lundi 30 novembre 2009

Le DVD de novembre : "7h58, ce samedi-là"

Un peu de cinéma pour finir le mois ? D'accord, mais du bon alors.
Il n'y a pas de règle absolue pour faire un grand film. Mais quand le début du long-métrage vous dit tout ce que vous avez besoin de savoir, c'est plutôt bon signe.
La preuve avec ce film signé Sydney Lumet. Dans la première scène, un couple (Philip Seymour Hoffman et Marisa Tomei) fait l'amour. Il et elle sont mariés. Il et elle sont surpris. Dans les bras l'un de l'autre à la fin de l'acte, c'est un peu comme s'ils se retrouvaient après s'être longtemps perdus de vue. Il et elle sont loin de chez eux et n'ont plus avant de rentrer. Tout simplement "parce qu'ici, je n'ai pas l'impression d'être une merde", lâche la jeune femme, le regard empreint de détresse.
Dans la deuxième scène, une petite bijouterie est braquée par un homme à main armée. L'opération tourne mal et son complice (Ethan Hawke, trop rare sur grand écran quand on voit ce qu'il fait ici), qui l'attend dehors, s'enfuit à toute allure en voiture. Il enlève sa perruque, ses lunettes et sa fausse moustache. Il est paniqué. Le cauchemar vient de commencer.

Un récit en trois dimensions

Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue, pour ne pas qu'elle perde de son impact si vous n'avez pas vu ce long-métrage. Car 7h58, ce samedi-là est un très grand film. Il s'appuie sur un récit sophistiqué (signé Kelly Masterson), qui n'est pas linéaire mais s'articule autour de trois points de vue. Un procédé pas vraiment inédit mais qui fonctionne de manière remarquable. Cette astuce de construction assure d'abord une évidente dynamique de jeu avec le spectateur (qui doit assembler les pièces du puzzle) mais instaure aussi un climat de suspense continu.
Là où l'entreprise devient carrément épatante, c'est que plus l'histoire avance, plus elle prend du relief en décrivant par petites touches un contexte émotionnel dense.
A mesure que le temps passe, les personnages gagnent en épaisseur, en complexité. Pathétiques, émouvants, effrayants, ils suscitent au gré des séquences des impressions nuancées, parfois contradictoires au spectateur. On entre alors complètement dans l'histoire. Et c'est assez bluffant au final.

New York, avec vue sur le vide

7h58 fait un peu penser à Un plan simple, excellent film de Sam Raimi qui prend lui aussi son temps pour installer un drame intime aussi puissant que déchirant. Mais ici, pas de paysages enneigés. En toile de fond, il y a la ville. New York. A la fois discrète et super présente, c'est la cité trou noir. Elle nourrit, creuse le vide étourdissant de l'existence des deux personnages principaux.



Il fallait sans doute toute la maîtrise et la subtilité de Lumet pour faire en sorte que ces éléments fassent un tout cohérent. Ce qui est certain, c'est que l'on a là une vraie leçon de cinéma.
Un film à voir, vraiment.

Bien à vous,
Benny

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