mardi 29 septembre 2009

"The West Wing" (saison 6) : l'autre théorie du Big bang

Après une saison 5 très paradoxale, pour ne pas dire plutôt décevante, John Wells, principal producteur de la série depuis le départ d'Aaron Sorkin et Thomas Schlamme, avait le choix. Soit poursuivre en conservant le canevas existant quand bien même il avait déjà été bien exploité depuis cinq ans. Soit prendre des risques, explorer une autre réalité du double mandat de l'administration Bartlet : sa conclusion et ce que sera le futur après le départ de Jed Bartlet du bureau ovale.
En résumé, soit on choisissait le calque, soit on choisissait la claque.
Et comme on est dans The West Wing, série prônant l'audace et le combat pour ériger un idéal au fil des saisons, le choix était plutôt évident.

Une claque au ralenti

Evident et en même temps, particulièrement casse-gueule : en brisant une structure aussi solide, il fallait être sûr d'inscrire son grand chambardement dans un contexte électrisant, susceptible d'attirer l'attention du téléspectateur tout en redonnant une fonction précise à chaque personnage. La course à la succession de Jed Bartlet était un pretexte parfait. Fini le temps où Josh et Toby allaient et venaient dans les couloirs en quête d'un binôme avec qui argumenter/défendre un projet/débattre. Oubliée l'époque où Will Bailey n'apparaissait que par à-coups et devenait un personnage fade. Chacun retrouve une fonction précise et nouvelle, chacun poursuit un objectif et le public retrouve l'incontournable série qu'aurait dû toujours être The West Wing.

Les nouvelles cartes

La grande force de l'équipe de John Wells, c'est d'avoir redéfini le paysage de la série de façon progressive et en même temps assez rapide. En l'espace de huit épisodes, tout est réglé. Josh, Will et Donna ont quitté la Maison Blanche et travaillent à l'après-Bartlet dans des directions différentes, tandis que CJ Cregg devient Chief of Staff. Un secrétaire général qui n'a rien à voir à cette figure paternelle que pouvait être Léo Mc Garry mais plutôt un soutien efficace pour Jed Bartlet qui voit ses prérogatives sensiblement s'étendre cette saison. Alors que Léo était un conseiller avisé qui prenait un grosse part dans les décisions de Bartlet, le président fait davantage office de seul maître à bord. CJ est là pour l'accompagner tandis que le quatuor Toby/Annabeth/Kate/Charlie est lui aussi là pour seconder CJ.

Idéalisme Vs. Pragmatisme, le retour

De son côté, Josh redevient le formidable animal politique qu'il a pu être dans les trois premières saisons. Un homme connaissant les arcanes de la course à la Maison Blanche comme personne ou presque, quand il faut ruser, communiquer voire... omettre des choses. L'idéalisme de Santos, le candidat qu'il soutient, se heurte régulièrement à ces calculs politiques et par ce biais, on retrouve toute ce qui fait la force de The West Wing : la fougue de l'audace qui se heurte aux exigences du pragmatisme. Une lutte continuelle qui transcende les scripts des épisodes consacrés à la campagne. On pourra un peu regretter que le personnage de Santos manque un peu d'envergure (ou Jimmy Smits ? Je n'arrive pas à trancher...) mais ça cadre assez bien avec son apprentissage pour devenir un homme d'état.
Redistribuer les cartes et proposer deux axes narratifs (la course à la Maison Blanche d'un côté, la fin du second mandart Bartlet de l'autre), c'était aussi prendre le risque de créer un parent pauvre. Mais Wells et ses auteurs ont, à mon sens, assez bien évité le piège en s'appuyant fortement sur la caractérisation des personnages, leurs personnalités et leurs dilemmes. A ce titre, celui qui casse littéralement la baraque, c'est évidemment Martin Sheen.

Martin Sheen crève l'écran

Le voir interpréter un Bartlet diminué par la sclérose en plaques lui permet de composer un personnage touchant, doté d'une grande force d'âme et, en même temps, très fragile. Grâce à lui, mais aussi au parcours de Toby, qui n'a pas suivi Josh sur le chemin de l'après-Bartlet, à l'émergence subtile de Kate Harper tandis que Léo occupe une intéressante position en retrait, les épisodes "Maison Blanche" restent de haute tenue et on ne s'ennuie jamais. On peut, parfois, leur préférer les épisodes "Election" mais ils ne font jamais figure de bouche-trou. Certains répondent même habilement aux autres.
Vraie prise de risque maîtrisée, cette sixième saison est un must : une année sans temps mort, bluffante et revigorante. A un point tel que, quand le season finale s'achève avec un carton "Executive producer John Wells", on sent un délicieux frisson vous parcourir l'échine. Le Républicain Arnold Vinick va vraiment pouvoir entrer en scène : l'issue, la fin de la série en saison 7, est celle de toutes les promesses...

Bien à vous,
Benny

8 commentaires:

Une blonde dans la ville a dit…

dire que je me suis arrêtée à la première moitié de la première saison... J'en ai du boulot pour rattraper mon retard...

Benny a dit…

Oui, c'est vrai. Mais surtout, tu dois te mettre à The Office. Adam de Blabla Series et moi, on a un peu pour mission d'évangéliser les gens sur cette sitcom. Mais on fait pas de messes noires.

adam a dit…

Entre The Office ou TWW ? Aie. Peut-on vraiment demander à une femme de choisir entre son enfant et sa cuisine ?

Benny a dit…

J'adore la formule : classieuse, très parlante et pas du tout mysogyne... Ce garçon est un génie au petit matin, moi je vous le dit. Un génie sensible.

Une blonde dans la ville a dit…

En ce qui me concerne, le choix est vite fait : ni l'un ni l'autre. J'aime pas les enfants (c'est sale et ça hurle tout le temps) et je ne sais pas où se trouve ma cuisine dans mon appartement.

Lois a dit…

Je viens de découvrir ton blog et tes articles, souvent tres interessants!
Je viens de terminer la saison 7 et j'ai hâte d'en lire ton analyse!

Benny a dit…

@ Lois : Merci !!!
Je viens juste de découvrir ton commentaire : j'ai l'air idiot. Depuis j'ai activé l'alerte pour les commentaires donc je serai plus rapide pour répondre. J'attaque la saison 7... le 1er janvier 2010 : je te tiens au courant !
A bientôt :)

Lois a dit…

@Benny: Il n'est jamais trop tard!
Bon visionnage et tous mes voeux pour cette nouvelle année!