dimanche 20 juillet 2008

Deadwood : 1876, de l’or, des hommes et pas de lois

On termine ce grand huit estival du BennyBlog en enfilant un stetson et des bottes de cow-boy. Direction le Dakota du Sud et le XIXe siècle : bienvenue à Deadwood, petite ville qui possède les cochons les mieux nourris d’Amérique, tant on leur donne des cadavres à faire disparaître…

La ville des anti-héros

Deuxième série de David Milch (elle suit la courte Big Apple) après sa séparation créative avec Steven Bochco, Deadwood s’intéresse à une poignée d’hommes et de femmes installés dans un campement au cœur une région de montagne, à proximité du territoire indien. Des pionniers pour qui cette petite ville est une terre d’opportunités : l’action se déroule en pleine conquête de l’ouest, alors que l’expression « ruée vers l’or » a tout son sens.
Deadwood, c’est d’abord un ensemble show : une série qui regroupe toute une floppée de portraits, de personnages venus d’horizons divers. Issus de la haute société comme les Garrett ou véritables bouseux comme Jack McCall, en passant par Doc Cochran, Merrick le journaliste ou encore Wu, le blanchisseur, tous sont confrontés à une situation où les faux semblants ne durent jamais longtemps.
Là-bas, comme l’explique un homme à Seth Bullock (le classieux Timothy Olyphant) qui s’apprête à rejoindre le campement, il y a de l’or mais pas de lois. De quoi mettre au jour les traits les plus inattendus de la nature humaine.
Et c’est très précisément ce qui se produit tout au long de cette première saison. Douze épisodes durant, Milch et son équipe confrontent une bande d’anti-héros livrés à eux-mêmes à toutes sortes de problèmes. Comme on s’en doute, les plus ambitieux et les plus malins sont ceux qui s’en sortent le mieux. Or, à Deadwood comme ailleurs, cela ne suffit pas pour survivre. Il faut savoir compter avec mais également sur les autres.

Swearengen,
entre ombre et lumière

Parmi tous les personnages, celui qui a le mieux compris cela, c’est aussi le plus intéressant pour le spectateur : Al Swearengen, le patron du Gem Saloon et vrai maître de Deadwood. La première saison sert un peu de prétexte pour dévoiler, au fil des épisodes, les différentes facettes de sa complexe personnalité. D’abord présenté comme un homme manipulateur, brutal (le Gem est aussi un bordel), voleur, on se rend compte peu à peu qu’il est avant tout redoutablement malin.
S’il a parfois recours à la violence (le plus souvent par l’entremise de son principal soutien, Dan Dority), ce n’est jamais pour rien. Derrière chaque action, il y a un objectif, un but : conforter sa suprématie sur le campement. Et si certaines actions semblent profiter à l’ensemble de la ville, ce n’est que du bonus. Avec lui, rien n’est gratuit. Ou presque.
Mais Swearengen ne manque pas d’humour. C’est ce qui le rend autrement plus sympathique que son rival, le très froid Cy Tolliver qui tient le Bella Union, un établissement concurrent.
Au final, Al est très humain et c’est ce qui fait tout le sel du personnage joué par Ian McShane. On le voit clairement dans l’évolution de sa relation avec le révérend Smith. Ou avec Trixie.
____
Trixie, LA femme de Deadwood

A bien réfléchir, le titre de ce post n’est pas très bon. Car l’intelligence de l'équipe de Deadwood, c’est de ne pas avoir résumé la série à une histoire d’hommes. Les femmes ont aussi leur place dans cette aventure, et Trixie, une des prostituées du Gem, se taille assurément la part de roi. Le regard bleu de Paula Malcomson cultive la complexité de son personnage, aussi fragile que tenace. Dans la série, c’est la première personne qui tient tête à Swearengen, et contrairement à Bullock ou Cochran, la seule que le tenancier laisse vraiment faire. Leur relation est aussi trouble que peut l’être Trixie elle-même. Un personnage assez fascinant dont on est curieux de voir comment il va évoluer au fil du temps, en espérant que Milch sait où il va. Quiconque a vu la saison 7 de NYPD Blue et les circonvolutions dans lesquelles le scénariste s’est perdu me comprendra…

De moment fort en moment fort

Ce qui est sûr en revanche, c’est que cette première saison est réussie, scandée par une jolie série de moments forts. De la première scène du premier épisode à la dernière scène entre Smith et Swearengen dans l’épisode 12, sans oublier la mort de Hickok, celle des deux gamins qui ont essayé d’escroquer le Bella Union ou encore la « dispute » Wu/Swearengen.
Une série qui rappelle une vérité essentielle, épisode après épisode. Avec ou sans lois pour régir la vie de la ville, à Deadwood, l’humain ne produit que de l’humain.

Bien à vous,
Benny

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce commentaire ne va pas faire avancer le débat, mais bon, on s'en fout, non?! Juste un mot donc, pour dire que ce post m'a donné envie de regarder la série!
Tilé, l'amatrice qui cultive son amateurisme

Arnaud J. Fleischman a dit…

Comme beaucoup de séries HBO, Deadwood recompense les télespectateurs fidèles, elle devient de plus en plus complexe, de plus en plus passionnante, et à la fin de la troisième et ultime saison, il est impossible de ne pas pousser un retentissant "Putain".