lundi 23 avril 2012

"Friday Night Lights" (saison 1) : Ces trajectoires qui touchent au coeur

Aujourd'hui, on remonte dans le temps. Pas très loin, mais un peu quand même. Un énième visionnage du pilote de Friday Night Lights ce week-end (mais aussi de toute la saison, il y a quelques semaines) et une conférence à Séries Mania m'ont effectivement donné envie de me lancer dans une intégrale critique. 

S'aventurer dans une entreprise de ce type alors que beaucoup de monde a déjà dit beaucoup de choses, ce n'est pas simple. Surtout si on a l'ambition d'apporter quelque chose de différent. Mais bon : ce n'est pas la première fois que cela arrive, donc on va dire qu'à l'impossible, nul n'est tenu...

Evoquer Friday Night Lights, c'est parler d'une série au récit transcendé. Le show parle d'abord de football américain, de l'Amérique profonde et de l'adolescence, mais son propos dépasse largement ces thèmes (c'est d'ailleurs pour ça que j'ai toujours un mal fou à en parler comme d'une série d'ados).

Des archétypes qui volent en éclats

Immergée dans la société américaine comme très peu de séries savent le faire, Friday Night Lights jongle toujours très adroitement avec les codes du teen show et ceux de l'épopée sportive. Tout ça pour servir complètement un propos puissamment réaliste.


C'est particulièrement évident dans le pilote, où l'on se retrouve avec des profils vus et revus dans les séries pour ados qui vont très vite sortir de la case dans laquelle on pourrait facilement les ranger. Souvenez-vous : dans les 42 premières minutes, Tyra a tout de la garce pénible qu'on a vu 158 fois et Lyla est une cheerleader 100% pur sucre.

Mais rien ne va durer. C'est évident avec le trio Jason Street / Tim Riggins / Brian Smash Williams... et ça l'est encore plus, sur la durée de la saison, avec le duo Lyla Garrity / Tyra Collette.

Ceux qui vont tout perdre, 
celle qui doit tout arracher

Avec ces trois garçons et ces deux filles, le détournement de genre s'appuie sur le développement d'une vraie psychologie des personnages... et l'exploration des diverses couches d'une communauté. C'est principalement le cas pour Riggins et Smash, qui s'interrogent régulièrement sur la place qu'ils ont à Dillon, sur et en dehors du terrain.

Mais le processus devient particulièrement saisissant avec Jason et Lyla, deux personnages qui vont tout perdre. L'un, dès le pilote, va structurer les conditions de son rebond, faire des choix, assumer ce qui n'est plus. L'autre va connaître une lente, douloureuse et inexorable chute. Sentimentalement mais aussi d'un point de vue social et familial.

Assurément, ces deux parcours sont deux vrais temps forts de la saison. Comme l'est celui de Tyra, du reste. Son évolution est plus lente, plus difficile. Comme l'a expliqué Marjolaine Boutet à Séries Mania, elle est issue des White Trash: pour Tyra, faire des études, s'extirper de l'avenir que lui promet Dillon, cela ne va pas de soi. Elle doit vraiment remonter le courant: ça prend du temps. Plus d'une saison, mais à la fin du 22e épisode, le changement est déjà évident.

Coller aux corps, agripper les émotions 

Street, Garrity, Collette, Riggins, Williams... ces personnages occupent le devant de la scène, juste derrière Matt Saracen, Eric et Tammy Taylor. Car dans Friday Night Lights, on ne peut effectivement parler de second plan. C'est une série à relief: le récit, subtil, est résolument en trois dimensions.

Voilà pourquoi il faut une caméra qui virevolte, qui colle aux corps pour mieux s'agripper aux émotions. Et que regarder la première saison, c'est explorer la société américaine.

Tout cela à travers des trajectoires qui touchent au coeur et résonnent dans les âmes. Pendant 22 épisodes sans temps mort, et même au-delà.

Bien à vous,
Benny

Aucun commentaire: