
Justement, que doit-on retenir d’Urgences ? Que c’est une série avec un début (la période Edwards/Clooney/Margulies, saisons 1 à 6), un milieu (la période Edwards/Wyle/Tierney, saisons 6 à 10) et une fin (la période Tierney/Phifer/Grimes, saisons 10 à 15).
A partir de là, si on accepte ce découpage, on peut s’amuser à classer (fin de série oblige). La preuve ci-dessous.

DES SAISONS 1 A 6
1. Docteur Mark Greene (Anthony Edwards) : oui, tout le monde n’avait d’yeux que pour George Clooney. Mais franchement, avec un mariage qui s’écroule, une agression au boulot, un père mourrant et une sacrée fin à l'horizon, Greene est resté LE médecin. Celui qui progresse, qui se plante mais qui apprend et a gagné le respect de tous. A commencer par celui du téléspectateur.
2. Docteur Doug Ross (George Clooney) : le modèle du médecin en proie à des démons personnels qui n’en demeure pas moins un bon pro, hanté par la souffrance des enfants. Un modèle que le staff de scénaristes d’Urgences a plus ou moins essayé de copier sans jamais parvenir à l’égaler. Le personnage perd un peu de sa force en saison 5 (voire un peu en saison 4), départ oblige.
3. Docteur Peter Benton (Eriq La Salle) : le mentor, la tête de lard, le chirurgien sûr de son fait et le praticien qui ne se plante presque jamais. Toute la force de Wells et des auteurs aura été de le faire évoluer au fil des saisons sans lui faire perdre son identité. Cette évolution est suffisamment bien gérée pour que son départ pour raisons familiales (saison 8) soit cohérent.
4. Infirmière Carol Hathaway (Julianna Margulies) : Sherry Stringfield partie en saison 3, elle reste LE visage féminin de cette première ère. Principalement grâce à sa storyline de la saison 1, qui lui fera gagner le cœur des spectateurs pour ne plus le lâcher. Mais aussi et surtout parce qu’elle est restée un personnage autonome en couple avec Doug Ross ou pas.
5. Docteur John Carter (Noah Wyle) : le newbie, le personnage qui représente le téléspectateur, qui trouve ses marques avec lui au Cook County. A l’époque, il apporte une dose d’humour bienvenue.

DES SAISONS 6 A 10
1. Docteur John Carter : le bleu a grandi, il prend même symboliquement la place de Greene après avoir eu une vie privée agitée. Il trouve l’amour en se sortant de problèmes de drogue (soap !) mais forme un couple génial avec Maura Tierney. L’âge d’or se poursuit avec ces deux-là... jusqu'à son départ et surtout son retour d'Afrique, qui bouleverse la donne de manière plus ou moins efficace. N'empêche : à l'époque, le boss, celui qui tient une place de choix dans les intrigues, c'est lui.
2. Infirmière puis docteur Abby Lockhart (Maura Tierney) : elle a un caractère bien trempé, a des emmerdes familiales jusqu’au nez mais le jeu de l’actrice et l’écriture plutôt intelligente de Jack Orman fait que l’on y croit. Et cela d’autant mieux qu’entre la saison 7 et la saison 9, les choses se font en douceur.
3. Docteur Mark Greene : la conclusion de son histoire, en saison 8, est la plus poignante de la série. Point.
4. Docteur Elizabeth Corday (Alex Kingston) : son arrivée en saison 4 avait apporté un vent d’air frais. Son couple avec Mark Greene a parfois desservi l’intérêt du personnage. Seule sur le devant de la scène en saison 9, elle joue la carte de l’émotion et ça marche.
5. Docteur Greg Pratt (Mekhi Phifer) : je vous jure, si vous ne regardez que la saison 9, il y a quelque chose d’intéressant. Si, si.

