vendredi 30 décembre 2011

Quatre coups avant minuit: "Six Feet Under" (saison 5), la mort et le tableau de l'existence

Every Picture Tells a Story / Chaque Tableau a son Histoire: cette formule (qui sert de titre au deuxième épisode du Caméléon, pour l'anecdote inutile), pourrait résumer à elle seule l'ultime saison des aventures de la famille Fisher.

Avec ces douze épisodes, Alan Ball et ses sbires ne font effectivement pas que conclure une histoire dans laquelle le sens de l'existence a toujours été éclairé par la lumière blafarde du deuil. Ils livrent un ensemble dont toute la subtilité, toute la cohérence se révèle à l'aune de son épilogue.

Même si je ne pense pas que tout était écrit à l'avance par Alan Ball, il est clair que l'homme savait ce vers quoi il allait tendre dès le départ. Et qu'il a mis un point d'honneur à ce que ceci soit pleinement révélé au téléspectateur dans les derniers épisodes. Cet conjecture devient une évidence lorsque l'on se penche, a posteriori, sur la trajectoire de Nate.

 Le dessein de Ball

De toute la série, le fils aîné des Fischer est sans aucun doute le personnage le plus complexe. Tour à tour émouvant, touchant et exaspérant, je me souviens avoir été agacé par les atermoiements de son attitude dans la saison 4: j'avais l'impression qu'il n'avançait pas, qu'il ne murissait guère et qu'il se complaisait à se reposer des interrogations auquel il me semblait qu'il avait déjà répondu. La saison 5 démontre de façon magistrale combien en fait il n'est pas là tant question d'avancer que de gérer sa capacité à choisir ce que l'on est. Sa propre propension à prendre des risques et à les assumer.

Comme il partage sa vie avec une femme qui a beaucoup de mal à donner ce dont elle a elle-même tant besoin (je vous le donne en mille : de l'amour), il se heurte perpétuellement à la problématique que l'on vient d'énoncer. Jusqu'à ce que survienne, dans le troisième tiers de la saison, un événement aussi inattendu que traumatisant (pour les héros comme pour le téléspectateur). Jusqu'à ce que le tableau de son existence comme celui de ses proches (vous pouvez appeler ça le dessein d'Alan Ball) ne nous soit finalement révélé.

Un final qui vous hantera...

Ce tournant (que je me refuse à spoiler), c'est clairement l'axe autour duquel tourne cette dernière saison. Un axe autour duquel se structure la course de tous les autres personnages. Pour David, qui franchit une étape cruciale dans sa vie sentimentale avec Keith; pour Ruth, qui dressera un constat plutôt amer sur tout un pan de son existence mais qui l'assoit dans une solide position de matriarche; et pour Claire (je le dis à chaque fois mais vraiment : Lauren Ambrose est fantastique) qui devient du même coup une adulte.

Rarement un season finale n'aura porté en lui une telle puissance évocatrice, une telle densité. En tout cas, pas dans ma vie de téléspectateur. Peut-être parce que la charge sentimentale qui me liait à la série était un peu moins forte qu'avec Urgences ou The West Wing et que du coup, sa puissance narrative n'en est que plus manifeste. Manifeste et incontestable.

... et révèlera une évidence

A tel point que le constat est sans détour : il faut voir Six Feet Under (au moins) une fois dans sa vie. Vous courrez sans aucun doute le risque d'être hanté par ses dernières minutes pendant longtemps, mais l'aventure raisonnera durablement en vous. Dans votre rapport à la fiction comme dans votre rapport à la vie. Et c'est tout ce que j'ai à dire à propos de ça.

Bien à vous,
Benny

1 commentaire:

Stéph a dit…

Six Feet Under.
De toutes, ma série la plus culte, celle qui m'aura le plus hanté. La plus marquante fin aussi.
Je me rends compte en relisant ce que j'en ai écrit en mon temps (par ici : http://www.moleskine-et-moi.com/article-5590134.html et là : http://www.moleskine-et-moi.com/article-5638291.html , si l'envie te prend de me lire...) que cela fait déjà 5 ans que je l'ai vue, et pourtant je l'ai en mémoire comme si c'était hier.

J'attends d'ailleurs avec impatience une version Bluray pour me replonger dans une intégrale de SFU...

Je réalise aussi à quel point ces personnages, Nate en tête, me manquent. Je ne sais pas si comme tu le dis il est le personnage le plus complexe de la série, beaucoup pensent plutôt que c'est David la vraie pierre angulaire du show (il a en tout cas les préférences de son créateur, de ses propres aveux). En tout cas comme pour toi, c'est celui qui m'aura le plus touché, retourné même.

Merci de m'avoir replongé le temps de ton article dans ce qui restera parmi mes souvenirs téléphiliques (ouch qu'il est pas beau ce mot) les plus forts.