vendredi 10 février 2012

"Are you there, Chelsea ?" : de la vodka, du gras, une fille

Le pitch : barmaid, Chelsea Newman a un vrai problème avec la boisson. A tel point qu'un soir, elle finit en prison. C'est là qu'elle se met à prier une instance supérieure pour donner un autre sens à sa vie : le Dieu Vodka. Aussitôt après, elle est libérée. Pour elle, c'est un signe : elle doit changer de vie. Mais pas lâcher sa bouteille.

Il fallait s'y attendre : le succès de 2 Broke Girls allait faire des petits. On ne peut cependant reprocher à Julie Ann Larson et aux deux routiers Tom Werner (le Werner de Carsey/Werner dans The Cosby Show, Roseanne et 3rd Rock after the Sun) et Dottie Dartland Zicklin (Dharma & Greg) de faire dans le plagiat : ce projet destiné à la chaîne NBC a effectivement été commandé il y a déjà plusieurs mois. Si le parallèle existe, il est plus fortuit qu'autre chose.

Le rire trop facile, ça le fait rarement

La vraie filiation est donc à chercher du côté de chez Two and Half Men / Mon Oncle Charlie. Are you there, Chelsea ? C'est le prototype même de la série à vannes qui maltraite plus ou moins méchamment ses personnages sans donner à ces derniers un vrai souffle, une vraie profondeur. En trois mots : une vraie complexité. Problème: c'est ce qui donne une véritable puissance comique à un show.

Que Chelsea ait un problème avec la boisson, pourquoi pas. J'aurais même presque envie de dire "tant mieux" si ça permet de mettre le personnage face à ses contradictions de façon plus ou moins directe. Après tout, c'est ce qui a permis à Murphy Brown de cartonner il y a près de 20 ans. Et c'est la même chose pour Grace Under Fire dont on a aussi parlé ici.

Sauf qu'avec Chelsea, ce n'est pas le cas. Le sujet est un prétexte plus ou moins effleuré mais pas vraiment évoqué - si ce n'est avec des blagues plus ou moins efficaces. Je n'attendais pas forcément un gros moment introspectif de la part du personnage joué par Laura Prepon mais au moins une évocation subtile de cet impératif à plus ou moins long terme. Le final du pilote de Rescue Me (qui est certes une série dramatique, mais quand même...) réussit ça de manière impeccable au rythme de Don't Panic de Coldplay.

Quand les fils pendent de partout...

Ici, rien de tout ça et c'est précisément ce qui fait que l'humour de la série, bas du front, tourne à vide. Du coup, les artifices basiques de la sitcom (la coloc bizarre, le collègue macho pourvoyeur de tension sexuelle, la personne de petite taille) paraissent encore plus grossiers que d'habitude.

Maintenant, ça reste un pilote: une exposition plutôt ratée n'interdit pas définitivement d'avoir une bonne surprise. Cependant, Laura Prepon (That 70's show), Lenny Clarke (vu dans... Rescue Me) et Chelsea Handler (qui a écrit le livre qui sert de base à la série) vont devoir vite se bouger s'ils veulent corriger le tir. Sinon, bonjour la sale gueule de bois pour NBC...




Bien à vous,
Benny

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