DES SAISONS 10 A 15
1. Docteur Archie Morris (Scott Grimes) : on m’aurait dit, il y a encore 18 mois, que j’écrirai ça, je ne l’aurai pas cru. Pourtant force est d’avouer que dans la dernière partie de la série, c’est lui qui est au cœur de la machine. Et c’est assez chouette, souvent. On devine que les scénaristes aiment écrire pour ce personnage. Ce qui n'est pas forcément le cas pour d'autres...
2. Docteur Abby Lockhart : de la saison 11 à la saison 13, c’est elle qui tient la baraque et elle le fait bien. Le drame, c’est la saison 14 et sa nouvelle plongée dans l’alcool. Overzetop. Soap. Red Card to David Zabel.
3. Docteur Katherine Banfield (Angela Bassett) : pour sa dernière saison, le service se dote d’un vrai chef de service. Crédible. Exigeant. Avec des failles. Humain. On n'y croyait plus : bien joué.
4. Docteur Simon Brenner (David Lyons) : dire que dans sa toute première scène, il est au lit avec deux femmes… Là non plus, on n'y croyait pas. Mais son personnage a été sauvé par la reprise en main de la saison 15. La fin ouverte que lui a reservé Wells fait presque regretter de ne pas savoir ce qu’il adviendra de lui.

1. Docteur Luka Kovac (Goran Visjnic) : amoureux de Carol Hathaway, de Abby version infirmière, de Julie Delpy déguisée en infirmière, de Chuni Marquez l’infirmière (ce garçon a un problème), de Sam Taggart, infirmière (un gros problème), mari d’Abby devenue docteur. Chef de service avant de partir en Croatie mais après être allé en Afrique pour jouer les morts. Et dire qu’il devait remplacer Doug Ross…
2. Docteur Greg Pratt : docteur Zébulon. Personnage littéralement sacrifié après le départ de Jack Orman pour faire tout et surtout vraiment n’importe quoi. Du grand gâchis, tout juste sauvé par une disparition surprenante.
3. Docteur Tony Gates (John Stamos) : son personnage devait récupérer (un peu) la storyline de beau gosse laissée par Clooney et, dans une certaine mesure, celle de Sharif Atkins (docteur Michael Gallant), dont le personnage est parti en Irak. Le problème, c’est que ça ne suffit pas à en faire un personnage attachant.
4. Docteur Ray Barnett (Shane West) : la romance subtile qu’il noue avec Neela Rasgotra (Parminder Nagra), sa colocataire, devient intéressante ? Les scénaristes le font passer sous un camion et lui coupent les deux jambes avant de s’en débarrasser. Grotesque.
5. Docteur Victor Clemente (John Leguizamo)/Docteur Kevin Moretti (Stanley Tucci)/Docteur Skye Wexler (Kari Matchett) : trois très bons acteurs, trois rôles bancales (« C’est le nouveau chef ! Bouh : il est pas cool ! ») et une vraie sensation de gâchis en fin de parcours qui précipite la série dans un sacré creux. Zabel, sois maudit…

1/ 9.21 : When night meets day. Le dernier épisode écrit et réalisé par Jack Orman, numéro 200 d’Urgences, marque la fin d’une époque. En même temps, c’est une sacrée claque visuelle et narrative, avec Noah Wyle et Mekhi Phifer en vedettes. Un must.
2/ 6.13 et 6.14 : Be Still my Heart/All in the family : un déséquilibré, un poignard, beaucoup de sang et un décès dont les répercussions résonneront… jusqu’à la saison 15. Deux épisodes gore mais électriques. Et très émouvants.
3/ 8.21 : On The Beach. John Wells écrit les derniers jours de Mark Greene à Miami. C’est poignant, dur. C’est surtout redoutablement efficace : on pleure à chaudes larmes.
4/ 1.9 : Blizzard. 15 minutes où il ne se passe rien. Trente autres où on en prend plein la figure. Un mythe est né.
5/ 12.13 : Body & Soul. Urgences, c’est aussi tout un lot d’épisodes thématiques. Raconté à l’envers (9.10 : Hindsight, très bon et écrit par Zabel), en temps réel (11.06 : Time of Death), à travers de multiples points de vue (8.01 : Four Corners) ou tourné en direct (4.01 : Ambush). Celui-ci met en vedette James Woods et évoque la maladie de Charcot. Une vraie performance.
Et vous, quel bilan faites-vous ?
Bien à vous,
Benny