jeudi 18 février 2010

"Live !" : la téléréalité, c'est le mal mais alors le film raté, c'est pire...

Oyez, oyez : je suis de retour pour blogger. Et alors que je pensais m'être acquitté de ma chronique ciné irrégulomadaire en vous parlant il y a quelques jours de La Nuit nous appartient (avec Eva Mendes), voila-t-y pas que je tombe la semaine passée sur un film bien mis en valeur côté critique sur mon programme TV : Live ! (avec Eva Mendes). N'écoutant que mon courage, ma curiosité (et... non, pas Eva Mendes), je me suis dis "Pourquoi ne pas le regarder ?". Et là, mes amis...

Pitchons un peu pour commencer

Productrice télé ambitieuse, Katy Courbet (oui, moi aussi ça m'a fait rire) cherche un nouveau concept de show TV pour son employeur, la chaîne ABN. Alors que les séries du network se cassent la gueule, alors que la concurrence câblée est féroce, Katy cherche LE concept. Le programme qui agrippe les téléspectateurs et qu'ils ne les lâchent plus. Une de ses assistantes lance, sous forme de boutade, qu'il faudrait quelque chose d'aussi efficace que la roulette russe.
Le regard de Katy s'arrête. Et si six personnes tentaient de gagner un des cinq chèques de cinq millions de dollars mis en jeu autour d'un barillet de pistolet dans un grand jeu de roulette russe ? Le voilà, le truc qui tue. Les créatifs de la pièce la regardent, interloqués.
Jamais la chaine n'autorisera ça. Jamais le CSA américain n'autorisera ça. Jamais des candidats ne prendront un risque pareil.
Sauf que tout ce petit monde n'a jamais été confronté à Katy Courbet, qui connaît les rouages de la production télé et les faiblesses de l'âme humaine comme personne.
C'est bien raconté hein ?
Pas de chance, le traitement est nettement moins efficace.





Pourquoi ça ? Tout simplement parce que l'auteur-réalisateur Bill Gutentag se prend carrément les pieds dans le tapis et dans ses choix filmiques et narratifs. Les choix filmiques d'abord : Gutentag fait le pari du faux documentaire, ce qui en soit est intéressant (à défaut d'être original) à ceci près que ce parti pris se limite à des mouvements de caméra et à des confidences face au type qui tient l'engin. Vous vouliez de la mise en abîme, capable de structurer la complexité des personnages ? Ben, il faut vite oublier cette idée : là, c'est le minimum syndical et on se rend vite que c'est de l'imposture.

Auf wiedersehen, Mr Gutentag...

Quant aux choix narratifs, c'est bien simple : le script est juste une énumération cynique et creuse des différents obstacles qui se posent devant Katy Courbet. La jeune femme passe les différentes épreuves qui se présente à elles les unes après les autres avec une facilité absolument consternante. Pourquoi ? Parce que le comble du cynisme de cette abominable bouse (on sent que je m'énerve là ?), c'est que tout cela ne sert qu'à une chose, arriver au climax annoncé dès la deuxième minute du film : la diffusion de la scène de roulette russe, avec six candidats pas trop mal décrits (en tout cas, moins bâclés que les enjeux de l'histoire), qui vont devoir se poser un canon sur la tempe.
Un climax qui fonctionne assez bien et on a envie de dire heureusement : après avoir loupé tout le reste, ç'aurait été carrément prodigieux de voir Gutentag manquer cette partie du film, intrinséquement tendue. Ce qui n'empêche pas le long-métrage d'être vide, raté et agaçant tant il suscite des émotions faciles tout en escamotant les questions de son sujet.
Et il y avait pourtant Eva Mendes, hein...

Bien à vous,
Benny

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