait définitivement dans la sobriété. Pas de scènes Ikea hallucinantes à la Fight Club et encore moins de caméra qui traversent les cafetières comme dans Panic Room : le réalisateur joue la carte de l'épure pour mieux coller à ses personnages, à son histoire. Et justement, ô douce surprise, Sorkin sort un peu des sentiers qu'il connaît bien: ici, pas de personnages iconiques qui ont fait sa marque de fabrique. Vous savez, ces Josh Lyman (The West Wing), Casey McCall (Sports Night), Jordan McDeere (Studio 60) et autres Charlie Wilson (Charlie Wilson's war) qui peuplent son monde : des gens brillants, intelligents, idéalistes mais qui se posent parfois en donneurs de leçon par certains côtés.




THE SOCIAL NETWORK : BANDE-ANNONCE VOST HD
envoyé par baryla. - Regardez des web séries et des films.


Cette fois, l'un des plus brillants dialoguistes des années 2000 se retrouve, de son propre aveu, face à un challenge qu'il n'avait encore jamais relevé. Ecrire, décrire un anti-héros. Un homme qui se retrouve au centre d'un récit, d'une histoire électrisante mais qui, par son attitude, ne fait rien pour s'attirer l'admiration du public. Du coup, il nous livre un script enlevé, avec un personnage principal complexe qui brasse toutes les contradictions du héros sorkinien... et les assume. Alors tant pis pour les longs échanges mitraillette et les Walk & Talk cher à l'auteur. L'ensemble reste vraiment efficace et renouvelle son univers narratif, qui en devient plus sombre et plus... attrayant.
En définitive, on obtient un film porté par des personnages forts à différents plans (le premier étant évidemment occupé par Mark Zuckerberg/Jesse Eisenberg). Un long-métrage qui évoque de très nombreux thèmes comme l'innovation, le succès, la solitude (le corollaire du précédent), le poids de la réussite sur les relations humaines, etc. Il y a de quoi être convaincu. Que l'on sache qui est Aaron Sorkin ou pas.

Bien à vous,
Benny

PS : désolé, AussieLilie. Mais toi aussi tu le verras un jour, hein...
BONUS TRACK : l'avis de Zuckerberg sur le film... Enfin, plus ou moins.

5 commentaires:

Un Con Gnito a dit…

Comme tu l'as p-e vu chez moi (mon vrai moi ;-) ), j'ai pas été bien emballé par ce film. Voire même globalement déçu.

Benny a dit…

Oui : j'ai lu et je voulais commenter. Je vais aller le faire d'ailleurs. Mais est-ce que c'est parce que tu t'attendais à l'histoire de la naissance de FB, alors qu'elle est plus un prétexte qu'autre chose (Pour parler rapports humains : face au succès, face à l'innovation, face au marché) ?

aussielilie a dit…

Mais c'est très moche ce que tu fais. Me narguer comme ça ! ;)

Blague à part, je trouve quand même effarant le nombre de critiques et commentaires dithyrambiques sur le film. Pas que je crois que ça ne soit pas justifié (je ne l'ai pas vu comme tu le sais) mais une telle unanimité pose quand même question. Ou du moins, surprend.

Ça donne très envie en tout cas. Encore un peu plus de frustration pour moi... :)

Benny a dit…

@ aussililie : oh tu sais, je croise plein de gens qui disent que c'est pas terrible. Donc il y a tous les avis...

Arnaud Fleischman a dit…

Un des deux films de l'année (l'autre c'est Des Hommes et Des Dieux).
A voir. Plutôt deux fois qu'une