lundi 14 juillet 2008

Faut-il forcément brûler la saison 5 de The West Wing ?

Avec le mois de juin, j’ai terminé le visionnage de la saison 5 de la série imaginée par Aaron Sorkin, la première sans son génial créateur-producteur. Une saison que j’ai regardée avec une vraie curiosité, parce que de nombreux fans des aventures de l’administration Bartlet ont souvent la dent dure sur cette première saison produite par John Wells. Les afficionados déplorent effectivement que Carol Flint, John Sacret Young, Mark Goffman, Peter Noah, Alexa Junge tentent de faire du Sorkin sans en avoir le talent. Alors, à tort ou à raison ?

Surf sur un cliffhanger réussi

Quand on porte un regard retrospectif sur ces 22 épisodes, on se dit que le coup d’envoi fut tout de même assez réussi. En même temps, il aurait été difficile de faire autrement : en plaçant Bartlet dans un dilemme qui déchire l’homme politique et le père de famille (le kidnapping de sa fille Zoey par des terroristes, son remplacement temporaire à la tête de l’Etat par le Républicain GlenAllen Walken), Sorkin avait laissé beaucoup de matériel à développer, des intrigues susceptibles de retenir l’attention des téléspectateurs et d’offrir de vrais moments de tension à ces premiers épisodes. Une mission assez bien remplie par la Wells Team, surtout pour ce qui est de la partie privée du drame que traverse Jed Bartlet.
Une fois cet arc terminé, la saison 5 allait vraiment commencer, celle où les scénaristes devraient faire montre de toute leur inventivité.

Des couloirs trop light

Et c’est là que le bat blesse : en s’appliquant à reprendre le principe des « intrigues de couloir » cher à Sorkin, Wells et sa bande se heurtent à un vrai problème. Leurs scripts n’ont en effet pas le côté brillant, fulgurant et… « pédagogique » (en gros, rendre accesible des questions politiques complexes) que peuvent avoir de nombreux scripts des quatre premières saisons. Pire : le principe même de ces intrigues souffre un peu de l’usure du temps (Ca fait plus de 90 épisodes que le téléspectateur en découvre, il commence à être habitué). Aussi, si celles-ci ne sont pas vraiment audacieuses, qu’elles ne tentent pas autre chose notamment dans l’approche humaine des dilemmes abordés, eh bien, ça ne le fait pas vraiment.

Retrouver les codes

La seule façon pour les auteurs de retenir l’attention du public, c’est donc de tenter de nouvelles choses… ou de mettre en action les vraies mécaniques internes de la série : celles où l’on revient à la quintessence des personnages. Où le script est porté par un vrai souffle audacieux et idéaliste. L’exemple type ? L’épisode 5.8, Shutdown où Josh aide le président à débloquer une situation politique complexe avec la Chambre des représentants, après avoir été mis au ban de l’équipe Bartlet à la suite d’une bourde.

Des binômes brisés (ou en berne)

Une mise à l’écart qui nous renvoie directement à un autre point faible de cette saison. Tout au long de l’année, les scénaristes ont tenté de secouer les relations entre personnages et ça n’a pas souvent fonctionné. Les binômes Toby Ziegler/Will Bailey et Josh Lyman/Donna Moss, très dynamiques, ont été remodelés sans grand succès. Sam Seaborn parti, les auteurs ont voulu éviter de le remplacer purement et simplement par Will Bailey. Une bonne idée mais au bout du compte, le personnage de Toby, isolé, tourne un peu dans le vide cette année : l’arrivée des jumeaux n’aura pas de conséquences visibles sur sa relation avec son ex épouse Andy Wyatt.
Tout au long de l’année, on nous explique aussi que Toby doit prendre plus de poids dans les orientations théoriques du second mandat Bartlet. Sans que cela ne se voit vraiment non plus. Will, de son côté, voit ses apparitions se réduire à portion congrue alors que son arrivée, dans la saison 4, avait été plutôt enthousiasmante (ah, Danica McKellar dans le rôle de Elsie…).
Et Josh ? Alors que Sorkin s’était fait un malin plaisir à jeter un pavé dans la marre de sa relation avec Donna lors du précédent season finale, les questions soulevées à cette occasion seront complètement occultées par l’équipe de Wells.
Amy Gardner (Marie-Louise Parker) revient d’abord dans ses bras avant d’être squizzée purement et simplement (kelleyrisée diront les pErDUSiens). En bref, on ne sait pas trop où on veut aller… et le gars Lyman se retrouve souvent avec Toby. Ce qui est assez ironique, en un sens.

