jeudi 1 mars 2012

"Luck" : Milch et la fièvre du cheval

Le Pitch : L'hippodrome de Santa Anita Park a beau abriter la boucle d'un parcours de courses de chevaux, tout autour du terrain, les trajectoires se croisent et s'entre-croisent sans cesse. Parieurs, jockeys, entraîneurs ou ambitieux propriétaires... tous sont possédés par la fièvre d'un jeu pris plus qu'au sérieux.

Un casting ahurissant (Dustin Hoffman, Nick Nolte, Dennis Farina, Jason Gedrick, Richard Kind, etc.), un réalisateur de renom (Michael Mann), un scénariste-créateur qui inspire le respect dans la profession (David Milch)... Il y a, dans le pedigree de Luck, comme un air de famille avec Boardwalk Empire. Sauf que les deux shows n'ont vraiment pas grand'chose à voir. 

Une promenade alerte
dans l'univers hippique

Si ces deux blockbusters de HBO doivent conforter l'aura de la chaîne câblée, à l'heure où AMC (Mad Men, Breaking Bad) ne cesse de marquer des points, le dernier-né a frappé fort dans mon esprit. Notamment quand on compare le pilote à celui du show de Martin Scorsese et Steve Buscemi.

Les raisons du succès sont multiples. Luck, c'est d'abord l'évocation d'un monde dans le monde mais c'est un univers ouvert vers l'extérieur. Proposer une immersion dans l'univers des courses hippiques est un parti pris audacieux, qui pouvaient faire espérer le meilleur... ou craindre le pire. Surtout quand on connaît la propension du créateur de NYPD Blue et Deadwood à partir dans des arcs narratifs complexes, abrupts et parfois vains.

Cette fois-ci, Milch a la bonne idée de nous faire monter à cheval pour un tour d'hippodrome sur un rythme de promenade alerte. Il pose brillamment ses personnages, iconiques en diable (surtout ceux d'Hoffman, Nolte et Gedrick), en s'appuyant sur un récit fluide.

Mise en scène : la leçon
de Michael Mann


La complexité du monde des courses et là et bien là mais jamais, l'auteur ne néglige la question de l'émotion, qui est le ticket gagnant pour faire rentrer le téléspectateur. Et la grande force de Luck, c'est de poser la complexité des relations sans tomber dans le côté très démonstratif de Terrence Winter dans le pilote de Boardwalk Empire.

 De la même façon, Michael Mann, installé derrière la caméra de Luck, propose une mise en images initiale particulièrement réussie. Malin, il sait s'effacer derrière son sujet pour faire valoir sa maîtrise de la mise en scène à travers de multiples instants.



De cette façon, il marque son savoir-faire et sa connaissance de la télévision pour offrir des plans, des séquences qui font sens, à des moments-clefs de l'épisode. Rien n'est gratuit, et ça marche vraiment bien. La façon dont il filme par exemple les scènes de courses est assez épatante : elle transcende la notion de compétition pour donner un vrai poids dramatique à l'image.

Quand un amoureux des chevaux
vous parle...


Authentique ode à l'univers hippique, le pilote de Luck est aussi pour Milch une magnifique occasion de faire partager son amour des chevaux. Et si les sept autres épisodes gardent une telle tenue, il ne fait aucun doute que nous serons nombreux, nous aussi, à succomber à la fièvre du cheval...

Bien à vous,
Benny

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