vendredi 15 août 2008

Heroes, saison 2 : la Bell catastrophe

J’aime bien Heroes. Ne me regardez pas comme ça, c’est vrai. Mais je vous dis ça comme je pourrais vous dire « J’aime le flan au café ». En gros, s’il y en a au menu, j’en prends volontiers. Mais sinon, tant pis : c’est pas non plus du tiramisu, donc…
Ce que je veux dire, considérations gloutonnes mises à part, c’est que j’aime bien la multitude de personnages et de petites intrigues qui s’enchaînent au fil des épisodes, c’est plutôt agréable et ça passe vite. Est-ce que la quantité va pour autant de pair avec la qualité ?

Je conseille à tous les fans hardcore de la série de ne pas lire ce qui suit… et éventuellement de déguster un flan au café.

Tim Kring, BancalMan

Au tout début, quand le concept de Heroes a émergé de la mare de projets dans laquelle barbotaient les dirigeants de NBC (1), je n’y ai pas cru. Le pitch paraissait trop bateau. Et pourtant, la saison un se tient bien, tendue toute entière (ou presque) vers un final que l’on imaginait dantesque.
Sauf que non.
Le final, c’est un flop. Un flan au navet. Avec trop de sel.
L’affrontement tant attendu entre Hiro, Sylar et Peter Petrelli tourne en effet à la farce, au face à face baclé. En gros, au rendez-vous manqué. Ce qui a souvent généré un sentiment de frustration intense chez les spectateurs. Sans savoir que cela ne s’arrêterait pas avec ce tome I.

J’y crois, j’y crois pas
(j’y crois plus ?)

Susciter l’adhésion du public à une intrigue, à un twist, faire en sorte qu’il accepte un coup de théâtre, c’est vraiment très délicat. Il faut avoir une vision à court, moyen et long terme vraiment bien développée. Il faut aussi des personnages solidement définis et une connaissance fine de leur psychologie pour que leur évolution paraisse cohérente. Au final, tous ces éléments concourent à créer un sentiment : celui de la croyance. Telle intrigue, on y croit ou on n’y croit pas. Et c’est ce qui manque très souvent à la série de Tim Kring.
Il ne suffit en effet pas d’enchaîner les petites storylines et de faire apparaître de nouveaux personnages dotés de pouvoirs extraordinaires (même si, paradoxe, le public en est très friand) pour embarquer le public. Pour qu’il adhère à votre histoire, il faut tout le reste. Et le tome 2 de Heroes, baptisé Generations, souffre vraiment beaucoup de ces problèmes.

Mais pourquoi,
Kristen, POUR-QUOI ???????

Dans cette saison, on enchaîne les histoires sans vrai rythme (Peter et sa balade irlandaise entre autres, Hiro et Kensei). On en bâcle d’autres (la mort de Noah Bennett, ou comment casser un puissant ressort tragique pour s’arranger) et l’objectif final de ces lignes narratives paraît vraiment trop bricolé. On évoque un sujet fort (la maladie, la perte de pouvoirs) sans jamais être capable de nous projeter dans les sentiments de ces héros déchus (Sylar, Nikki).
Et surtout, surtout, psychologiquement, les Heroes sont aussi complexes que des… flans au lait, parfumés au lait (oui, oui).
La palme (ou le ravier d’or) revenant au personnage de Elle, campé par Kristen Bell. Une excellente actrice (Veronica Mars, fallait-il parenthéser ?), au talent évident, qui se vautre complètement en prêtant ses traits à un personnage caricatural, pas du tout attachant. Et c’est quand même terriblement dommage.
Au final, puisque l’on n’a pas trop le temps de s’apesantir, on arrive au bout de Generations, qui se termine mieux qu’il n’a commencé. Il n’empêche : très vite, on attendait pas grand’chose de ce tome 2… C'est sympa. Mais ç'aurait pu être franchement mieux. Beaucoup mieux.
Les regrets sont éternels : avec un showrunner plus ambitieux (David Eick ?), ces aventures un peu trop « flan flan » auraient sans doute eu une toute autre allure.

Bien à vous,
Benny

(1) : Message personnel = Kevin Reilly, tu me manques. Reviens, je te ferais moi-même du flan s’il le faut. A la vanille. Non parce que l’autre, là, c’est même pas la peine…

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