On termine ce petit dossier sur une sitcom toute neuve ou presque (moins d’un quarantaine d’épisodes, grève des scénaristes oblige) : 30 Rock, de et avec Tina Fey, dont Canal + vient de diffuser la saison 1. Le pitch ? Liz Lemon (Fey), scénariste en chef d’une émission de télé, doit composer avec un nouveau boss (Jack Donaghy, joué par Alec Baldwin) et une incontrôlable star de cinéma (Tracy Jordan, interprété par Tracy Morgan) dans son équipe.Répliques qui claquent
30 Rock, c’est à la fois un show proche des séries comiques classiques des années 90 et en même temps bien différent. Très proche parce qu’il fonctionne avec un personnage central autour duquel gravite toute une série de seconds rôles bien définis, un peu comme Spin City. Très différent aussi parce que l’on sent clairement la filiation entre 30 Rock et les émissions à sketches type Saturday night live dans l’écriture des scénarios.
La vraie finesse de cette série ? L’écriture des répliques justement, de très haute qualité. C’est ce sur quoi repose la caractérisation des personnages et les principaux effets comiques. Avec 30 Rock, on est souvent dans le domaine de la vanne stylée mais assassine (Jack Donaghy, à Liz Lemon : « Vous me plaisez, Lemon. Vous avez l’audace d’une femme plus jeune »), de l’ironie plus ou moins discrète mais toujours efficace. Souvent, un vrai jeu complice s’instaure entre les auteurs et les téléspectateurs. Un jeu propre à la comédie à sketches, qui fonctionne sur l'actualité et une culture populaire commune à ces deux groupes.
Lemon a plus de goût avec le temps
Cette dynamique se prolonge avec l’utilisation de savoureux « seconds seconds rôles » qui vont et viennent au fil des épisodes. Qu’il s’agisse du fameux Dr Spaceman, véritable escroquerie en blouse blanche, ou des très nombreux personnages interprétés par l’actrice Rachel Dracht… transfuge du Saturday night live.
En fait, 30 Rock, c’est le chaînon manquant entre les émissions à sketches et les sitcoms. La meilleure preuve à cela, c’est qu’il a fallu un certain temps à la série pour trouver ses marques. Il ne suffit pas en effet d’avoir des personnages décalés et hauts en couleur pour faire fonctionner un show comique, même si Donaghy, Jordan ou Kenneth, le guide des studios, le sont clairement.
Pour que ça marche, il fallait aussi les opposer à un personnage central fort, ce que Liz Lemon n’était pas vraiment. On avait donc l’impression d’assister parfois à une succession de petits sketches bien écrits mais, bizarrement, sans « rentrer » complètement dans l’histoire.
Malin sans être méchant
En mettant l’accent sur les aspects comiques de la personnalité de Liz (son côté geek notamment, son existence de trentenaire à la vie sociale limitée surtout), les scénaristes ont corrigé cela : ils ont su la rendre proche du spectateur tout en donnant plus de corps aux histoires des autres personnages. Dès lors, on ne pouvait que succomber à son charme, sa personnalité attachante.
Au final, 30 Rock, c’est une série brillante, ironique (satyrique ?) mais rarement méchante, et à laquelle on se lie très vite. Espérons que ces promesses seront tenues avec le temps.
Bien à vous,
Benny






