vendredi 7 octobre 2011

"The Wire" (saison 2): Baltimore, avec vue sur l'amer

La journée est placée sous le signes des jolis retours. Après Deadwood, voici venir une autre série de HBO: la monumentale The Wire, également décortiquée dans le cours de l'été dernier. C'est un parti pris, le même que pour The West Wing: face à la densité de l’oeuvre, à la grande qualité de sa construction, j'ai décidé de prendre mon temps pour l'apprécier. Pour mieux savourer toutes les subtilités de l'histoire quand les pièces de ce puzzle narratif s'assemblent.

On prend les mêmes... et on continue, plus loin
Nous voilà donc Back to Maryland, assez peu de temps après la clôture de l'affaire Barksdale et de la saison 1. Ce nouveau chapitre s'ouvre d'ailleurs avec un tour d'horizon de ce que sont devenus les protagonistes, prolongeant ce que laissaient supposer les ultimes images du finale, avec Step by Step de Jesse Winchester en fond sonore. McNulty paie ses rapports plus qu'orageux avec le major Rawls en travaillant du côté de l'unité maritime de la police de la ville, tandis que le lieutenant Daniels a été réaffecté aux archives. Alors que Kima travaille derrière un bureau, Freamon lui a retrouvé le terrain aux côtés de Bunk. Ceci pendant que Prez, Carv et Hauk poursuivent chacun de leur côté leur petit bout de chemin.

Les dealers de Baltimore Ouest sont toujours là eux aussi, drivés par l'ombrageux Stringer Bell. Chose un peu plus étonnante, on va également suivre la trajectoire des Barksdale de l'autre côté des barreaux... ce à quoi je ne m'attendais pas vraiment. Et c'est pourtant cohérent: dans The Wire, on s'attache à raconter un roman à épisodes. Ce qui n'est pas surprenant en revanche, c'est de voir apparaître de nouveaux visages dans cette ambitieuse description du phénomène urbain. Pour cela, les caméras abandonnent un temps les tours des quartiers pauvres pour rejoindre le port. Là où le syndicat des dockers compose comme il peut avec la récession.

De sacrés points forts...
Autrefois point fort de l'économie de la ville, le port de Charm City est en train de mourir. Lentement. Douloureusement. Franck Sobotka, à la tête de l'organisation, se donne un mal de chien pour maintenir à flot le bateau sur lequel tous sont embarqués. On peut même dire qu'il fait vraiment tout ce qu'il peut pour sauver tout le monde: qu'il s'agisse de ses vieux compagnons de route comme Horseface ou des plus jeunes comme son neveu Nick ou son fils Ziggy. La découverte de cadavres dans un container va pourtant porter un sacré coup à son action. Elle va non seulement mettre au jour les corps sans vie de plus d'une douzaine de femmes nues mais aussi le dramatique glissement d'une poignée d'hommes vers des activités illégales.

Encore une fois, The Wire fait fort. Très fort parce le récit inscrit à nouveau son propos dans une réalité sociale forte. Et que cette histoire très sombre joue habilement sur un effet de miroir. Clairement, c'est le marasme de l'activité portuaire qui pèse sur les épaules des personnages, qui pèse aussi sur leur choix. Et c'est leur façon de composer avec ces difficultés, au boulot comme dans la vie de tous les jours, qui donne corps aux réalités de la crise. A travers l'exploration dramatique d'un phénomène peu prisé dans ce genre de format, la série marque à nouveau des points.

... mais pas que
Ce qui ne veut pas dire que cette saison deux soit exempte de tout reproche. A titre personnel, j'ai trouvé que la volonté de poursuivre le récit de la saison 1 et le développement de la nouvelle intrigue ne s'articulaient pas toujours très bien. D'abord parce qu'il n'est pas toujours été facile de mobiliser tout le casting (franchement, si Hauk et Carver ne sont pas là, il n'y a pas mort d'homme...). Mais aussi parce que l'on ne retrouve pas vraiment ici un des moteurs de la narration de la première saison: la progression de l'enquête de police. Ici, le procédé est un peu moins linéaire et l'absence d'une certaine montée en puissance est un peu regrettable. Quand bien même il y a une belle et évidente accéleration sur la fin.

Cela reste cependant de petits regrets... et n'empêche nullement de savourer cette nouvelle saison qui embarque le téléspectateur toujours plus loin.
Way down in a hole...





Bien à vous,
Benny

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