mardi 6 avril 2010

Le film d'avril : "Anvil !"

Lundi, j'ai fait deux trucs assez rares, finalement. Je suis allé au ciné et j'ai vu un vrai film qui parle d'amour. Le plus beau, c'est que je m'y attendais pas forcément. En tout cas, pas comme ça... J'ai vu Anvil !, de Sacha Gervasi (auparavant scénariste du Terminal de Spielberg).
Ce film, c'est d'abord un documentaire, un documentaire rock. Le pitch est redoutablement efficace. Dans les années 80, quatre groupes de rock sont partis en tournée au Japon alors qu'ils commençaient tout juste : il y avait Scorpion, WhiteSnake, Bon Jovi et Anvil. Trois d'entre eux sont devenus célèbres. Le quatrième n'a jamais décollé. Et c'est celui-là que Gervasi est allé filmer.

Chronique du fond du trou

Anvil, c'est un groupe de metal pur et dur. Avec son gros son de guitare, sa batterie à la fois lourde et martelée et ses chevelus qui secouent la tête dans tous les sens. C'est aussi et surtout deux quinquas, le chanteur Steve "Lips" Kudlow et le batteur Robb Reiner. Deux juifs canadiens qui se sont connus à quatorze ans et ont fait un rêve : devenir des stars du rock ensemble. Leur musique va influencer les plus grands, de Metallica à Slash de Guns & Roses, mais eux vont disparaître du devant de la scène. Lorsque la caméra s'allume, ils ont cinquante balais et ils y croient encore : ils peuvent revenir en force. Ils sont presque les seuls ? Ouais, peut-être. Mais ils s'en foutent : après tout, ils n'ont besoin d'être que deux.
Pourtant, les raisons de lâcher l'affaire existent : Steve bosse comme livreur dans une cantine chaque semaine. La famille de Robb n'y croit plus. Leurs derniers albums ont eu un succès confidentiel. Mais les deux chevelus ne lâcheront rien. Jamais. Quitte à faire une tournée en Hongrie ou en Roumanie où les salles sont vides. Tant pis s'il faut enchainer les bides avec une improbable manageuse italienne complètement larguée : ils ont un coeur énorme, et c'est ce qu'il faut pour aller encore un tout petit peu plus loin...

Le plein d'émotion

Authentique morceau d'humanité, le documentaire de Gervasi est un de ces films qui vous poursuit dans la rue, quand vous sortez de la salle obscure et que vous rentrez chez vous en silence. Parce qu'il est drôle (les deux gugusses font souvent rire malgré eux) et surtout vraiment émouvant.
A plusieurs reprises, comme dans la bande annonce, les garçons loupent le train qui les emmènent au prochain concert et l'image est forte, symbolique. La loose, celle qui vous colle aux pompes bien comme il faut, les Anvil connaissent. Les claques, ils en ont ramassé un sacré paquet. Est-ce que, pour autant, ils vont lâcher ? Non. Parce qu'ils sont restés des gosses attachés à leur rêve. Et que s'ils courent après la gloire, si la perspective d'échouer les hantent, c'est finalement le plaisir de la rencontre, l'émotion de la scène qui les fait encore et toujours avancer.
Ce qu'ils cherchent avec le succès ? Sans doute juste la possibilité de partager ces sensations avec plus de monde. Les ados qu'ils ont été sont toujours là. Et tant pis si le temps passe plus vite que les rêves.


Anvil Bande-annonce
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Les grands films, ce sont ceux qui transcendent leur propos initial pour effleurer des questions universelles : l'amitié, le vieillissement, la solidarité, la solitude, le doute qui vous mine, le jusqu'au-boutisme qui frôle le pathétique, l'opiniâtreté qui réchauffe les coeurs, emportant tout et tous dans son sillage... Tout ça, vous le trouverez dans Anvil !. Un film d'amour, avec des cheveux longs, des guitares et du poil au menton. Un monument à une époque où l'on vous dit que si vous n'avez pas de rolex à cinquante ans, vous avez raté votre vie...

Bien à vous,
Benny

6 commentaires:

feyrtys a dit…

Je t'ai écouté et j'ai vu Anvil.

C'est tout ce que tu dis et encore mieux. J'ai pleuré, j'ai ri, j'ai été sincèrement touchée par la vie de ces types un peu loser sur les bords mais tellement admirables. Et leurs familles. Je les aime tous. J'aime surtout les fans japonais. Je crois que je n'ai jamais autant aimé les fans de metal japonais. C'était juste génial.

Elle est belle leur amitié et elle est belle leur vie. Vraiment.

Benny a dit…

@ Feyrtys : C'est marrant, j'étais persuadé que tu aimerais... Et c'est vrai qu'il y a beaucoup, beaucoup à dire sur ce film qui sera sans doute un des meilleurs de l'année.

Alors si vous aimez :

- Les gars qui ont un coeur énorme

- Les guitaristes qui jouent de leur instrument avec un vibromasseur

- Les peintres dont le clou de la collection a un côté très "tactile"

Ou si, tout bêtement, vous avez des rêves, regardez ce film qui, mine de rien, fout un bon coup de pied où je pense à la bien-pensance et au culte de la réussite.

IL FAUT LE VOIR !
En vous remerciant
(rhââ)

Benny a dit…

Et la conclusion du film (le dernier témoignage d'une icône du rock - ses propos surtout - et la dernière photo du film) est du genre à vous achever...
C'est fini, je ne dis plus rien.

aussielilie a dit…

J'ai jamais eu autant envie de voir un documentaire ! Ça a l'air dément !!! Mais il le passe dans onze salles Benny ! Onze fucking salles dans toute la france. Comment fais-je ?!!!

Benny a dit…

@ Aussielilie :

Je sais bien : moi, j'ai dû poireauter deux mois pour qu'on le projette à BennyCity !
Alors je ne te conseillerai pas de le récupérer par des moyens illégaux (non, non, non, je ne le conseille pas. Non, non) mais je croyais que tu vivais dans la Grande ville moua et qu'on l'y voyait encore...
Sinon, il faudra attendre le DVD. Sans doute pour l'été.

aussielilie a dit…

Non!!!! AUCUNE séance à Paris (à moins que j'ai loupé un truc). Je suis désespérée.