Le second souffle du printemps

Malgré ça, il y a de bonnes idées : si le personnage de Ryan Pierce (Jesse Bradford), le stagiaire de Josh, est plus un sidekick qu’autre chose, l’arrivée de Rina (Melissa Marsala : oui, oui, c'est elle), la nouvelle assistante de Toby, est une réussite. Une vraie dynamique s’installe en effet entre cette mère de famille qui n’a pas sa langue dans sa poche et le directeur de la communication de la Maison Blanche, ce qui est rafraîchissant.
Au titre des bons points, on remarquera aussi que la seconde partie de saison compte son lot de bons épisodes : Slow news days (où Toby essaie de trouver une solution au problème de sécurité sociale) Full Disclosure (le retour de Hoynes), ou encore The Supremes (avec Glenn Close) font partie de ceux-là.

Un final frileux

Au titre des regrets, on notera que le retour d’Ellie Bartlet (qui avait eu droit à un très bon épisode en saison 2) est assez fade alors que Nina Siemaszko avait fait une apparition marquante, toute en subtilité, dans l’univers de Bartlet.
Enfin gros point noir : le season finale. Alors que les quatre précédents sont d’authentiques coups de force (même celui de la saison 3, alors que ce n’est pas la meilleure de la série), Memorial Day n’est ni plus ni moins qu’un ratage. On revisite un peu le passé comme dans Two Cathedrals en saison 2, on expose une situation internationale tendue à l’image de Posse Comitatus en saison 3 et… c’est assez tiré par les cheveux au bout du compte. Vraiment dommage : on n’a pas spécialement envie de revenir, et ça, c’est une triste première.

Bon, et donc…

Quelle conclusion en tirer ? Dire que ce n’est pas la meilleure saison de la série, ce serait faire une conjecture sans intérêt. Reprendre un show vraiment marqué par l’empreinte de son auteur n’est pas facile (demandez à David Rosenthal, showrunner des Gilmore Girls saison 7) et c’est ce qui explique sans doute que cette saison 5 est assez bancale par certains côtés. Mais ce n’est pas non plus une catastrophe digne de Tchernobyl, puisque par à coups, on retrouve ce qui a fait le charme de la série.
Ce qui manque en fait à The West Wing 5, c’est une vraie maîtrise des lignes scénaristiques, un objectif à moyen ou à long terme. C’est une saison coincée entre ce qui n’est plus (les années Sorkin) et ce qui n’est pas encore (la course à l’après-Bartlet). Peut-être est-ce cela que les fans de l’aile ouest ont du mal à accepter.

Bien à vous,
Benny

2 commentaires:

Arnaud J. Fleischman a dit…

Je ne peux que partager ton avis. Cette 5° saison est de loin la plus mauvaise de toute la série, elle manque de punch, et de cohérence. Il n'y a plus le petit charme des années précédentes, mais en dépit de scénarii plus faibles, voire mauvais, je l'ai tout de même regardé, et re-regarder, et re-re-regarder. D'autant plus que lors des nouveaux visionnages je savais que l'après était bien meilleur.

Anonyme a dit…

je trouve que cette saison 5 n'est pas si mauvaise qu'on le dit
si l'on excepte la résolution du cliffhanger assez laborieuse et le season final vraiment pas terrible je trouve qu'il y a de bons épisodes notamment lorsqu'apparait le personnage du speaker et lorsque bradley josh lyman whitford revient au premier plan
je suis d'accord que les personnages de will et amy ne sont pas assez exploités (pour joshua malina c'est un vrai gachis quand on voit le potentiel de cet acteur, quant à mary louise parker c'est une autre histoire puisqu'elle était enceinte et ne pouvait pas continuer à jouer), mais pour le reste je trouve que les personnages restent fidèles à l'esprit sorkin (ce qui ne sera pas le cas dans la saison 6 avec des situtations assez ridicules)
le vrai problème ce sont les dialogues moins brillants et moins drôles (pas facile de remplacer un tel auteur), pour ce qui est des situations politiques, personnellement je les trouve toujours aussi passionnantes
bref pour moi il ne faut pas bruler cette saison 5