mercredi 17 août 2011

Le livre d'août: "Un jour en mai" (George Pelecanos)

Washington, printemps 72. Ivres et drogués, trois jeunes Blancs, Billy Cachoris, Peter Whitten et Alex Pappas, vont provoquer des Noirs dans leur quartier.
L'affaire tourne mal lorsqu'ils font face aux frères James et Raymond Monroe, et au très teigneux Charles Baker. Peter s'enfuit, mais Billy est tué et Alex perd presque un oeil dans cet affrontement. A la suite de cette confrontation, James Monroe sera condamné à dix ans de prison.

35 ans plus tard, ce dernier n'a plus grand chose à voir avec le jeune garçon responsable et pour lequel s'annonçait un avenir prometteur. Garagiste à la petite semaine, il passe surtout son temps à vider des bières. Raymond, qui était plutôt du genre turbulent dans sa jeunesse, s'est considérablement assagi: il travaille désormais dans un centre médical. Alex Pappas, lui, a pris la suite de son père dans le restaurant que ce dernier a bâti, laissant de côté ses rêves d'indépendance avec le décès soudain de ce dernier. Il n'y a guère que Charles Baker qui n'a pas changé. Il est resté truqueur, manipulateur. Il est toujours dangereux et surtout, avide de vengeance...

La collision de deux mondes
C'est le deuxième roman de Pelecanos chroniqué sur ce blog après Hard Revolution. Adepte des récits détaillés qui font peser le poids du temps qui passe sur son propos, l'ex-scénariste de The Wire et The Pacific embarque une nouvelle fois le lecteur dans un voyage à travers l'histoire des Etats-Unis. D'abord en racontant la collision (le mot n'est pas trop fort) de deux mondes qui cohabitent sans se connaître (celui de Pappas et ses amis et celui des frères Monroe et de Baker). Ensuite en racontant ce que sont devenus ces deux mondes et leurs protagonistes, plus vraiment étrangers par la force du drame.



Faux polar mais vraie énigme dans laquelle une belle galerie de personnages se débattent, Un jour en mai raconte la vie d'une Amérique qui panse comme elle peut ses plaies historiques. Qu'il s'agisse des événements survenus sur son sol (la question des tensions raciales et de leurs causes est abordée assez subtilement) ou dans le cadre d'opérations extérieurs (l'ombre des combattants qui ne sont pas là cohabite avec les corps en souffrance dont s'occupe désormais Raymond).

Le pourquoi d'une impression (un peu) mitigée
Au final, ce roman s'articule autour de toute une mosaïque de thèmes adroitement évoqués... et pourtant, j'ai été moyennement emballé. Oui, Un jour en Mai est incontestablement un livre bien fichu, avec un propos solide. Mais j'ai trouvé la construction de l'intrigue quelque peu paresseuse. Je conçois que le rythme soit plutôt lent et cela ne me pose pas de problèmes... mais l'ensemble aurait sans doute gagné en dynamisme si les personnages avaient été un poil moins "linéaires", plus fouillés. Plus complexes. C'est en tout cas ce qui, pour moi, manque à ce roman plutôt bon (et franchement, il mérite d'être lu) pour qu'il soit vraiment réussi.

Bien à vous,
Benny

2 commentaires:

r lefourbe a dit…

je l'ai lu ! Il y a quelques mois donc les souvenirs sont un peu diffus.
Comme toi je suis partagé. Une remarque c'est qu'après avoir enchainé différents Pelecanos, la thématique da le musique est parfois un peu soûlante. Cela fait parfois le charme mais tu peux avoir le sentiment qu'il étale un peu sa connaissance musicale, qu'il veut mettre un maximum de titres pour tenir sa réputation.

D'autre part pour l'intrigue quand tu lis tu te dis : "Arf ça va mal tourner" ou "Arf, tout le monde va se faire un bisou à la fin". Car les destins qui se recroisent ou la thématique de la vengeance ont été vus ou lus plusieurs fois.
Donc un peu comme toi, un livre à lire mais dans le métro.

Benny a dit…

@ r lefourbe

D'accord avec toi. C'est solide mais ça manque d'audace, et de purs moments d'écriture. Ce qu'Elixie appelle sur son blog "ces petites phrases innocentes qui résomment en vous" et qui dénote d'un talent d'écriture supérieur. Comme le bouquin que je m'apprête à finir (c'était l'instant teasing...).