dimanche 6 janvier 2008

« Over There », l’envers du devoir ?

LE PITCH : six recrues débarquent en Irak où elles sont placées sous les ordres d’un jeune sergent. Alors que l’équipe enchaîne les missions dans un contexte très tendu, les familles, restées au pays, attendent des nouvelles de ces soldats. L’un d’eux reviendra plus vite que prévu…

Sept soldats américains, postés derrière un talus qui se font canarder pendant 20 minutes ou presque (une journée en réalité) par des combattants irakiens. Ainsi commence (si on fait abstraction du prologue) Over there, la série imaginée en 2005 par Chris Gerolmo et Steven Bochco pour la chaîne câblée américaine FX.
Dès l’épisode pilote, le scénariste de Mississipi Burning et le producteur multi récompensé (Hill Street Blues, LA Law, NYPD Blue et Murder one), plongent directement le spectateur au cœur du conflit irakien. Et pendant 13 épisodes, ils ne le laisseront pas en sortir ou presque. L’intérêt de cette série tient sans doute justement dans cette logique d'immersion, cette volonté de projeter le public en territoire inconnu, comme le sont les six jeunes recrues placées sous le commandement du sergent Chris « Scream » Silas.
Plantés dans le désert
Un univers dans lequel ils ont toutes les peines du monde à trouver des repères. D’un côté, des civils irakiens tour à tour méfiants ou clairement hostiles ; de l’autre, des militaires américains parfois en proie au doute, parfois mal dirigés, parfois menteurs. Difficile dès lors pour Dim, Angel, Smoke, Tariq, Mme B et Double XL de savoir où se trouve la frontière entre bien et mal. Le plus souvent, il faut agir, réagir… ou obéir. Une impression affirmée avec force tout au long des trois premiers épisodes (Les Bleus, le barrage, le prisonnier) et sur laquelle reposent les intrigues suivantes.
La Guerre, plus que le conflit irakien
En choisissant ce point de vue narratif, Chris Gerolmo (qui est le vrai maître d’œuvre d’Over There) met en relief l’absurdité de la Guerre en général. En revanche, il s’interdit tout regard critique sur l’intervention irakienne en particulier. Ce qui limite du même coup le qualificatif de « série sans concession » dont la presse française l’a affublée lors de sa diffusion en 2006 sur Canal +. Mais cela n’est au fond, pas vraiment étonnant : se lancer dans la production d’une série relatant un conflit en cours, sans recul ni distance critique, est un exercice très périlleux. Et c’est peut-être cela qui a mis un terme à l’aventure au bout d’une saison.
De beaux portraits
Tout ceci n’enlève rien au fait qu’Over There est une série bien écrite et bien réalisée. Une fiction qui a certes des défauts (certaines storylines, comme celle du journaliste enlevé, n’est pas très bien maîtrisée) mais brosse quelques portraits marquants : Bo, comme Smoke ou Mme B sont souvent paumés dans leur vie. Agaçants ou émouvants, ils ne laissent pas indifférents. Les acteurs, eux, sont à la hauteur : Erik Palladino (à des années lumière d’Urgences) et Brigid Brannagh (une des plus célèbres rousses du petit écran US) trouvent ici leur meilleur rôle. Une fiction qui mérite d’être découverte.

Bien à vous,
Benny

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