lundi 16 janvier 2012

"Awkward" (saison 1) : Jenna, 15 ans et demi

Les années se suivent et se ressemblent (un peu). Après avoir été surpris par les qualités de chanteuse d'une actrice de teen show (ça se passait par là) au tout début de 2011, c'est à une série d'ados que je rends hommage en ce mois de janvier. Alors que ce genre n'est franchement pas mon truc d'habitude. A plus forte raison quand c'est une série produite par MTV.

Et pourtant... Jenna Hamilton m'a eu. En beauté. L'argument de départ d'Awkward - puisque c'est de ça dont il est question - avait de quoi retenir l'attention, même s'il ne nous immunisait pas d'un bon gros ratage (n'oubliez pas : on parle de la chaîne qui nous a infligé RJ Berger et son gros sexe).

Dur d'être ado, encore plus dur 
d'écrire une bonne série d'ados
Ce que ça raconte ? La très peu populaire Jenna se retrouve au centre de tous les regards du jour au lendemain au lycée de Palo Hills. Pas parce qu'elle a couché avec Matty McKibben, beau gosse qui passe quand même beaucoup de temps à se renifler les dessous de bras (non, ça ne risque pas : il ne veut pas que ça se sache), mais parce que ses parents l'on retrouvé étendue dans la salle de bains, inconsciente et entourée de pilules... Une tentative de suicide ? C'est ce que croient sa famille, ses profs et ses camarades. C'est ce que dément Jenna, malgré un dernier post sur son blog où elle confie que, "parfois, être adolescente donne juste envie de mourir". Et pourtant, c'est effectivement un accident. Un accident stupide (mais vraiment drôle) qui va piéger Jenna dans le plâtre pendant plusieurs semaines... et dans un énorme quiproquo aux conséquences beaucoup plus longues, mais aussi beaucoup plus lourdes.

On sait depuis un bon moment qu'écrire une vraie bonne série d'ados, c'est très difficile parce que cela suppose qu'on est tout à la fois capable de s'adresser avec justesse au public que l'on met en scène mais aussi de parler à une audience plus adulte (sinon, c'est plus une série pour ados, nuance). Pour moi, deux auteurs ont triomphé en tentant de relever ce pari. Winnie Holtzmann avec My So Called Life (Angela Chase, "Le lycée est un champ de bataille pour les coeurs") et Joss Whedon avec Buffy, The Vampire Slayer (Buffy Summers, le lycée est un champ de  bataille. Tout court *). Avec sa comédie déjantée, aussi à l'aise dans les gags lourdingues que dans l'expression fine de sentiments, la scénariste Lauren Iungerich possède de très sérieux atouts pour faire partie du club.

Des archétypes 
adroitement réinventés
La très grande force d'Awkward, c'est en effet d'embrasser complètement les contradictions de l'âge bête pour proposer un récit qui ne recule devant rien pour faire rire... mais qui ne perd jamais de vue le fait que ses personnages principaux sont des hommes et des femmes en devenir. Et c'est en développant avec intelligence l'ensemble de ses héros (j'ai envie de dire en les développant de manière adulte) que le show rappelle ce postulat avec une redoutable efficacité.

Des archétypes, dans Awkward, il y en a plein en apparence : McKibben le beau gosse ne semble pas franchement futé; Jake Rosati, l'autre beau garçon qui aime bien Jenna, est plus sensible et plus fin mais est peut-être plus un ami qu'autre chose; Sadie Saxton, la garce de service est particulièrement teigneuse; Tamara, la meilleure amie, parle vraiment beaucoup... Mais les scénaristes prennent un malin plaisir à donner du relief à ces personnages, pour les enfoncer dans leurs défauts. Sadie, par exemple, à des problèmes de poids: si cette question est évoquée de façon sensible dans un épisode, ce n'est pas pour évacuer sa méchanceté mais bel et bien pour la rendre encore plus garce dans l'épisode suivant.

De belles promesses
Et puis il y a les adultes. Souvent encore plus à la masse (et même carrément plus puérils) que les ados. C'est d'abord le cas de Lacey, la mère de Jenna, qui revit ses années de lycée avec sa fille (en même temps, c'est à l'âge de Jenna que son mari Kevin et elle ont conçu l'héroïne...): elle ne semble pas vraiment sortie de cette période. Mais c'est surtout le cas de Valérie, la stratosphérique conseillère pédagogique de Palo Hills, qui a autant de prédispositions à la psychologie qu'une pelle à tarte... Des "figures" qui ne font rien pour rassurer la fille Hamilton, puisqu'eux non plus n'ont pas vraiment décidé qui ils voudront être quand ils seront "grands".




Séduisante série sur l'identité qui lorgne ostensiblement vers l'univers de John Hugues (ce n'est tout de même pas un hasard si une de ses figures, Molly Ringwald, y est évoquée...), Awkward s'appuie aussi sur une intrigue en fil rouge assez adroite. Le jour de son accident, Jenna a reçu une lettre anonyme où un/une ami(e) lui balance violemment sur une feuille de papier tous ses défauts pour l'amener à réagir.

Qui en est l'auteur? Cette question revient durant les 12 épisodes de la première saison... jusqu'au final, qui consolide également  un tryptique assez bien bâti. Voilà pourquoi, maintenant, on attend impatiemment la saison 2, qui devra confirmer deux choses: de belles promesses et un vrai sens de la narration.

Bien à vous,
Benny

PS : Awkward débarquera sur MTV France à partir du 5 février. Et c'est vraiment à voir.

(*) : Et évidemment, Friday Night Lights, mais j'ai du mal à en parler comme d'une série axée sur l'adolescence, car elle va encore plus au-delà que les shows cités. Subjectivité...

3 commentaires:

Florence a dit…

Heureusement que j'ai vu ta note de fin, j'ai failli sortir la grosse artillerie pour défendre FNL!!
En tout cas tu as titillé ma curiosité!

AJF a dit…

Découvert en fin d'été, j'ai enchainé presque toute la première saison d'un coup et, comme pour Cougar Town, je n'arrive pas à regarder les derniers épisodes.
Cela dit c'est effectivement une série avec un gros potentiel, dont le pilote est plutôt pas mal, mais qui prend son ampleur en cours de saison.
Reste a voir si ça peut tenir la route sur la durée.

Benny a dit…

@ Florence : J'avoue, j'ai carrément joué avec le feu avec FNL... n'hésite pas à revenir dire ici ce que tu as pensé de Awkward :)

@ AJF : Elle mérite qu'on aille au bout parce que les derniers épisodes de la saison 1 fonctionnent eux aussi très bien