dimanche 10 juin 2012

Quelqu'un peut-il faire taire Tim Kring, s'il vous plaît ?

Le monde des séries télé n'a pas de chance : il n'a pas son Uwe Boll. Vous ne savez pas qui c'est ? Pour faire court, Boll est un "cinéaste" allemand qui fait des "films" régulièrement descendus par la presse mais qui se considère comme un véritable esthète, un authentique artiste. Quitte, pour montrer qu'il a raison, à se castagner sur un ring de catch avec des critiques pour leur montrer que si, bon sang, il a raison.

Donc non, pas de Uwe Boll chez les producteurs de séries. Pas encore.

Mais on a déjà Tim Kring. Et c'est pas mal aussi.

Parce que si Kring n'en est pas encore à se battre avec les geeks de la terre, il a quand même une sacrée propension à nier la réalité quand les audiences de ses séries se cassent la gueule et que les critiques ne sont pas vraiment porteuses.

La période "On est désolés"

Toute l'histoire de Heroes a ainsi été marquée par ses déclarations à l'emporte pièce, et ça continue encore aujourd'hui. La preuve en quatre temps.

Novembre 2007: après un début de saison 2 désastreux (et alors que la saison 1 avait fait monter la pression jusqu'à un final décevant). C'est là que ce brave Tim prend la parole... et s'excuse : "Nous pensions que le public s’attendait à quelque chose comme dans la saison 1, un développement d’intrigues autour des personnages et la découverte de leurs pouvoirs. Nous leur avons appris une certaine manière de raconter une histoire. Mais ils voulaient des montées d’adrénaline. Nous avons donc fait une erreur (...) Le message qu’on veut passer est simple, nous avons entendu les critiques et nous sommes en train d’arranger les choses".

Image créée par le site pErDUSA
(http://www.a-suivre.org/usa/heroes-3-04-i-am-become-death.html)
Faire son mea culpa, c'est bien. Sincèrement. Dire qu'on a voulu prendre les gens pour des quiches en leur refourgant la même recette de glace à la quenelle, c'était déjà nettement plus bateau. Mais dans l'absolu, je dois être honnête : peu de producteurs sont capables de faire ça. Sauf que...

La période "Accroche-toi à ton string" (en fait, "On est désolés", épisode II)

Automne 2008 : "Le volume Villains de la série durera 13 épisodes et vous saurez qu'en abordant le treizième épisode, vous aurez vu le début, le milieu et la fin de l'histoire... c'est comme un roman (...) Vous ne vous retrouverez pas avec une fin sans réponses. Il y a un nombre défini d'épisodes donc vous anticiperez (...) Si vous tenez jusqu'au bout, vous serez récompensé."

Tim se fend d'une analogie qui ne manque pas de baloches, lorgnant vers une maîtrise à la Joe Michael Straczinski pour Babylon 5. Sauf qu'en début de saison 3, les chiffres ne suivent pas. Les critiques sont moins acerbes sur le contenu (plus maîtrisé, il est vrai... Tout du moins est-il moins bordélique qu'en saison 2) mais le public décroche. Et là, Tim... s'excuse. Encore.

Novembre 2008 : il va voir NBC en leur annonçant qu'il reconnaissait avoir trop délégué de responsabilités à ses collaborateurs concernant l'écriture des scénarios (Courageux...). Pour redresser la barre, il annonce qu'il veut adopter une nouvelle ligne directrice qu'il a présenté au studio Universal et à la chaîne. Il leur a annoncé la volonté de simplifier les intrigues, de laisser de côté les diverses histoires et recentrer la série sur les personnages.

La période "Non mais en fait, on a fait un truc trop génial"

De quoi tenir un an de plus, avant l'annulation du show. Sur un cliffhanger (ce qui n'est pas une fin d'histoire, Timmy : non, non, non. C'est pourtant simple, ne crois-tu pas ?)

Fin de l'histoire ? Eh bien non !

Ce mois-ci, notre showrunner préféré remonte au créneau. Et lâche une bombe H (comme humilité). Le professionnel parle alors d’un lien de cause à effet : « L'érosion de notre succès est la conséquence de notre succès en téléchargement illégal. A sa fin, Heroes comptait toujours sur un public important, mais ce public préférait ne pas forcément regarder les épisodes sur un poste de télévision» (via Toutelatele.com).

Que le téléchargement puisse avoir une conséquence sur l'audience : soit. Mais n'est-ce pas le cas de pas mal de séries qui ont duré plus longtemps, et ont connu de meilleurs scores grâce à un contenu mieux maîtrisé ? Je pense que si.

Mais Tim est comme ça : c'est le roi de la déclaration approximative, faussement sincère et assez opportune.

Voilà pourquoi j'ai juste envie de lui dire "Mais bon dieu: bosse et tais-toi".

Bien à vous,
Benny

Aucun commentaire: